samedi 21 juillet 2012

INTERVENTIONS ET ACTIONS DE L'ASSOCIATION MÉMOIRE TRAUMATIQUE ET VICTIMOLOGIEPRÉVUES EN SEPTEMBRE, OCTOBRE, NOVEMBRE ET DÉCEMBRE 2012



INTERVENTIONS ET ACTIONS 
DE L'ASSOCIATION
MÉMOIRE TRAUMATIQUE ET VICTIMOLOGIE 
DE SEPTEMBRE À DÉCEMBRE  2012




SEPTEMBRE 2012

1- le 4 septembre 2012 à Paris (75)
Emission Pas de Quartier du groupe Louise-michel à 18 heures sur Radio-Libertaire 89.4 FM : table ronde en direct sur les violences envers les femmes avec Muriel Salmona, Annie Ferrand, Azhour, Anne Billows et d'autres invitées féministes
2 - le 17 et 18 septembre à Cherbourg (50)
Formations sur 2 jours par Muriel Salmona de professionnels des secteurs du médical et du social aux repérages et à l'accompagnement des personnes victimes de violences sexuelles organisées par l'association Sortir du Silence avec le soutien du Conseil Général de la Manche
3 - le 24 septembre à Bourg la Reine (92)
Soirée du GAPP (groupe d'analyses des pratiques professionnelles) de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie)
OCTOBRE 2012
4 - le 1er octobre 2012 à Sens (89)
Intervention de la Dre Muriel Salmona au colloque sur : "Adolescents et conduites à risques" organisée par la municipalité de Sens
5 - le 2 octobre 2012 à Paris (75)
Journée de formation par la Dre Muriel Salmona organisée par le CIDFF sur le thème : "Violences au sein du couple : traumatismes et parentalité".

6 - le 2 octobre 2012 à Paris (75) en soirée
Intervention de la Dre Muriel Salmona lors d'un Café-débat organisé par ONES (Organisation nationale des éducateurs spécialisés) sur le thème : "Victime de violences et psychotraumatismes, quelles pratiques éducatives ?
7 - le 8 octobre 2012 à Villeurbanne (69)
Intervention de la Dre Muriel Salmona au colloque organisé par l'association Regards de femmes : "Le système prostitueur : une violence archaïque".
8 - les 12 et 13 octobre à Mulhouse (68)
Deux journées de formations pour les médecins par la Dre Muriel Salmona : les violences conjugales : passer du symptôme au patient dans sa globalité organisées par Fmc-actioN dans le cadre de la formation médicale continue
9 - le 17 octobre à Namur (province de Namur, Belgique)
Une intervention de la Dre Muriel Salmona à la journée d'Étude sur la grossesse et les violences conjugales organisée par la Cellule Égalité des Chances



NOVEMBRE 2012
10 - le 5 novembre à Aurillac (15)
Une journée de formation par la Dre Muriel salmona sur le thème : "Viols et agressions sexuelles : prise en charge" organisée par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité et à destination des professionnels des secteurs du médical et du social

11 - le 6 novembre 2012 au Puy en Velay (43)
Une journée de formation par la Dre Muriel salmona sur le thème : "Viols et agressions sexuelles : prise en charge" organisée par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité et à destination des professionnels des secteurs du médical et du social


12 - le 7 novembre 2012 à Paris (75)
émission "Femmes libres" sur radio-libertaire sur le thème Abolition 2012 à laquelle l'association participe

13 - les 8 et 9 novembre 2012 à Cherbourg (50)
Formations sur 2 jours par Muriel Salmona de professionnels des secteurs du médical et du social aux repérages et à l'accompagnement des personnes victimes de violences sexuelles organisées par l'association Sortir du Silence avec le soutien du Conseil Général de la Manche
14 - le 19 novembre 2012 à Moulins (03)
Une journée de formation par la Dre Muriel salmona sur le thème : "Violences psychologiques au sein du couple et psychotraumatismes" organisée par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité et à destination des professionnels des secteurs du médical et du social

15 - le 20 novembre 2012 à Clermont-Ferrand (63)
Une journée de formation par la Dre Muriel salmona sur le thème : "Viols et agressions sexuelles : prise en charge" organisée par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité et à destination des professionnels des secteurs du médical et du social

16 - le 21 novembre 2012  à Clermont-Ferrand (63)
Une journée de formation par la Dre Muriel salmona sur le thème : "Violences psychologiques au sein du couple et psychotraumatismes" organisée par la délégation aux droits des femmes et à l'égalité et à destination des professionnels des secteurs du médical et du social

17 - le 22 novembre 2012 à Bobigny (93)
Intervention de la Dre Muriel Salmona lors de la journée de la 8éme rencontre Femmes du Monde de Seine Saint Denis : "Des mots pour en sortir" organisée par   par l'observatoire des violences envers les femmes du 93



18 - le 26 novembre 2012 à Bastia (20)

conférence de Muriel Salmona sur les violences sexuelles organisée par le CIDFF de la Haute-Corse dans le cadre de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes






DÉCEMBRE 2012

19 - le 30 novembre et le premier décembre 2012 à Orly (94)
Deux journées de formations pour les médecins par la Dre Muriel Salmona : les violences conjugales  organisées par l'AFML dans le cadre de la formation médicale continue


20 - les 3 et 4 décembre 2012 à Cherbourg (50)


Formations sur 2 jours par la Dre Muriel Salmona de professionnels des secteurs du médical et du social aux repérages et à l'accompagnement des personnes victimes de violences sexuelles organisées par l'association Sortir du Silence avec le soutien du Conseil Général de la Manche



21 - le 5 décembre 2012 à Angoulème (16)
conférence de Muriel Salmona après le spectacle "Pour le dire" sur le thème des violences sexuelles



22 - le 7 décembre 2012 à Créteil (94)
Formation de la  Dr Muriel Salmona dans le cadre du DU Urgences et psychotraumatismes du CHU Henry Mondor de l'université de Créteil (Paris XII) sur la mémoire traumatique



23 - le 10 décembre 2012 à Nîmes (30)


Formation de Muriel Salmona pour les intervenantes du CIDFF de Nimes sur le thème des conséquences psychotraumatiqures des violences sur les femmes et les enfants



24 - le 14 décembre 2012 à Bruxelles 
Intervention de Muriel Salmona lors du séminaire organisé par l'université des femmes "À nos emplois ! Au boulot les femmes" sur le thème : "Le travail à délivrer des violences"

Une épine dans le cœur : Enquête 2012 de Melissa Farley auprès des cambodgiens acheteurs de sexe


A Thorn in the Heart 

Une épine dans le cœur


Enquête auprès des Cambodgiens acheteurs de sexe




Par Melissa Farley, 
Wendy Freed, Kien Serey Phal et Jaqueline Golding
Communication présentée le 17 juillet 2012 
à un colloque intitulé «Focus on Men Who Buy Sex: Discourage Men's Demand for Prostitution, Stop Sex Trafficking», organisé à Phnom Penh par le Centre de crise des femmes du Cambodge et l'organisation Prostitution Research & Education




Résumé de l'enquête
traduit de l'anglais par Martin Dufresne




Texte intégral de l'enquête en anglais : 




Nous avons interviewé 133 hommes cambodgiens ayant acheté du sexe auprès de femmes adultes en prostitution, dont 37% ont également reconnu avoir acheté des services sexuels auprès de mineures. Presque tous (95%) les hommes interrogés pour cette étude ont déclaré que des enfants étaient disponibles pour des abus sexuels rémunérés dans des bordels, des bars et des salons de massage à Phnom Penh. Afin de mesurer les attitudes des hommes et leurs comportements, nous avons utilisé des questionnaires préalablement validés et normalisés, et un mode d'entrevue structurée, pour en tirer des données quantitatives et qualitatives. Dirigés par une équipe spécialement formée de 8 enquêteurs, chacun de ces entretiens a duré entre 2 et 3 heures. La plupart des hommes ont déclaré qu'ils avaient une épouse ou une petite amie au moment où ils ont utilisé une femme en prostitution. Ils ont déclaré avoir eu de nombreuses partenaires sexuelles tout au long de leur vie (21% en avaient eu entre 21 et 50 et 35%, plus de 50). La prostitution a été la première expérience sexuelle de la plupart des hommes interrogés, beaucoup d'entre eux ayant répondu à la pression de leurs pairs et au besoin de prouver leur virilité en utilisant une femme en prostitution. Presque tous les hommes ont acheté des services sexuels une fois par mois ou plus souvent. Comme les hommes dans d'autres pays, ils ont acheté du sexe derrière des portes closes et sur la rue. Presque tous les hommes ont acheté des femmes dans les bordels, où ils ont rapporté avoir observé une extrême violence, de la coercition et des menaces - indication possible de la traite sexuelle. Trente-neuf pour cent des personnes interrogées ont décrit avoir constaté la traite de femmes et d'enfants. Presque tous avaient acheté des services sexuels d'une femme ayant été contrôlée par un-e proxénète. Ces proxénètes étaient habituellement des femmes, mais parfois des hommes.



Dans ces entretiens, les hommes déshumanisaient les femmes en prostitution, les percevant comme inférieures aux autres femmes. Ils avaient tendance à blâmer les femmes prostituées pour la propagation du VIH. Les acheteurs de sexe croient que la prostitution prévient le viol, malgré l'absence de la moindre preuve empirique à cet effet. En fait, le contraire est plus probablement vrai: le recours des hommes à la prostitution est associé à une incidence accrue de viol. [1] Les hommes dont les réponses manifestaient le plus de soutien envers l'institution de la prostitution étaient également ceux qui affichaient une identité masculine hostile. Ces hommes pensent que la domination est importante dans les relations amoureuses et conçoivent les relations avec les femmes en termes d'affrontement. Ces hommes à identité masculine hostile ont aussi tendance à accorder foi aux préjugés endossant le viol (par exemple, ils croyaient que les femmes disent non aux rapports sexuels quand elles veulent dire oui, et que les femmes qui s'habillent de façon provocante cherchent à être violées).

L'étude a révélé que les hommes qui achetaient des femmes pour le sexe manquaient généralement d'empathie envers les femmes, n'arrivant pas à assimiler les sentiments très négatifs que les femmes disent ressentir dans le contexte de la prostitution. La plupart des répondants de cette étude nous ont dit qu'en plus des actes de violence commis contre les femmes achetées pour utilisation dans la prostitution, ils avaient également commis des actes de violence sexuelle contre leurs partenaires non prostituées.

La pornographie était utilisée par presque tous les acheteurs de sexe. Les hommes qui regardaient le plus de pornographie étaient ceux qui achetaient du sexe le plus souvent. Les hommes qui regardaient la pornographie plus violents signalaient plus d'incidence de comportements sexuels coercitifs envers des femmes, qu'elles soient prostituées ou non. La plupart des hommes ont expliqué qu'ils copiaient les comportements visionnés dans la pornographie avec les femmes prostituées qu'ils achetaient.

Un élément important de cette étude était d'en venir à une meilleure compréhension du viol collectif qualifiée de « prostitution Bauk », considérée par certains comme une forme spécifique au Cambodge de violence sexiste. D'après les réponses narratives des hommes à l'entrevue structurée et aussi à partir d'analyses statistiques, il est clair que la consommation de pornographie illustrant des viols collectifs dans d'autres cultures (en particulier occidentale/blanche, japonaise, chinoise et thaïlandaise) a une influence majeure sur la décision de certains hommes de commettre des viols collectifs contre des femmes en prostitution. Beaucoup d'hommes khmers ont déclaré qu'ils regardaient des scènes pornographiques de viol collectif issues d'autres cultures et imitaient ce qu'ils avaient vu quand ils commettaient des viols Bauk contre des femmes prostituées et non-prostituées.

Les acheteurs de sexe ont indiqué que des mesures dissuasives efficaces à la prostitution seraient notamment des sanctions pénales accrues et une dénonciation publique. Nos recommandations basées sur cette étude comprennent l'application aux acheteurs des lois existantes sur la prostitution et la traite, ainsi qu'une dépénalisation des femmes en prostitution, des programmes éducatifs sur l'influence toxique de la pornographie dans la culture khmère, et de l'éducation et des programmes de prévention destinés aux jeunes afin de contester l'idée que l'achat de services sexuels rehausse la masculinité.

Citations de Cambodgiens acheteurs de sexe :

« La prostitution est le paradis de l'homme, mais c'est aussi l'enfer de ces filles. »
« Mon ami a choisi une femme à violer, puis l'a partagée avec ses amis. »
« [L'achat de sexe] n'est pas un problème parce que nous ne violons pas la fille de quelqu'un. »
« C'étaient ce qu'on appelait des filles restantes, qui étaient désespérées et n'attendaient plus rien de la vie. »
« En y regardant de près, nous constatons que les propriétaires de bordels traitent très mal les femmes prostituées, comme si elles avaient moins de valeur que des animaux tels que chiens et chats. »
« Quand nous étions dans un bordel, nous avons négocié avec le propriétaire du bordel. C'était comme l'achat d'un porcelet. »
« Quand on voit un viol collectif dans les films, la jeune fille est toujours d'accord. Mais au Cambodge, les jeune fille que l'on attrape pour les violer sont toujours battues.»
« Je pense qu'elle a consenti [à la prostitution] parce qu'elle avait peur de quelqu'un ou avait besoin d'argent. »
« Tout le pouvoir est entre les mains des propriétaires de maisons closes, tandis que les prostituées sont seulement des machines obéissant aux ordres. »
« Certains hommes, quand ils sont jaloux de leur petite amie ou de leur épouse, ont tendance à la maudire ou à la comparer aux travailleuses du sexe. C'est parce que la travailleuse du sexe est dévalorisée dans la société. »
« J'ai accompagné ma tante au Vietnam pour le traitement d'une maladie du rein et pendant mon temps libre, j'allais au bordel. »
« Nous, les hommes sont l'acheteur, les travailleurs du sexe sont des biens, et le propriétaire du bordel est un vendeur. »
« S'il y a de la prostitution, nous ne pouvons pas nous arrêter ... parce que les femmes sont des hameçons pour amener les hommes à avoir des relations sexuelles. »
« Tant que l'écart entre les riches et les pauvres existera, tant que les femmes et les hommes auront un statut social inégal, je pense que ce genre d'affaires persistera dans la société
. »




"Ninety percent of a sample of 1000 women in prostitution had been raped in the previous year and 75% had been gang raped (Jenkins et al., 2006). Of those gang-raped, approximately one third were gang-raped by police; slightly more than one third were gang-raped by gangsters and about one third were raped by sex buyers (who can include gang members and police)."
traduction (Muriel Salmona) :
90 % d'un échantillon de 1000 femmes en situation prostitutionnelle ont été violées dans l'année qui précède et 75% ont été violées en réunion (Jenkins et al., 2006). Un tiers environ des viols en réunion ont été commis par la police, un peu plus d'un tiers par des gangsters, et un tiers par des acheteurs de sexe (tiers qui peut inclure des policiers et des gangsters).



Texte intégral de l'enquête en anglais :
cliquez sur le lien

mercredi 18 juillet 2012

adolescente victime de viols : nouveau témoignage de maltraitances institutionnelles et d'absence de soins adaptés dans le cadre de la campagne VIOLENCES ET SOINS de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie






Encore un nouveau témoignage 
de maltraitances institutionnelles et d'absence de soins adaptés 
 relatés par la mère d'une jeune fille victimes de graves maltraitances avant son adoption, et de viols lors de son adolescence

dans le cadre de la campagne
de l'Association 
 Pétition à signer ici




Un scandale sanitaire, social et humain : où comment toute une société abandonne les victimes de violence, sans protection ni soin, et fabrique sans fin des souffrances, des maladies, de l'exclusion, de l'inégalité, de l'injustice et de nouvelles violences 



N'hésitez pas à témoigner de tous les dysfonctionnements dans la prise en charge dans le cadre de cette campagne pour sensibiliser et mobiliser les politiques à cette situation scandaleuse !



Témoignage :



Je résume ci-dessous l’histoire de ma fille adoptive. Quand je suis allée la chercher pour l'adopter, elle avait à deux ans et demi. Le rapport social de son pays d'origine mentionnait : "insécurité de la rue, sévère dénutrition (à mon arrivée, elle tenait debout mais ne marchait pas), maltraitance, âge réel inférieur à celui qui lui a été donné". 

Bien que non informée de cette question, dès le premier jour, j’ai suspecté qu’elle avait déjà subi des abus sexuels. A mon retour en France, j’ai posé la question au premier pédiatre rencontré, qui, gêné, l’a rejetée. Je n’en ai plus reparlé ensuite. Rapidement, j’ai également rencontré une première psy à qui j’ai expliqué qu’elle avait subi des violences. Comme je m’étonnais qu’elle soit néanmoins très gentille, elle m’a répondu « oui, mais vous êtes là vous aussi ! ».
Tous les ans, ma fille a subi des agressions, d’adultes et d’enfants, auxquelles elle n’a pas pu faire face. Elle a rencontré plusieurs « psy » à qui j’ai toujours expliqué son passé douloureux. Cela n’a absolument rien apporté. Elle a fait un bilan avec une psychologue qui a parlé de sidération et qui n’a pas pu m’indiquer un psychiatre adéquat. Au niveau scolaire, elle ne pouvait pas faire les liens entre les différentes idées mais je me suis toujours opposée au redoublement jusqu’en 3ème car je pensais que cela n’amènerait rien et qu’elle devait progresser. Je suis donc très bien placée pour connaître la vulnérabilité de ma fille et je n’avais jamais trouvé de réponse auprès de tous les professionnels rencontrés.
Une de ses institutrices du primaire a décrit son comportement en classe « comme si une bombe allait exploser à côté d’elle ». J’ai appris plus tard que cela s’appelait de « l’hypervigilance » et certains enseignants ont pris cela pour de l’indiscipline. 
De 14 ans 1/2 à 15 ans 1/2, elle a été reçue toutes les semaines par un médecin dans un centre d'accueil et de soin pour les Jeunes, et même par une psychiatre pendant les mois d’été de cette période. 
A la rentrée qui a suivi, elle a redoublé sa seconde. Elle avait 16 ans et n’en paraissait que 14.
Ma fille vivait mal la violence du lycée et s’est absentée de certains cours. Cela ne lui était jamais arrivé. J’ai appris plus tard qu’elle se réfugiait dans une classe vide. Personne du lycée ne s’est inquiété de ce qu’elle faisait alors. Je recevais des mails auxquels je répondais que je ne pouvais pas savoir ce qui se passait dans l’enceinte du lycée, et aucune réponse ne m’a été apportée. Cela m’a beaucoup inquiétée et ma fille n’avait aucune réaction. J’ai accepté que l’assistante sociale demande une aide éducative. Pourtant la phobie scolaire est reconnue depuis plusieurs années… mais le lycée semblait l’ignorer ! 
Un élève de sa classe a fait courir le bruit qu’il l’avait « doigtée » et beaucoup de jeunes sont venus lui demander des comptes. Ma fille se sentait très mal, le lycée y a accordé peu d’attention. Conclusion de la CPE : « il ne faut pas exagérer !». 
Dans cette épreuve, elle a reçu le soutien de deux jeunes du lycée. Un jour qu’elle devait se rendre chez le proviseur (un homme décrit comme peu humain et j’ai pu en faire l’expérience) pour indiscipline, elle est partie affolée dans Paris en pleurant. Elle a rencontré un des jeunes qui l’avait aidée. Celui-ci l’a violé. Elle est rentrée tard le soir en tremblant et en pleurant. J’ai découvert peu après qu’elle était enceinte, mais elle n’a pas voulu me dire de qui. Nous nous sommes disputées à ce sujet. Le médecin du centre d'accueil et de soin pour les jeunes s’est très bien occupé de l’avortement pendant les vacances de Noël, mais n’a jamais rien fait concernant le viol, alors même que le médecin en était dûment informé. En ce qui me concerne, je me suis fait agressée par les infirmières et le médecin car je n’avais pas à me rendre compte qu’elle était enceinte : ils estimaient que cela ne me regardait pas. Ma fille était, l’esprit ailleurs, dans le déni de tout. Elle n’était plus la même et mon inquiétude allait grandissant. Il était hors de question pour moi de laisser faire car la situation était trop grave.

A la rentrée des vacances de Noël, le 2e jeune a tenté d’abuser d’elle. Elle en a fait part à la CPE. Elle a commencé à faire des fugues. Le proviseur, dans une séance éprouvante sans aucun égard pour ma fille ou pour moi-même, m’a appris de qui elle était enceinte et lui a fait dire qu’elle était consentante. En ce qui me concerne, j’avais passé des nuits d’insomnie et, sur le coup, j’étais contente de connaître le nom du responsable. Néanmoins, cela aurait pu se passer autrement, avec plus d’humanité. Devant son état indescriptible, le médecin du centre d'accueil et de soin pour les Jeunes a eu très peur et a fait un arrêt de travail, mais toujours sans lui en demander la raison. A la maison, elle était redevenue plus calme et à son retour en classe au début février, elle a recommencé à ne pas être bien. Pour moi cela a été de trop. Je me suis disputée avec elle. Elle est partie vivre chez mes parents qui, âgés, ne comprenaient rien, ne comprennent toujours rien, et j’ai dû également me heurter à eux.
Dans mon désarroi j’ai accepté une évaluation de l’ASE. Elle a rencontré une psychologue qui lui aurait dit qu’elle avait le droit de faire ce qu’elle voulait de son corps, que cela ne me regardait pas. A l’heure actuelle, ma fille décrit son état comme passif car elle ne comprenait rien. Personne ne s’en est inquiété, a tenté de lui faire dire comment elle allait, ne s’est intéressé à ce qu’elle ressentait. Elle n’a jamais dit qu’elle voulait aller en famille d’accueil et je peux le croire car, ne comprenant rien de ce qui lui arrivait, elle a dû les regarder avec ses yeux étonnés. Il s’agit donc de rapport fallacieux. En fait pendant ces trois semaines passées chez mes parents, elle a tenté de prendre contact avec moi mais, à mon tour, je ne comprenais rien et allais très mal. Elle est revenue à la maison et la vie a repris. La psychologue a expliqué à son responsable qu’elle estimait avoir fait un certain travail et que, de ce fait, elle devait partir en famille d’accueil. Elle devait « réfléchir à ce qu’elle avait fait ». Je ne pense pas qu’elle était en mesure de le faire.
La première famille d’accueil proposée était un homme seul d’une cinquantaine d’années avec deux jeunes garçons de 14 et 17 ans également placés, loin de notre domicile. J’ai refusé.
La deuxième famille était une femme d’origine étrangère dans une commune à risque, dans un milieu loin de celui auquel ma fille était habituée et qui l’exposait à plus d’insécurité alors qu’elle est très vulnérable. J’ai refusé.
Alors que tout allait en apparence bien et que ma fille continuait à être suivie toutes les semaines dans le centre d'accueil et de soin pour les Jeunes, en milieu d'année scolaire, ma fille s’est fait embarquer par un homme qui l’a séquestrée pendant 32 heures. Ils l’ont violée à deux. A son retour, elle a été examinée au service de médecine légale et le médecin a conclu que son état était compatible avec les faits allégués. Le policier a refusé ces conclusions, s’est montré menaçant vis-à-vis du médecin, m’a déconseillé toujours sur le même ton de tenter de le revoir pour demander des explications. Lors de la deuxième visite, le même médecin avec un sourire gêné et discret m’a précisé qu’il n’avait pas à revenir sur ses conclusions. Le policier, qui a toujours montré un état de grande excitation, voulait absolument que je lui dise que ma fille avait une vie dissolue, ce qui n’est pas le cas car elle est assez craintive et ne sort pas. Les détails de l’interrogatoire de ma fille sont certainement visibles sur les trois enregistrements que celui-ci n’a pas manqué de faire. Ma fille étant extrêmement discrète pour exprimer ses émotions, je n’ai pas compris à l’époque comment cela avait pu se dérouler. Le dernier jour le policier lui a fait signer, alors qu’elle était à bout de nerfs, une rétractation de la plainte. Il a dressé tout un guet-apens pour me faire emmener contre mon gré à l’hôpital pendant qu’il mettait ma fille en cellule pour la faire emmener dans un foyer d’urgence, et ceci sans sa tri-thérapie préventive, alors qu’il savait pertinemment et sans l’ombre d’un doute qu’elle devait suivre ce traitement et qu’il la mettait ainsi en danger. N’étant plus surveillée, j’ai quitté l’hôpital pour me rendre à nouveau à la Brigade des Mineurs. J’y ai été reconduite toujours sous la contrainte. J’en suis repartie pour aller chercher les médicaments que j’ai déposés à la Brigade des Mineurs entre les mains d’un policier et je n’ai personnellement plus été inquiétée par eux : j’en suis repartie libre.
Ma fille est restée dans ce centre pendant un mois. Elle vivait au plus mal cette situation et m’appelait régulièrement. Je l’ai suppliée de ne rien tenter car le centre détenait sa tri-thérapie et cela devait être considéré comme notre priorité. Je lui ai promis que, dès que son traitement serait terminé, elle pourrait revenir à la maison et qu’au besoin nous partirions ensemble, même à l’étranger. Aucun soin, à part la tri-thérapie (administrée à des heures fantaisistes !) et aussi un médicament contre la gale qui menaçait le centre, ne lui a été apporté. Aucune considération pour son état psychique : elle a même été dans l’obligation de voir un film d’horreur qui lui a fait faire des cauchemars pendant des mois. Elle était là parquée avec des jeunes dont un grand nombre de délinquants. Elle y a rencontré l’acharnement d’une éducatrice, qui s’est exprimée jusque dans le cabinet de la juge. 
Lorsque j’ai demandé à la juge qui l’a placée en famille d’accueil ce que j’avais fait pour mériter une telle décision, elle m’a répondu qu’elle n’en savait rien mais que j’avais fait quelque chose parce qu’il ne pouvait pas en être autrement. Je n’ai pas été entendue. Mon avocate n’a pas été entendue, donc frais inutiles. Nous avons produit le rapport social de son pays d'origine, elle l’a rejeté car elle niait son intérêt. Autrement dit, nous avons été traitées comme des criminelles alors que ma fille n’a commis aucun délit. Cette juge s’est réfugiée derrière des déclarations et rapports fallacieux de personnes incompétentes, imbues de leurs prérogatives et dont le travail n’est même pas vérifié. Par contre, celle-ci a demandé à mon avocate de faire un rapport sur le comportement du policier. Cette dernière n’a pas voulu le faire.
Le médecin du centre d'accueil et de soin pour les Jeunes avait suggéré à ma fille qu’elle pourrait rencontrer un psychiatre. Lorsque j’en ai parlé au médecin, il l’a nié. J’ai demandé une explication à ma fille (16 ans) : « il considère que cela ne te regarde pas ». Au cours de mon dernier entretien avec celui-ci, il m’a dit que ma fille « faisait du théâtre de sa vie » et m’a rendu responsable de ces événements en me reprochant d’être trop proche d’elle. Si cela n’avait pas été le cas, je me demande ce qu’il serait advenu d’elle car c’est l’affection que nous nous sommes portée mutuellement qui l’a toujours soutenue.
Pendant cette période d’éloignement, nous avons été dans l’obligation de nous livrer à toutes sortes d’acrobaties. Je ne voulais pas qu’elle parte à la dérive. Quand elle allait au lycée, je venais déjeuner avec elle, nous nous téléphonions sans cesse. Quand elle était en famille d’accueil (3 jours), les élèves de sa classe étaient en Angleterre. Elle quittait la famille d’accueil pour venir à la maison et repartait le soir. Cela a été très douloureux.
Un mois après, je me suis rendue au lycée pour récupérer son MP3. Le Proviseur m’a littéralement jetée : je n’étais plus rien pour ma fille. Alors que celle-ci se cramponnait à moi en me regardant avec des yeux implorants, celui-ci n’a pas hésité à me l’arracher des bras malgré notre résistance et j’en suis arrivée à me battre avec lui. Il l’a fait enfermer à l’infirmerie et voulait appeler la police. Elle s’est enfuie et n’a plus voulu retourner au lycée. Personne du lycée ou même de l’ASE ne s’en est inquiété ! Au moindre coup de sonnette, ma fille était terrorisée, livide, de peur qu’on vienne la chercher.
La lumière n’est venue que par un Centre de thérapie familiale auquel nous avait envoyées la juge. Traumatisée par tous ses intervenants peu scrupuleux, ma fille a refusé d’y aller. Je me suis donc présentée seule, et ce contre l’avis de tous mes proches. Votre dépliant m’a été donné et vous avez commencé à recevoir ma fille en nous donnant toutes les explications dont nous avions besoin.
Six mois après,  nous avons rencontré une nouvelle juge qui m’a rendu officiellement ma fille. Elle a déploré que celle-ci n’ait pas 8 ans « pour faire quelque chose ». A estimer que ma fille s’était mise en danger, qu’elle en était responsable et qu’elle devait continuer à vivre comme si rien n’était. Comme vous le savez, cela faisait 15 ans que je la voyais faire de son mieux et que je la soutenais dans cet effort, sans que personne ne soit en mesure de nous venir en aide. Les paroles de la juge étaient d’une telle violence qu’il m’était impossible de répondre. Elle a estimé que ma fille avait plus de 15 ans, que de ce fait elle avait droit de se faire « honorer » de la sorte. L’avocate de ma fille (nommée par l’Antenne des Mineurs) est intervenue pour dire que ma fille était consentante et que d’ailleurs elle avait fait beaucoup de progrès pour s’exprimer depuis la première rencontre six mois auparavant. A la sortie du cabinet, elle s’est permis de dire à ma fille « Tu as bien compris, ne te prends pas pour une victime ».
Il est évident que sans vous, Docteur Salmona, vos explications et le travail qu’elle avait alors déjà accompli avec vous nous aurions alors plongé dans un profond désarroi.
Depuis un an que vous la suivez, j’ai pu voir les progrès qu’elle avait faits. Son professeur de français a noté « encore fragile, mais les raisonnements se tiennent de mieux en mieux », ce qui me permet d’espérer. Je reste néanmoins très choquée par tous ses événements et par l’incompétence des professionnels rencontrés, qui peuvent se révéler imbus de leur pouvoir, malveillants voire pervers. Leur seule obsession était que ma fille aille grossir le nombre des enfants adoptés puis abandonnés par leurs parents adoptifs parce que débordés (i) par leur souffrance à laquelle la société n’a pas encore apporté de réponse et (ii) aussi par leur incapacité à s’attacher. Si ma fille, au milieu de sa tourmente, n’avait pas été en mesure de réclamer mon aide, je n’aurais rien pu faire pour elle. J’aurais assurément été dans l’obligation de tout laisser tomber et elle aurait été perdue.
Si seulement le premier pédiatre avait pu me diriger vers un confrère compétent, cela nous aurait épargné des années difficiles. Si seulement le médecin du centre d'accueil et de soin pour les Jeunes avait accordé à ma fille l’écoute nécessaire, il aurait fait arrêter cette spirale infernale dans laquelle nous avons été embarquées bien malgré nous, mais encore faudrait-il que la police et la justice puissent écouter le corps médical et ne pas s’arroger tous les pouvoirs.
Personnellement, je reste très affectée et marquée par tous ces événements. Indépendamment des agressions sexuelles qui sont lourdes de conséquences, ni ma fille, ni moi-même ne pouvons oublier les agissements destructeurs et abominables des services de l’Etat.