jeudi 28 janvier 2010

Des nouvelles du manifeste, ce jour le 28 janvier 2010, 421 signatures (115 de professionnels de la santé + 306 de soutiens)


MANIFESTE DE PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ ENGAGÉS DANS LA PRISE EN CHARGE D'ENFANTS VICTIMES DE VIOLENCES

Le 20 novembre 2009

http://www.lapetition.be/list_signs.php?petid=5943&page=11#signs

À l'occasion du 20e anniversaire
de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant

qui proclame :
 L'enfance a droit à une aide et une assistance spéciale,
que l'enfant, en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle,
a besoin d'une protection spéciale et de soins spéciaux,

et

les États parties s'engagent à assurer à l'enfant
la protection et les soins nécessaires à son bien-être
,
compte tenu des droits et des devoirs de ses parents, de ses tuteurs
ou des autres personnes légalement responsables de lui,
et prennent à cette fin toutes les mesures législatives.

(article 3)

Les États parties prennent toutes mesures législatives, administratives,
sociales et éducatives appropriées pour protéger l'enfant
contre toutes formes de violence
,
d'atteinte ou de brutalités physiques ou mentales, d'abandon ou de négligence,
de mauvais traitements ou d'exploitation, y compris la violence sexuelle
pendant qu'il est sous la garde de ses parents ou de l'un d'eux,
de son ou de ses représentants légaux ou de toute personne à qui il est confié.

Ces mesures de protection comprendront, selon qu'il conviendra, des procédures efficaces
pour l'établissement de programmes sociaux visant à fournir l'appui nécessaire
à l'enfant à qui il est confié, ainsi que pour d'autres formes de prévention,
et aux fins d'identification, de rapport, de renvoi, d'enquête,
de traitement et de suivi pour les cas de mauvais traitements de l'enfant
décrits ci-dessus, et comprendre également,
selon qu'il conviendra, des procédures d'intervention judiciaire.

(article 19)

Les professionnels de la santé signataires de ce manifeste
rappellent que
nous savons grâce à de nombreuses études, enquêtes
et recherches récentes que :

1- Les violences faites aux enfants restent très fréquentes, sous-estimées et non-identifiées, méconnues dans leur grande majorité (particulièrement pour les violences sexuelles qui touchent en majorité des enfants et sont commises par des proches), et tolérées pour une grande partie d'entre elles (violences éducatives).

2- Les violences faites aux enfants sont graves, elles ont de redoutables conséquences sur leur intégrité psychique et physique et elles sont une atteinte à leur dignité et à leur droit fondamental de vivre en sécurité et de se développer dans un environnement psycho-affectif adapté à leurs besoins essentiels.

3- Les violences faites aux enfants entraînent en plus des atteintes et des séquelles physiques directes liées à des violences physiques, des troubles psycho-traumatiques sévères qui peuvent se chroniciser (dans 60 % des cas  de maltraitances physiques et jusqu'à 80 % des cas de violences sexuelles). Ces troubles psychotraumatiques sont des conséquences normales des violences et ils sont pathognomoniques, c'est-à-dire qu'ils sont spécifiques et qu'ils sont une preuve médicale du traumatisme. Ils sont à l'origine d'une grande souffrance, de troubles anxio-dépressifs avec des risques suicidaires, de troubles du sommeil et de l'alimentation, de conduites à risques (mises en danger, jeux dangereux, conduites addictives, ), de troubles de la personnalité et du développement psycho-affectif, de troubles cognitifs avec un important retentissement scolaire (risques d'échecs scolaires). Ils entraînent aussi un risque d'être à nouveau victimes de violences (violences conjugales, violences au travail, violences sexuelles) tout au long de sa vie, un risque de marginalisation, de toxicomanie, de prostitution (pour les violences sexuelles), de grande pauvreté et de développer des conduites agressives et/ou délinquantes. Il sont responsables d’une altération de l’état de santé avec la survenue nombreuses pathologies somatiques liées au stress.

4- Les violences faites aux enfants représentent si elles ne sont prises en charge au plus tôt un risque vital : homicides, risques d'accidents mortels liés aux conduites à risques (1e cause de mortalité chez les moins de 25 ans), risques de suicides (2e cause de mortalité chez les moins de 25 ans), risques de développer des pathologies somatiques graves avec une espérance de vie réduite.

5- Les violences faites aux enfants ont un impact négatif important sur la santé mentale, sur la santé physique, sur la qualité de vie : sur la vie scolaire, professionnelle, sociale, personnelle et affective.

6- Les violences faites aux enfants si elles ne sont pas prises en charge risquent d'être responsables d'une reproduction de violences tout au long de la vie par l'intermédiaire de troubles psycho-traumatiques : violences subies ou violences agies contre soi ou contre autrui qui sont des auto-traitements anesthésiants et dissociants de la souffrance générée par la mémoire traumatique des violences, mis en place par la victime quand elle est abandonnée sans soin. La violence sur autrui étant un auto-traitement « réservé » à ceux qui s’octroie une position dominante et imposent un rapport de force rendus possibles par  société inégalitaire.

7- Les mécanismes psychologiques et neurobiologiques à l'origine des psycho-traumatismes lors de violences sont connus. Au moment des violences l'enfant est dans l'impossibilité de se défendre et de comprendre, il se retrouve en état de sidération et son psychisme va être dans l'incapacité de réguler une réaction émotionnelle qui va rapidement entraîner un survoltage par la production trop importante d'hormones de stress (adrénaline et cortisol), Ce survoltage représente un risque vital (cardio-vasculaire et neurologique avec atteintes neuronales) : comme dans un circuit électrique, un mécanismes de sauvegarde neurobiologique exceptionnel (travaux du Dr Muriel Salmona) va se déclencher produisant une disjonction du circuit émotionnel grâce à la libération de drogues endogènes morphine-like et kétamine-like. Cette disjonction éteint la réponse émotionnelle et produit une anesthésie émotionnelle et physique avec un état de dissociation (état de conscience altérée avec sensation d'étrangeté, d'irréalité, de dépersonnalisation, d'être spectateur des violences). La disjonction produit aussi  des troubles de la mémoire, avec une mémoire traumatique (mémoire émotionnelle qui n'a pas pu être traitée par le cerveau et encodée et qui reste non-consciente, incontrôlable, faisant revivre à l'identique avec la même détresse, les mêmes sensations, la même sidération et la même disjonction, les violences lors de réminiscences, de flash-back et de cauchemars). Cette mémoire traumatique, véritable bombe qui explose au moindre lien rappelant les violences, va être à l'origine d'une très grande souffrance que l'enfant va chercher à éviter à tout prix (conduites de contrôle, d'évitement, d'hypervigilance, intolérance au stress) et si ce n'est pas possible l'enfant va devoir rapidement les auto-traiter soit par disjonction spontanée qui l'anesthésie, soit quand la disjonction spontanée n'arrive plus à se faire en raison de phénomènes d'accoutumance liées au drogues morphine-like et kétamine-like par la recherche compulsive d'une disjonction coûte que coûte (par augmentation du stress : conduites à risques, mises en danger, jeux dangereux, automutilation, violences sur autrui, ou par apports de drogues dissociantes : alcool, drogues). La violence sur autrui est une drogue anesthésiante très efficace, la victime étant instrumentalisée comme « fusible ».

8- Les violences faites aux enfants si elles sont prises en charge précocement n'entraînent pas de troubles psycho-traumatiques. La prise en charge des troubles psychotraumatiques par des soins spécialisés est efficace et permet une récupération des atteintes neurologiques et des disfonctionnement psycho-neurobiologiques et une prévention des violences futures.

 

 

Pourtant, nous constatons en France
en tant que professionnels de la santé
malgré les 20 ans

de la Convention Internationale des Droits de l'Enfant :

1- Que les enfants subissent encore beaucoup trop de violences et ne sont pas protégés. Particulièrement au sein de leur famille où les violences sont les plus fréquentes, les violences physiques les plus graves touchent les enfants les plus jeunes et les violences sexuelles touchent plus particulièrement les filles (viols, agressions sexuelles, mutilations génitales), mais les garçons aussi (au moins 1 fille sur 8 et 1 garçon sur 10).

2- Que les professionnels de la santé ne sont pas formés à la psychotraumatologie et à la victimologie. Pendant les études médicales aucune formation n'est dispensée aux futurs généralistes et aux futurs spécialistes en psychotraumatologie, ni en victimologie mis à part un cours sur les maltraitances.

3- Que les professionnels ne dépistent pas systématiquement les violences, et qu'ils font très peu de signalements. Les médecins et les autres professionnels de la santé dans leur immense majorité ne posent pas systématiquement de question sur des violences et ne connaissent pas les signes d'alerte faisant suspecter des violences et/ou des troubles psycho-traumatiques. Les médecins ne sont à l'origine que de 3 % des signalements pour des enfants en danger.

4- Que le conseil de l'ordre des médecins ne se positionne pas clairement pour la lutte contre les violences, leurs dépistages et leurs soins, et qu'il ne joue pas son rôle d'information et de conseil. Les médecins dans leur ensemble ont encore trop peur d'être sanctionnés lors de signalement ou de certificats médicaux pour coups et blessures.

5- Qu'ils n'existent que très peu de centres de soins spécialisés et de professionnels spécialisés. Actuellement les centres de prises en charge d'enfants victimes de violences sont très rares, et il est aux enfants d'accéder à des soins spécialisés dans beaucoup d'endroits en France.

6- Que les enfants victimes de violences ne sont pas protégés, ni pris en charge. Les enfants victimes de violences ne sont que très peu identifiés et donc ne bénéficient pas de mesures de protection. Ceux qui présentent des troubles psychotraumatiques ne sont pas diagnostiqués, ils sont abandonnés, laissés sans soins spécialisés. Ils ne reçoivent au mieux que des traitements symptomatiques et au pire ils sont obligés pour survivre d'avoir recours à des conduites d'évitement ou pour s'auto-traiter à des conduites à risques dissociantes et anesthésiantes, conduites qui vont leur être reprochées. Les enfants victimes de pédocriminalité et de pédopornographie sont encore trop peu repérés, protégés et pris en charge et suivis sur le long terme, alors qu'ils sont gravement en danger pour leur avenir.

7- Que les enfants en situation de handicap, compte tenu de leur fragilité et de ce qu’ils vivent, doivent faire l’objet d’une attention spécifique et d’une plus grande protection.

8- Que les enfants témoins de violences conjugales ne sont pas suffisamment reconnus comme victimes à protéger

9- Que les droits de l'enfant ne sont donc pas respectés. Qu’ils ne sont pas entendus par la justice, ni représentés, ni défendus comme ils devraient l’être lors de procédures pour lesquelles ils sont concernés

10- Que la société reste trop tolérante face à de nombreuses violences faites aux enfants comme  c’est le cas pour les violences dites éducatives dans le cadre familial. La majorité des parents y ont recours alors que leur nocivité et leur inefficacité sont prouvées, elles  ne respectent pas les droits de l'enfant, les violences éducatives n'améliorent pas les performances scolaires, elles sont un apprentissage à la violence, elles augmentent le risque d'accident chez les enfants, et le risque de reproduire des violences à l'âge adulte. Les enfants n’ont pas besoin d’être dressé, une éducation non-violente est indispensable pour leur équilibre.

En tant que professionnels de la santé
spécialisés dans la prise en charge
des enfants victimes de violences,
nous demandons :

1-  Une réelle application de la convention internationale des droits de l’enfant pour protéger les enfant de toute forme de violence dont les violences intra-familiales les plus fréquentes : les violences éducatives, et pour assurer des soins spécialisés de qualité et de proximité à tous les enfants victimes de violence traumatisés

2- Plus de formations pour tous les professionnels de la santé, du social, de l'éducation, de la police, de la gendarmerie et de la justice sur les violences, leurs conséquences, l'accueil, la prise en charge et le traitement d'un enfant victime de violences.

3- Plus d'informations pour les professionnels, pour les victimes et pour le grand public sur les violences, les chiffres des violences, leurs conséquences et les mécanismes psychotraumatiques, les droits des enfants, les ressources disponibles (numéros nationaux, associations, etc.).

4- Plus de campagnes nationales contre les violences faites aux enfants dans les médias (campagnes sur les bébés secoués, contre les violences éducatives, sur les négligences, sur les violences sexuelles : sur l'inceste, la pédocriminalité, la pédopornographie, le tourisme sexuel, la prostitution, la traite et les mutilations génitales)

 5- Plus de recherches et d'études de victimisation sur les violences, plus de recherches et d'études longitudinales sur les conséquences psychotraumatologiques des violences, plus de recherches et d'études sur les violences sexuelles faites aux enfants, sur la traite et la pédocriminalité et sur le devenir de ces enfants.

6- plus de centres de soins spécialisés gratuits accessibles sur l'ensemble du territoire

7- Une prise en charge des victimes, spécialisée et de qualité, remboursée ou gratuite.

8- Une prise en charge des auteurs de violences dès leur plus jeune âge en privilégiant le soin et l'éducation.

9- Une réelle et juste application de la loi, en respectant l’intérêt supérieur de l’enfant, en améliorant les dépôts de plaintes et en ne laissant pas impunis les délits et les crimes, en identifiant les situations de danger que courent les enfants à l’intérieur de leur famille et lors de violences conjugales, en tenant compte de l'intérêt supérieur  de l'enfant, particulièrement lors de séparations dans un contexte de violences conjugales, il serait nécessaire d’entendre les enfants, de reconnaître leur souffrance et de mettre en place plus de mesures d'accompagnement, de lieux de visite médiatisée et de mesure de protection.

10- Une éducation à la non-violence et à l’égalité dès le plus jeune âge, et une information précise et détaillée sur les droits des enfants

11- Une loi contre les violences éducatives sur le modèle des 24 États qui l'ont déjà mise en place depuis 1979 (Suède), en privilégiant l’information, l’aide et l’accompagnement  des parents

12- Une lutte contre toutes les violences sans exception, sans oublier les violences éducatives, les violences psychologiques, les violences économiques (aucun enfant ne doit être laissé sans abri et dans des conditions de grande pauvreté, les violences d'États (centre de rétention, privation de liberté).

13- Une lutte pour une société plus égalitaire, une lutte contre les discriminations sexistes qui touchent les filles avec des violences spécifiques à leur encontre

14- Une réflexion sur la violence, sur son origine, ses mécanismes et ses conséquences, et sur les moyens à mettre en œuvre pour la prévenir efficacement avec la mise en place de commissions, de groupes d'étude, de colloques et d'échanges internationaux.

.

 

Manifeste initié par
l'Association Mémoire Traumatique et Victimologie

email : drmsalmona@gmail.com, site : http://memoiretraumatique.org

posté sur le blog : http://stopauxviolences.blogspot.com/2009/11/manifeste-des-professionnels-de-la.html
Professionnels de la santé signataires :

nom, qualité

1.    Dr Muriel Salmona, psychiatre, psychotraumatologue, victimologue, présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie, Hauts de Seine

2.    Sokhna Fall, thérapeute familiale, victimologue, ethnologue, vice-présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, association Famille et thérapie, Yonne

3.    Dr Judith Trinquart, médecin légiste, secrétaire générale de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie,

4.    Dr Jean-Pierre Salmona, cardiologue, trésorier de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, Hauts de Seine

5.    Dr Monique Martinet, neuro-psychiatre, pédiatre, experte au tribunal, vice-présidente et conseiller scientifique de l’association AIR-AIRMES, Besançon,

 

 

6.    Dr Gilles Lazimi, médecin au centre municipal de Romainville, coordinateur de la campagne de prévention des violences conjugales en Seine St Denis

7.    Dr Emmanuelle Piet, médecin, Seine St Denis

8.    Dr Catherine Feldman, Médecin addictologue, Association SOS Drogue International, Paris

9.    Dr Anne Decaux, médecin spécialiste en santé publique, Haut de Seine

10. Edmonde  Chauvel, psychanalyste, Institut de Victimologie de Paris

11. Dr Yann-Yves Mallet, médecin psychothérapeute

12. Dr Claire Damy, médecin psychiatre, Hauts de Seine

13. Sandrine Lucas-Cluet, psychologue, psychothérapeute enfants adolescent, Hauts de Seine

14.  Dr Cécile Morvant, médecin généraliste urgentiste et légiste, membre du conseil départemental de l’ordre des médecins d’Ardèche

15.  Dr Hervé Sabah, médecin généraliste, Hauts de Seine

16.  Dr Antoine Provost, médecin psychiatre, Hauts de Seine

17.  Dr Lucienne Coscas-Hatchuel, pédiatre, Paris

18.  Dr Jean-Bénédict de Saussure, médecin généraliste, Eure et Loire

19.  Dr Dorothée Goudet, psychiatre, Paris

20.  Dr Philippe Cosson, médecin addictologue, psychothérapeute, Seine St Denis

21.  Dr Brigitte Avignant, médecin généraliste, Yvelines

22.  Stéphanie Gattino, psychologue de l’éducation nationale, Val de Marne

23. Aurélie Kalafat, sophrologue, Haut de seine

24. Dr Marie Piot, psychiatre, Hauts de Seine

25.  Dr Nadia Idrissi, médecin généraliste, Seine Saint Denis

26.  Dr Jean-Pierre Delas, médecin,

27.  Alice liey, kinésithérapeute, Yvelines

28.  Dr Catherine Caron, médecin addictologue, centre 110, Paris

29.  Dr Patricia Joly, médecin psychiatre, Haut de Seine

30.  Vinciane Kerkhofs, psychologue clinicienne, Paris

31. Cécile Sarafis, animatrice, conseillère conjugale et familiale au planning familial, Seine Saint denis

32.  Sophie Mottu, infirmière et psychologue clinicienne, Val de Marne

33.  Annie Gognalon, infirmière scolaire, Seine St Denis

34.  Cécile Blanche, sophrologue, Larroque

35.  Arlette Zilberg, orthophoniste, Paris

36.  Françoise Fanfelle, infirmière retraitée, Moissac

37.  Jenny Ann Rydberg, psychologue, Buis les Baronnies

38.  Marie-Christine Martin, pédopsychiatre, Paris

39.  Mégane Dehouck, psychothérapeute, Landes

40.  Catherine Lestang, psychologue, Saint Germain les Corbeils

41.  Céline Poirier, infirmière en psychiatrie, Cognac

42.  Richard Rossin, chirurgien orthopédiste, Paris

43.  Marie-France Caldérone, psychologue clinicienne, Besançon

44.  Holde Ruine, psychothérapeute, Yvelines

45.  Claudine Berger, infirmière, Sartrouville

46.  Ilel Kieser el Baz, psychothérapeute clinicien, Toulouse

47.  Guignard Aude, psychologue, Maison Laffite

48.  Guillou Patrick, médecin, Le Havre

49.  Charlotte Doe De Maindreville, psychologue, Paris

50.  Emilie Boutet, psychologue clinicienne,

51.  Chantal Tricaud, psychanalyste, Bordeaux

 

 

Vote de la loi sur l'inceste commis sur les mineurs par l'Assemblée Nationale le 26 janvier 2010, enfin !


VOTE DE LA LOI SUR L'INCESTE COMMIS SUR LES MINEURS

LE 26 JANVIER 2010


tendant à inscrire l’inceste commis sur lesmineurs dans le code pénal et à améliorer la détection et la prise en charge des victimesd’actes incestueux.


La loi sur la lutte contre l'inceste sur les mineurs a été votée enfin le 26 janvier en dernière lecture à l'Assemblée Nationale !! 
Vous pouvez lire les débats sur le lien : http://www.assemblee-nationale.fr/13/cri/2009-2010/20100112.asp
Les violences sexuelles incestueuses sur mineurs sont enfin reconnues spécifiquement dans le code pénal : 
« Art. 222-31-1. – Les viols et les agressions sexuelles sont qualifiésd’incestueux lorsqu’ils sont commis au sein de la famille sur la personned’un mineur par un ascendant, un frère, une soeur ou par toute autrepersonne, y compris s’il s’agit d’un concubin d’un membre de la famille,ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait.,
 à propos de la contrainte :
« Art. 222-22-1. – La contrainte prévue par le premier alinéa del’article 222-22 peut être physique ou morale. La contrainte morale peutrésulter de la différence d’âge existant entre une victime mineure et l’auteur des faits et de l’autorité de droit ou de fait que celui-ci exerce sur cette victime. » ; 
à propos du retrait de l'autorité parentale du parent incestueur : 
« Art. 222-31-2. – Lorsque le viol incestueux ou l’agression sexuelleincestueuse est commis contre un mineur par une personne titulaire surcelui-ci de l’autorité parentale, la juridiction de jugement doit se prononcersur le retrait total ou partiel de cette autorité en application des dispositionsdes articles 378 et 379-1 du code civil. 
De très grandes avancées donc, mais il y a encore à se battre pour la prévention, la formation des professionnels, et les soins spécialisés, car la loi reste pour le moins imparfaite imparfaite pour ce volet.
La plupart des dispositions prévues ont été : déclarées irrecevables au regard de l’article 40 de la Constitution avant l’adoption du texte par l’Assemblée nationale
Le Gouvernement remet au Parlement, avant le 30 juin 2010, un rapport examinant les modalités d’amélioration de la prise en charge des soins, notamment psychologiques, des victimes d’infractions sexuelles au sein de la famille, en particulier dans le cadre de l’organisation de la médecine légale. Ce rapport examine les conditions de la mise en place de mesures de sensibilisation du public et notamment des mesures d’éducation et de prévention à destination des enfants.

dimanche 24 janvier 2010

Article du Dr Judith Trinquart : Non, la prostitution n'est pas une profession, oui à la pénalisation du client




NON, LA PROSTITUTION N’EST PAS UNE PROFESSION,

OUI A LA PENALISATION DU CLIENT

Dr Judith Trinquart

secrétaire générale de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie


posté sur le blog d'Henriette Zoughebi un monde en partage : 

http://www.unmondeenpartage.fr/non-la-prostitution-nest-pas-une-profession-oui-a-la-penalisation-du-client/legalite-cest-pas-sorcier/a-la-une


  • La prostitution n’est pas une profession, c’est une violence faite à la personne. Le système prostitutionnel s’attaque aux plus vulnérables, ce n’est pas un choix mais une situation subie dans l’immense majorité des cas (selon plusieurs études récentes dans différents pays, 98% des personnes prostituées souhaiteraient quitter la prostitution si elles le pouvaient). Cette situation de violence a été reconnue dès 1949 par la France qui a instauré un régime abolitionniste. La sénatrice Dinah Derycke a réaffirmé cette situation de violence dans son rapport en 2000 ainsi que Mme la Ministre Nicole Péry avec le rapport présenté par Malka Marcovich en 2002.
  • La prostitution est un acte marchand au cours duquel la personne prostituée subit un acte sexuel non désiré contre de l’argent. La répétition de ces actes non désirés engendre des troubles au niveau corporel, la personne se « coupe » de son ressenti corporel pour se protéger de ce vécu dont elle ne veut pas. C’est une violence faite au corps de la personne prostituée, un déni de sa personnalité, elle n’existe plus qu’en tant qu’objet marchand, sexuel. On aboutit à de véritables clivages, avec des anesthésies corporelles importantes du fait de la perte de son « soi » corporel. La prostitution détruit peu à peu l’image que la personne prostituée a d’elle-même et également son corps.
  • 80% à 95% des personnes prostituées (quel que soit le mode de prostitution) ont été victimes de violences sexuelles (inceste, pédophilie, viol) dans leurs antécédents. Les proxénètes le savent, c’est pourquoi le viol, individuel ou collectif, est un mode de « dressage » avant la mise sur le trottoir. (« La prostitution est à la société ce que l’inceste est à la famille » (Dr Jorge Barudy, psychiatre)).
  • 70% des personnes prostituées présentent un état de stress post-traumatique (ESPT), consécutif aux violences vécues dans le système prostitutionnel mais surtout à la violence du système lui-même (étude internationale de Melissa Farley). L’ESPT est un syndrome clinique composé de symptômes psychiques perturbants et handicapants dans la vie quotidienne, dont le principal est la mémoire traumatique (réminiscences) à l’origine de tous les autres tels que l’hyper vigilance, les troubles du sommeil, la perte de la concentration, les difficultés de la relation avec autrui ainsi que les conduites dissociantes…présents chez des personnes qui ont été victimes de graves violences.
  • La minorité de personnes pro-prostitution qui fait la promotion du « travail du sexe » n’est pas représentative de l’immense majorité qui subit ce système qu’elle n’a pas choisi et dont elle voudrait sortir. Il n’est qu’à voir les témoignages de nombreuse survivantes de la prostitution (ainsi quelles se désignent elles-mêmes) : Nicole Castioni, Yolande Grenson, Maldy Bonheur, Abysse Beljinka, Andrea Dworkin, et des centaines d’anonymes qui ne désirent pas se montrer à visage découvert tant est grande la violence des attaques pro-prostitution (« si tu n’aimes pas ça, n’en dégoûtes pas les autres… »)…
  • 80% des prostituées en Ile-de-France sont d’origine étrangère. Les conditions économiques, sociales, éducatives améliorées et les formidables progrès féministes qui avaient été réalisés avaient permis que la situation prostitutionnelle régresse en France. La part de prostituées dites « traditionnelles » va en diminuant. Le « marché » s’est donc tourné vers celles qui n’ont d’autre « choix » en raison de leur vulnérabilité et de leur situation financière, économique, sociale…Femmes de l’Est, d’Afrique, d’Asie, ce sont elles qui maintenant alimentent le système. Ces femmes sont inéluctablement attirées par le mirage économique et financier que représentent nos pays riches à leurs yeux. Ce n’est pas en agissant de manière inefficace sur cette « offre » avec des lois répressives (loi dite LSI, lois sur le racolage) que nous pouvons stopper la traite mais à l’autre bout de la chaîne en interrompant la demande que représente le client, d’une façon économiquement logique.
  • Réglementarisme veut dire proxénétisme. Le système utopique rêvé par les pro prostitution n’existe pas. Là où il y a prostitution, il y a exploitation de la prostitution. Les pays réglementarismes en sont le meilleur exemple. Mais dans ces pays, on ne parle plus de proxénétisme, mais d’employeurs, ou de directeurs d’entreprise, ou de gérants. Les prostituées sont des employées. Ce qui explique l’immense facilitation de la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle dans ces pays. Hallucinant de voir une proposition de « travailleur du sexe » sur un site Internet : « Oui il faut accorder la libre circulation de tous, et c’est son entrave qui est d’ailleurs la principale cause de la traite » ! Où est le souci pour les victimes de la traite ? On nage en plein délire !
  • Le principal promoteur du système prostitutionnel et de son corollaire la traite à des fins d’exploitation sexuelle est le CLIENT. Si l’on veut stopper ce cercle vicieux, et la marchandisation des personnes, il faut s’en prendre à la base du ressort essentiel de ce système économique, c’est-à-dire le consommateur ou prostitueur, le client. Sans client pas de prostitution. L’éducation et la prévention sont indispensables certes, mais la prostitution a été réaffirmée, depuis 2002, comme violences faites aux personnes qui la vivent. Il est temps de prendre les mesures qui s’imposent face aux auteurs de ces violences, comme pour tous types de violences, c’est-à-dire la sanction. A l’image de la Suède ou de la Norvège, où la pénalisation du client a été mise en place avec un remarquable succès, tant au niveau des résultats vis-à-vis de l’impact sur la prostitution elle-même que pour l’amélioration du sort des personnes prostituées ou de la remise en cause des clients par rapport à leur comportement. Cette pénalisation a d’ailleurs été intégrée dans un ensemble de lois visant à l’amélioration de la condition des femmes appelées « kviennofried » (« lois pour la paix des femmes »). Cette loi a eu un effet dissuasif mais aussi de prise de conscience (elle a été accompagnée de proposition d’accompagnement psychologique via un numéro vert pour les clients et de grandes campagnes éducatives). La prostitution de rue a chuté de 80% et la traite à des fins d’exploitation d’êtres humains a quasiment disparu (quel intérêt « d’importer » dans un pays où on ne peut plus « exploiter » ?). Malgré les arguments de ses détracteurs, cette loi a été largement plus bénéfique que négative dans ses effets.
  • A contrario, les pays réglementaristes tels l’Allemagne et les Pays-Bas, ont vu exploser le trafic d’êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle sur leur territoire, et la criminalité liée à « l’industrie du sexe », au point que les maires de certaines villes veulent fermer les zones réservées à ces « commerces » et que se pose la question de revoir la législation concernant cette « activité ». Il est évident que dans un pays où le proxénète n’est plus un criminel mais un employeur, toute liberté lui est permise pour exercer son commerce. Loin de faire régresser les violences sexuelles de tous ordres, ce qui était un argument de base pour justifier la prostitution, celles-ci n’ont cessé d’augmenter dans les pays réglementaristes, sur le principe de « ce que je ne peux pas payer, je le vole ».




Nous demandons :



  • Une réaffirmation de la politique abolitionniste de la France et une application concrète de cette politique, notamment dans les domaines législatifs et sociaux.
  • Que les personnes prostituées cessent d’être considérées comme des délinquantes. Abrogation des lois sur le racolage (passif et actif) et de la loi LSI qui pénalisent des personnes déjà vulnérables, considérées de droit par notre état abolitionniste comme des victimes de violences. Ce double statut schizoïde de victime et de délinquante unique en France ne peut continuer à perdurer, il empêche une prise en charge efficace et fragilise des personnes déjà victimes d’un système criminel.
  • Pénalisation du client, véritable prostitueur et initiateur du système de prostitution et de traite, comme cela se fait déjà en Suède et en Norvège. Cette pénalisation doit bien sûr s’accompagner de mesures préventives, éducatives et de soutien, ainsi que de campagnes d’information.
  • Harmonisation des actions socio sanitaires en direction de et avec les personnes prostituées, avec la politique abolitionniste française. Encore trop d’actions ont une vision strictement hygiéniste de la prostitution (dépistage VIH, dépistage MST, couverture Maladie) ce qui est bien sûr nécessaire dans un premier temps, mais ces personnes ont également besoin d’une prise en charge globale et d’une prise en charge psychologique. 80% des personnes prostituées en IDF sont étrangères, une très grande majorité victimes de la traite et de proxénètisme, et désirent sortir de la prostitution. Il faut établir des programmes de réinsertion et de réhabilitation pour ces personnes, ce qui n’est pas toujours fait, si la prostitution n’est pas envisagée comme une violence à la personne mais simplement comme une « activité » qu’il faut cadrer. Les subventions étatiques doivent être attribuées prioritairement aux actions comportant des programmes complets tenant compte de la politique en vigueur et des réalités de terrain.
  • Mise en place de subventions adéquates afin de créer des centres et des services pour la prise en charge des personnes souhaitant sortir de la prostitution. La réinsertion des personnes prostituées n’est actuellement pas une priorité pour les pouvoirs publics. Pourtant, certaines municipalités et villes se sont plaintes du problème que la prostitution leur causait. L’état s’est déchargé de sa responsabilité sur des associations qui font de leur mieux mais perçoivent très peu de subventions. La sortie de prostitution doit s’accompagner d’une prise en charge psychologique et physique qui nécessite l’intervention de professionnels (acteurs sociaux et médicaux). Tout cela a un coût, et des subventions beaucoup plus conséquentes sont à mettre en place rapidement afin d’aider les personnes désireuses de quitter ce système.




Dr Judith Trinquart, Médecin Légiste, Secrétaire Générale de l’association « Mémoire Traumatique et Victimologie », 23.01.2010.

lundi 18 janvier 2010

Les formations faites par l'association en janvier 2010

Pour le mois de janvier 2010 
2 journées de formation sur les violences faites aux femmes pour les policiers dans le 93,
1 journée de formation sur les discriminations faites aux femmes et aux fillettes à Paris, 
1 journée de formation sur les violences conjugales aux médecins généralistes du 94,
1 journée de formation aux élu-es du 94 
2 journées de formation sur les violences conjugales et leur impact sur les enfants au conseil général du 91 pour les professionnels des PMI, 
1 journée de formation sur les violences faites aux femmes sur le 92, 
1 colloque à Sens sur les violences intra-familiales, 
1 colloque à Paris sur les violences sexuelles