jeudi 20 janvier 2011

APPEL À SOUTIEN POUR UNE JEUNE FEMME VICTIME DE VIOLS EN RÉUNION ET EN GRAND DANGER, OBLIGÉE DE SE CAHER EN PERMANENCE, IL FAUT UN LOGEMENT EN URGENCE



APPEL À SOUTIEN POUR UNE JEUNE FEMME VICTIME DE VIOLS EN RÉUNION ET EN GRAND DANGER, OBLIGÉE DE SE CAHER EN PERMANENCE.


IL FAUT EN URGENCE QUE SOIT ATTRIBUÉ À SA FAMILLE UN LOGEMENT HLM EN DEHORS DU DÉPARTEMENT 93 OÙ ONT EU LIEU LES VIOLS ET OÙ SA FAMILLE VIT TOUJOURS N'AYANT MALGRÉ TOUTE SES DÉMARCHES DEPUIS 6 ANS TOUJOURS PAS EU DE LOGEMENT


Dr Muriel Salmona

www.memoiretraumatique.org





APPEL À SOUTIEN POUR UNE JEUNE FEMME VICTIMES DE VIOLS EN RÉUNION DEPUIS L'ÂGE DE 14 ANS, ELLE EN A BIENTÔT 21 ANS MAIS RESTE TOUJOURS EN GRAND DANGER 6 ANS APRÈS ET TERRORISÉE PAR DES MENACES DE VIOLS DE SÉVICES ET DE MORT EN REPRÉSAILLES DU DÉPOT DE PLAINTE ET DES JUGEMENTS ET CONDAMNATIONS.


DEPUIS 6 ANS ELLE N'A PAS PU VIVRE ENTOURÉE DE SA FAMILLE, ELLE A DÛ RESTÉE CACHÉE SUR DÉCISION DU JUGE DANS UNE FAMILLE D'ACCUEIL ET UN FOYER PARCE QU'AUCUN NOUVEAU LOGEMENT N'A ÉTÉ ATTRIBUÉ À LA FAMILLE DANS UN AUTRE DÉPARTEMENT OÙ ELLE AURAIT PU ÊTRE EN SÉCURITÉ.


LA SITUATION ACTUELLE EST D'AUTANT PLUS URGENTE QU'ELLE VA AVOIR DANS DEUX MOIS 21 ANS ET QU'ELLE NE POURRA PLUS BÉNÉFICIER DE LA PROTECTION EN FOYER DE L'ASE.


ELLE EST TERRIFIÉE, CERTAINS DES AGRESSSEURS VONT SORTIR DE PRISON DANS LES MOIS QUI VIENNENT, IL EST NÉCESSAIRES DE LUI VENIR EN AIDE ET DE TROUVER EN URGENCE UN NOUVEAU LOGEMENT HLM POUR CETTE FAMILLE.




SITUATION DE DÉTRESSE ET D'URGENCE VITALE D'AURÉLIA,

Janvier 2011




Aurélia est une jeune femme de 20 ans d'origine africaine née en France, elle m'est adressée par une éducatrice de l'ASE du 93 pour la prendre en charge, elle a subi des viols en réunion, les agresseurs ont été jugés et ils sont en détention, certains d'entre eux risquent de sortir dans peu de temps, elle est actuellement en foyer et subi des menaces de viols et de mort, elle est très mal me dit-on au téléphone.


Elle avait 14 ans quand elle a subi les premiers viols en réunion très violents avec armes et tentatives d'homicide (strangulation) par quatre agresseurs de 17 ans, ces derniers pendant la même période avaient agressé sexuellement et violé quatre autres adolescentes, 2 ans après, en représailles de la plainte déposée par sa mère, elle subit à nouveau un viols en réunion, les viols ont été jugés en 3 fois sur 3 ans, au tribunal pour enfants, et en cour d'Assises des mineurs. Les viols ont été commis par une bande menée par un caïd qui avait déjà été quatre fois condamné (avec sursis) deux fois pour des agressions sexuelles. Ils ont été condamnés respectivement à 3, 5 et 7 ans.


Depuis les viols Aurélia est régulièrement menacée de viols, de sévices et de mort, pour la "protéger" des menaces de mort le juge pour enfant l'a séparée de sa famille (avec qui elle s'entendait très bien, mais dont le domicile était connu des agresseurs et dans la même commune qu'eux) pour la placer dans un premier temps dans une famille d'accueil quelques mois (elle y a été très mal, se sentant très mal accueillie et il s'est rapidement avéré que le fils de la famille connaissait les agresseurs, elle a donc reçu à nouveau des menaces de mort). Elle est alors retournée quelques jours dans sa famille et c'est à ce moment là qu'elle a subi à nouveau un viol en réunion et de graves sévices en représailles.


Le juge pour enfant l'a ensuite placée dans un foyer du 93 où elle est depuis les derniers viols. Depuis elle continue de recevoir des menaces, elle a changé de nombreuses fois de numéros de téléphone mais ils (les amis des agresseurs) la retrouvent toujours, dernièrement la seule amie qu'elle avait gardé de la période qui précédait les viols l'a trahie, elle a été "retournée" par les amis des agresseurs et elle a donné son numéro de téléphone, elle recevait des menaces tous les jours d'un des agresseurs qui est pourtant en prison. Aurélia est allée porter plainte avec une éducatrice du foyer au commissariat mais ils n'ont pas voulu prendre sa plainte, ils on juste fait une main-courante. Elle a changé à nouveau de numéro de téléphone et se sent encore plus en danger, elle est terrifiée en permanence.


Je la reçois à mon cabinet de consultation de Bourg la Reine il y a deux mois accompagnée par une éducatrice, ensuite elle viendra toujours accompagnée (seule cela lui est impossible) mais de sa mère. Elle ne sort presque jamais seule.


Lors du premier entretien, elle est très angoissée et terrorisée par les menaces de viols de sévices et de mort, elle est fermée et méfiante pensant que cette consultation exigée par l'éducatrice de l'ASE (qu'elle ne voit qu'une fois par an pour faire un bilan) est inutile, elle a une très mauvaise expérience des psychologues et surtout des psychiatres. Rapidement elle devient plus confiante, il lui est totalement impossible de parler des viols, c'est trop douloureux et cela la met - rien que de les évoquer - dans un grand état de détresse, elle m'apportera son dossier judiciaire pour que je puisse découvrir ce qu'elle a enduré . Elle vit dans la terreur du fait des menaces de mort, de viols et de sévices continuelles. Elle est donc actuellement "mise à l'abri" dans un foyer dans le 93, elle ne sort pas de ce foyer par décision du juge pour enfant pour sa sécurité (mais seulement pour encore seulement quelques mois car ensuite elle aura 21 ans et elle ne pourra pas rester dans ce foyer, l'ASE ne pouvant pas continuer à la suivre).


Elle est depuis près de 6 ans séparée de sa famille, avec qui elle s'entend pourtant très bien et dont elle aurait grand besoin (sa mère, ses deux jeunes frères et sa grande sœur, sa mère a demandé depuis les premiers viols un transfert de logement HLM pour un autre département, ce qui permettrait à Aurélia de vivre à nouveau dans sa famille en sécurité, sa mère a fait de très nombreuses démarches (services sociaux, maire, député, préfet,…), rien a abouti (le seul logement qu'on lui a proposé est dans la même commune), pourtant elle a toujours payé son loyer pour son F4 HLM et il s'agit d'une famille tranquille qui n'a jamais posé de problème, depuis les viols subis par sa fille, sa mère qui avait 42 ans et élevait seule ses enfants (Aurélia n'a pas connu son père qui était violent et dont sa mère s'est séparée alors qu'elle était enceinte, ensuite sa mère a eu deux enfants avec un autre conjoint dont elle est séparée) a dû arrêter de travailler en raison de son état de santé (dépression, hypertension artérielle, aménorrhée), actuellement elle n'a plus de droit et touche seulement le RSA et des allocations familiales.


De plus quand Aurélia a été à nouveau violée en réunion, la grand-mère africaine qui était venue en France pour deux mois et qui vivait chez eux, en apprenant cette nouvelle a fait un AVC le lendemain avec une hémiplégie et une aphasie puis un coma, elle a dû être hospitalisée et elle est décédée deux jours après à l'hôpital, cette grand-mère laissait deux orphelins dont elle avait la charge en Afrique (une de ses filles était morte récemment lui laissant ses deux enfants à élever dont un bébé de 6 mois), il a fallu alors rapatrier le corps en Afrique pour l'y enterrer, le deuil a été pour cette famille très traumatisant et la mère a dû s'endetter pour payer les frais hospitalier et le rapatriement.


Les seules solutions qui ont été proposées à cette famille c'est d'aller vivre en Afrique(ASE) ou d'aller vivre à la campagne pour Aurélie (elle y a fait une période d'adaptation dans une famille d'accueil mais elle n'a pas supporté d'être seule, si éloignée de sa famille).


Avant les viols Aurélia se décrit comme une adolescente gaie, bonne élève, sans problème, s'entendant bien avec sa famille, très active et sportive, très sociable avec beaucoup d'amis.


Depuis Aurélia est traquée, en danger continuel, elle n'a plus aucune activité (elle n'arrive même pas à regarder la TV), elle n'a pas pu aller au collège et au lycée comme les autres, elle a dû suivre sa scolarité qui est très cahotique au CNED, elle a passé un BEP, a essayé de passer le BAFA (mais a dû renoncer car cela n'a pas été entièrement financé par l'ASE) et elle prépare cette année en candidate libre un BAC pro, elle voudrait se former secrétariat médical.


Mis à part sa mère (et son avocate), elle n'a confiance en personne, elle n'a plus du tout d'amies (elle a été trop trahie et a trop peur). Elle voudrait mourir (mais me dit qu'elle ne peut plus tenter de se suicider cela fait trop souffrir sa mère, elle a tenté 3 fois de se suicider depuis les viols), elle envisage la chirurgie pour changer de visage. Elle me dit qu'une partie d'elle est morte. Elle regrette qu'il y ait eu une plainte, en veut à sa mère pour cela, elle a beaucoup de haine pour toute l'institution policiaire et judiciaire, et vis à vis des services sociaux et des médecins.


Elle est dans une souffrance maximale et présente un score à l'échelle d'Hamilton (une échelle d'auto évaluation de l'état de stress post traumatique) de 85/88 , je n'ai jamais vu jusque là une patiente aussi traumatisée. Elle ne dort pratiquement pas (cauchemars en permanence) et se sent extrêmement fatiguée, elle se sent aussi en très mauvaise santé physique, elle a des céphalées qui ne la quittent pas une seconde, des douleurs dorsales, mal au ventre, elle entend en permanence des sifflements, elle est tout le temps malade (infections, angines, bronchites asthmatiformes allergies), elle a des nausées et vomit très fréquemment et n'a pas d'appétit, elle a aussi une constipation chronique et des règles extrêmement douloureuses et irrégulières.


Elle se sent terriblement seule, abandonnée et terrorisée en permanence, sa vie est un enfer perpétuel, elle ne peut faire confiance en personne (mis à part sa famille), sa dernière amie en date l'a trahie. Elle a très peur de la sortie de prison prochaine des agresseurs (ils ont été condamnés à de prison).


Elle n'a jamais eu un suivi spécialisé en psychotraumatologie par un thérapeute formé, on ne lui a jamais expliqué ses symptômes psychotraumatiques et dit qu'ils étaient des conséquences normales des viols, les explications que je lui donne (avec des documents et des schémas à l'appui) la soulage beaucoup car elle se croyait devenue folle ou pire "habitée par des démons", victime d'un sort comme ce qui peut être dit dans certaines croyance africaine, elle est apaisée à l'idée que ses symptômes se soignent, et accepte de me revoir.


Elle va me raconter longuement l'enfer qu'elle a vécu depuis les premiers viols, mon indignation spontanée, mes explications, mon écoute lui font manifestement du bien (l'avocate que j'ai eu au téléphone m'a dit qu'en vingt ans de carrière elle n'avait jamais été confrontée à des situations aussi violentes lors d'une procédure judiciaire).


La police, la justice, l'ASE, les soignants ont été traumatisants dans leur incapacité à être bienveillants, compréhensifs et sécurisants. Elle me raconte la violence révoltante des "interrogatoires", des confrontations, et des procès, elle me rapporte avoir reçu de nombreuses fois des menaces de mort accompagnées d'injures devant le juge d'instruction sans que celle-ci n'intervienne à aucun moment, elle a ressentie la juge totalement indifférente (c'était pour elle une torture d'aller voir cette juge, elle pouvait être interrogée pendant des heures, une fois elle est restée de 9h à 16h dans son bureau avec les mis en examens, elle me dit "elle me faisait culpabiliser devant eux, elle n'entendait pas leurs menaces, elle ne leur disait rien", lors d'un des jugements elle a même reçu une chaussure lancée par un des accusés en pleine figure alors qu'elle témoignait à la barre (cela m'a été confirmée par l'avocate que Aurélia apprécie car elle est se bat pour la justice), sans que personne ne s'en offusque, ni n'intervienne.


Soins avant la prise en charge spécialisée


Dans les mois qui ont suivi le viol Aurélia a présenté de très graves troubles psychotraumatiques avec des cauchemars toutes les nuits, une terreur continuelle avec des flashbacks en permanence qui lui donnait à chaque fois la nausées et des vomissements avec des vertiges et des contractures et une sensation de paralysie de tout le côté droit, à chaque flashback son cœur se met à battre très fort, elle tremble, a des difficultés à respirer, elle panique : "j'ai l'impression que je vais tomber dans les pommes". Elle essayait de ne penser à rien. Elle s'est scarifiée alors les jambes, les cuisses, les bras, le ventre, tous les jours, elle empêchait les plaies de cicatriser en les rouvrant (il n'y avait que cela pour l'apaiser : "cela me soulageait au niveau de mes émotions", "je le faisais pour me venger sur moi-même", "j'écrivais continuellement des lettres F, M, R, je ne sais pas pourquoi), elle a actuellement de très nombreuses cicatrices, elle a commencé à se faire des piercings multiples, elle pense continuellement à la mort : "je ne voulais plus exister", elle s'est mise en danger en traversant la rue sans regarder en espérant se faire écraser, en se penchant de la fenêtre ou d'un pont en espérant tomber.


Elle a été suivi pendant cette période par les psychologues du foyer pendant 5 ans, et dans un centre de consultation pour adolescents, elle ne se sentait pas comprise, les psychiatres ne lui parlaient pas, n'abordaient pas ses symptômes traumatiques, et ils lui prescrivaient des médicaments sédatifs et anti-dépresseurs, avec de des fortes doses et elle me dit qu'elle avait beaucoup d'effets secondaires, elle n'a eu aucune explication sur ses symptômes, elle pense que c'était une prise en charge inutile.


La prise en charge psychologique du foyer lui a été un peu plus utile, elle pouvait parler au moins avec elles (c'est une de ces psychologue qui a identifié l'agresseur principal car elle l'avait suivi elle-même, elle l'a reconnu).


Elle a fait des tentatives de suicides à répétition, une première médicamenteuse avec les médicaments anti-hypertenseurs de sa mère avec une hospitalisation en médecine, une deuxième par phlébotomie, elle a été ré-hospitalisée à l'hôpital général et transférée à l'hôpital psychiatrique, dans une unité de psychiatrie fermée pour les adolescents et elle y restée hospitalisée plusieurs mois, elle a été traité avec des neuroleptiques et a eu un syndrome des jambes sans repos, elle a très mal vécu cette hospitalisation, comme un emprisonnement "enfermée dans une chambre seule, avec une heure de réveil et une heure de coucher obligés, des activités obligatoires, pas le droit de sortir, pas le droit de manger ce que l'on veut, plein de comprimés que l'on me forçait à prendre", elle n'avait pas le droit de voir sa famille, pas le droit de téléphoner, les médecins n'ont jamais abordé avec elle les viols alors qu'ils étaient au courant de ce qui lui était arrivé, personne ne lui a parlé des viols, on ne lui donnait aucune explication, elle ne voyait presque jamais les psychiatres, désespéré elle a tenté de se pendre lors de l'hospitalisation, elle en garde un souvenir cauchemardesque, "atroce". À la sortie elle a rapidement arrêté tous les médicaments. Elle a été traumatisée par cette hospitalisation, elle y pense très souvent, et elle en fait encore des cauchemars 6 ans après.


Ensuite elle n'a plus vue de psychiatres, mais des psychologues dans le cadre du foyer avec qui cela s'est un peu mieux passé, mais aucune information ne lui a été donné sur ses symptômes.




Actuellement, en janvier 2011 elle présente les symptômes suivants d'après un certificat que je lui ai établi :


"À l'examen psychologique Aurélia présente actuellement un état de détresse émotionnelle très important accompagné d'une grande souffrance psychique et d'un sentiment d'insécurité totale (elle vit dans la terreur en permanence) avec des troubles psychotraumatiques sévères et chroniques typiques, avec un état de stress post traumatique chronique complet pathognomonique d'un traumatisme avec un score extrêmement élevé à l'échelle IES-R d'Hamilton passé le 30/12/2010 de 85/88 (il y a un état de stress post traumatique quand le score est supérieur à 30) avec :


  • de très importants symptômes d'intrusion avec une mémoire traumatique se manifestant par de continuelles réminiscences intrusives des viols (il ne se passe pas un jour où elle n'en n'ait pas) avec des flashbacks (des images, des sensations (odeurs, paroles, douleurs, émotions), des pensées sur les viols qui envahissent continuellement son champs psychique et bloquent alors toute activité, elle se retrouve en état de sidération psychique et de paralysie motrice du côté gauche (bras, main et épaule et cou), toutes les nuits elle fait des cauchemars répétitifs où elle se réveille en revivant la totalité des scènes de viols (qu'elle me décrit voir comme un film à la TV qu'elle ne peut pas arrêter), ces réminiscences et ces cauchemars re-déclenchent à chaque fois une détresse, une terreur et une très grande angoisse, avec un état de stress extrême accompagné de palpitations, de difficultés respiratoires, de tremblements de tous ses membres, de vertiges et avec la sensation qu'elle va s'évanouir et mourir, de nausées avec vomissement (il ne se passe pas un jour sans qu'elle ne vomisse)


  • des conduites d'évitement de tout ce qui se rapporte au viol, elle essaie de ne pas y penser mais elle n'y arrive pas, ne peut pas en parler sans que cela génère une détresse émotionnelle, ne supporte plus d'être avec des hommes, évite tout ce qui se rapporte à des violences, évite de regarder son corps, tout ce qui se rapporte à la sexualité, à son sexe, elle a développé des conduites phobiques : phobies sociales (ne sort plus), phobie de la saleté, se sent tout le temps sale. Elle s'isole et évite toute émotion, toute situation de stress, se méfie de tout (elle a été trahie par une amie proche qui a donné son numéro de portable aux agresseurs). Toute sexualité lui est totalement impensable, être regardée ou approchée par un garçon est intolérable.


  • des conduites de contrôle de tout son entourage accompagnées d'une hypervigilance avec un sentiment de peur et d'insécurité, elle se sent en danger perpétuel et elle est tout le temps en état d'alerte, s'isole et se barricade, elle ne peut pas sortir seule, doit venir accompagnée à ses rendez-vous, elle a des réactions d'hyperréactivité neuro-végétative avec une grande intolérance au stress et des réactions de sursaut.


  • des conduites à risques et des mises en danger avec de nombreuses scarifications (elle garde des cicatrices sur les bras, cuisses et les jambes), des piercings très nombreux, des tentatives de suicides, des mises en danger (se pencher par la fenêtre, traverser les rues sans regarder).


  • des troubles dissociatifs péri et post traumatiques importants qui sont un facteurs de gravité pour le pronostic, avec un sentiment d'irréalité, de dépersonnalisation, d'être spectateur des situations, de ne plus se reconnaître, de ne plus sentir une partie de son corps (son ventre, bassin et son plancher pelvien), des périodes d'anesthésie émotionnelle ou elle se sent déconnectée de tout, indifférente


  • des troubles anxio-dépressifs avec une perte d'espoir, une perte de l'envie de vivre, des idées noires, une impossibilité à se projeter dans l'avenir, une aboulie et un apragmatisme, elle n'a plus envie de rien faire, depuis les viols c'est à dire depuis 6 ans a arrêté toutes les activités qu'elle aimait (sports, lectures, sorties), ne voit plus d'amies, elle présente en permanence une grande douleur morale, des pleurs, des angoisses, des attaques de panique.


  • des troubles du sommeil massif avec une insomnie d'endormissement et des réveils nocturnes et au petit matin toutes les nuits liés à des cauchemars traumatiques


  • des troubles cognitifs avec des troubles de l'attention et de la concentration et de la mémoire, elle n'arrive plus à lire, écrire lui est difficile, elle a de très grandes difficultés à apprendre, elle n'arrive pas à regarder la TV.


  • des troubles de l'alimentation avec une perte de l'appétit et une perte de goût pour les aliments


  • des troubles somatiques avec une fatigue importante, chronique, des maux de tête en permanence très invalidants que les antalgiques n'arrivent pas à calmer, des douleurs abdominales violentes, des acouphènes, des règles irrégulières très douloureuses, une constipation chronique, de nombreuses allergies et de l'asthme



Les viols en réunion qu'Aurélia a subi sont des traumatismes particulièrement graves et très violents qui ont entraîné chez elle des troubles psychotraumatiques sévères et chronique comme il est habituellement le cas (suivant la littérature internationale les viols sont à l'origine dans près de 80% des cas d'état de stress post traumatique). Ces troubles psychotraumatiques ont été d'autant plus sévères et chroniques qu'Aurélia a subi deux ans après le premier viol en réunion un deuxième viol en réunion qui a réaggravé l'impact traumatique, et qu'elle a subi depuis ces viols continuellement des menaces de viols, de sévices et de mort qui l'ont obligé à être cachée et séparée de sa famille (en famille d'accueil puis en foyer). La mort soudaine de sa grand mère maternelle africaine qui séjournait chez elle en France pour quelques semaines, par choc émotionnel et le fait qu'elle laisse deux de ses petits enfants dont elle avait la charge orphelins en Afrique (leurs parents étaient décédés), ont encore plus désespérée et culpabilisée ma patiente. La mère de ma patiente a dû être traitée pour dépression, et n'a pu retravailler et depuis les viols elle est en aménorrhée.


Les viols ont un retentissement très important sur la santé psychique et physique de ma patiente, et sur sa qualité de vie : avec un impact sur sa vie personnelle, sociale et scolaire, elle est depuis les viols en grande difficulté scolaire, elle ne se projette pas dans un avenir professionnel. L'état de terreur et de détresse permanents dans lesquels elle vit l'empêche de vivre normalement, elle est tellement désespérée qu'elle a envisagée d'avoir recours à de la chirurgie esthétique pour que les agresseurs ne puissent plus la reconnaître quand ils sortiront de prison (ce qui devrait se produire dans les mois qui viennent).


Les troubles qu'Aurélia présentent sont tous compatibles avec les faits de viol décrits et entrent tous dans le cadre des troubles psychotraumatiques spécifiques chroniques présentés par des victimes de viol. Ces troubles représentent un handicap majeur et un risque grave pour sa santé, ils nécessitent des soins spécialisés importants psychothérapiques et chimiothérapiques réguliers pour une durée indéterminée. Il serait essentiel qu'elle puisse vivre en sécurité au sein de sa famille et pour cela que sa famille puisse obtenir un logement dans un autre département.


POUR SA SÉCURITÉ ET SON ÉQUILIBRE PSYCHIQUE, IL EST ESSENTIEL QU'AURÉLIA PUISSE EN URGENCE RETOURNER DANS SA FAMILLE, ET POUR CELA IL FAIUT QU'ELLE SOIT RELOGÉE DANS UN NOUVEL APPARTEMENT HLM DANS UN AUTRE DÉPARTEMENT



Dr Muriel Salmona

Psychiatre - Psychotraumatologue

Responsable de l'Antenne 92 de l'Institut de Victimologie

Présidente de l'Association

Mémoire Traumatique et Victimologie


118 avenue du Général-Leclerc

92340 BOURG LA REINE


06 32 39 99 34


drmsalmona@gmail.com

www.memoiretraumatique.org

3 commentaires:

Anonyme a dit…

J'ai transmis a mes reseaux feministes, sur le genre, et ONG comme ni putes ni soumises. Cette histoire est impensable, cela doit egalement parvenir a la presse. contactez moi si vous souhaitez en discuter.

docteur Muriel Salmona a dit…

bonjour Julie, merci pour votre réaction et votre soutien, comment puis-je vous contacter ?
je vous donne mon mail drmsalmona@gmail.com

Anonyme a dit…

je vous ai envoye un mail. Bien a vous