Témoignage d'un homme victime d'un inceste commis par sa mère pendant toute sa petite enfance et qui s'est terminé par un viol avec tentative de meurtre à 11-12 ans et qui a eu une amnésie traumatique et dont les souvenirs des violences sexuelles sont réapparus à 50 ans
Témoignage qui n'a pas pu être lu lors du colloque sur les violences sexuelles de l'association
du 10 novembre 2010
http://memoiretraumatique.org/la-parole-aux-adherents/temoignages.html
Dimanche 7 novembre 2010, 3 jours avant que nous nous retrouvions pour ce colloque et toujours rien, impossible d’écrire le moindre mot, l’automne est toujours une sale période pour moi et puis d’un coup cette envie impérieuse de dire, de crier, de témoigner.
Je suis un petit garçon de 8 ans, ma mère « la vieille sorcière », comme je l’appelle depuis que je sais, utilise mes doigts, ma bouche pour son plaisir dans son lit depuis plusieurs années déjà.
Que les choses sont dures à dire les victimes se sentent toujours seules sales et coupables.
Allons-y, cela dure depuis bien longtemps déjà, j’ai 11, 12 ans, et ce dimanche d’automne, elle m’a violée avec un objet dans mes fesses et elle m’a laissé pour mort après m’avoir étranglé avec ses mains.
Seul dans la pièce couché par terre contre la table j’ai mal aux fesses, l’air rentre avec difficulté dans mes poumons, j’ai envie de repartir en arrière juste avant quand je m’endormais, qu’elle me serrait le cou que cela anesthésiait la douleur.
Il faut bien bouger retirer l’objet d’entre mes fesses remonter mon slip remettre la chemise dans ma culotte, bouger surtout ne pas pleurer, ne pas pleurer me lever pour aller ou ?
Dans la pièce d’a coté elle est la de dos, l’air pèse des tonnes, je vais dans un coin, elle se retourne dans son regard il y a encore la fureur, la folie, la mort et puis la menace, de toute façon il ne s’est rien passé, l’enfant est mort demain il aura tout oublié amnésie post traumatique.
L’enfant est mort. L’homme a 50 ans. Il a rencontré des femmes, il a aimé, une petite fille est née, sa dernière compagne pressentant l’indicible a insisté pour qu’il se soigne depuis près de 15 ans par il suit une thérapie car malgré l’amour leur relation est décevante.
L’homme a 50 ans, depuis que l’enfant est mort ans il vit en dehors de sa vie depuis qu’il fait un travail sur lui il pressent des choses qu’il ne veut pas surtout pas connaitre, il sent des choses bien plus fortes que les mots, bien plus effrayantes que la mort des choses qui poignardent le cœur vous saisissent l’âme et vous détruisent physiquement. La vérité remonte.
Ces choses que je vous raconte sont de l’ordre du dérisoire, du banal. Cette destruction de l’être, ce mal au corps, cette pourriture de l’âme, ce dédoublement, cette absencen cette solitude, les douleurs physiques sans explication, ce mal-être sexuelle les victimes d’inceste le vivent toutes.
La survie ou le suicide ne sont souvent que l’unique choix la vraie vie elle a disparu, mais jamais, jamais il ne faut lâcher il faut se battre, se battre contre le grand foutoir, le désordre incroyable que la vieille sorcière avait fait de moi.
Quand l’amnésie a disparu cela a été terrible :
Je n’entrevoyais même plus la vie, les chemins du possible étaient coupés, place était faite au néant et a la folie. Combien de fois sans jamais oser j’ai voulu demander à mon thérapeute de me faire interner…
Et puis peu à peu les morceaux se sont recollés, la force est venu qu’il faudra choisir entre l’amour ou le néant, l’espoir ou l’ennui, la passion de la vie ou le rien et j’ai choisi la vie l’amour et l’espérance.
Ce n’est pas une vie paisible mais elle a du goût ce n’est pas l’amour d’un cœur simple, non tout est complique combien délicat et fragile. Et l’espoir la dedans ? C’est souvent de la désespérance mais elle est vécue comme un bonheur, celui de vivre malgré tout !
Vous toutes vous tous associations, thérapeutes, travailleurs sociaux, juges, avocats policiers qui œuvrez par votre écoute pour la libération de notre prison intime, pour vous toutes vous tous victimes de l’inceste ce triple meurtre de l’innocence, de l’âme et du plus intime de notre corps je voudrais donner un message d’espoir :
Ces choses horribles de notre enfance c’est la toile toute barbouillée sur le chevalet de notre pauvre histoire donnons nous la force de la regarder, et de la montrer et nous deviendrons la main, le pinceau les couleurs et l’artiste alors la, enfin demain sera plein de lumière nous permettant de rendre le tableau vivant.
Sans vous tous qui nous écoutaient, sans un changement d’état d’esprit de la société face à ses violences intimes notre vie de victime restera une vieille boule de neige sale et noircie qui saignera au soleil.
La parole des victimes n’existe qu’écoutée. Et la enfin douloureuse elle devient riche de promesses.
Merci
2 commentaires:
Merci, merci, merci, ... pour ce témoignage. Il libère toutes mes larmes.
J’espère que vous allez le mieux possible. Je sais très bien que ce serait déjà le maximum.
J’espère que vous n’êtes pas dans une sollitude trop insupportable. Ce serait déjà magique que votre entourage ne vous rejète pas.
J’espère que vous avez quand même trouvé un boulot qui ne vous épuise pas. Cela signifirai énormément pour ne pas trop devoir penser.
J’espère que vous savez parler de tout cela avec votre (petite) fille. Cela voudrait dire qu’il y a de l’espoir.
Merci!
Merci infiniment , les témoignages sur l inceste maternel sont quasi inexistants, comment imaginer que nos mères aient pu violer notre loyauté familiale, comment imaginer la prédation sous ses traits, un statut dévoyé ? 55 ans après,la souillure vêtement en charpie toujours portee, c est un comble, par la victime et non ses bourreaux... abusé par ma mère, un prêtre, muré dans le silence, j ai enfin pu poser par le hasard de difficultés professionnelles et d un arrêt maladie impératif, le diagnostic d une vie bricolée, d un cœur glacé, d intrusions cauchemardesques, de pathologies auto-immunes et cardiaques et d échecs répétitifs , la clinique décrit un état de stress post-traumatique complexe ou mon esprit était inconsciemment colonisé par ma prédatrice et le prêtre abuseur enfin dénoncé devant la ciase début 2020, témoignage ayant réactivé la mémoire traumatique , le savoir n empêche pas de souffrir mais marquera peut être par la thérapie emdr enfin la vie propre et non plus la survie.Pensées solidaires avec toutes les victimes qui ont trouvé la force de hurler leurs vies volées.
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