NON À LA CENSURE EXERCÉ
PAR DES GROUPES
QUI SOUTIENNENT L'EXPLOITATION SEXUELLE !
Dans un billet de son blog "Un monde en partage" daté du 25 février 2010, puis dans l’Humanité du 1er mars 2010, Henriette Zoughebi, alors conseillère régionale d’Ile-de-France et candidate aux élections régionales, signait un texte qui lui vaut aujourd’hui d’être poursuivie en diffamation par le STRASS (syndicat du travail du sexe).
La phrase incriminée est la suivante : « Nous pouvons remercier Sarkozy d’avoir offert aux proxénètes, déguisés en prostitués ou en alliés des prostituées, une clé magique qui leur ouvre toutes les portes, notamment celles du Sénat. » Henriette Zoughebi dénonçait ainsi les groupes ou les personnes qui revendiquent la dépénalisation du proxénétisme ou se présentent publiquement comme des ressources pour des jeunes « qui démarrent dans la prostitution ». En cela, ils facilitent, aident et promeuvent la prostitution d’autrui et commettent des agissements proxénètes.
En effet, selon le Code pénal, « le proxénétisme est le fait, par quiconque, de quelque manière que ce soit : 1° d’aider, d'assister ou de protéger la prostitution d’autrui ; 2° de tirer profit de la prostitution d’autrui, d’en partager les produits ou de recevoir des subsides d’une personne se livrant habituellement à la prostitution ; 3° d’embaucher, d’entraîner ou de détourner une personne en vue de la prostitution ou d’exercer sur elle une pression pour qu’elle se prostitue ou continue à le faire. » Les propos d’Henriette Zoughebi n’étaient donc pas excessifs. Par ailleurs, aucun individu ni aucun groupe n’était nommément désigné dans le texte mis en cause. Pourtant, le STRASS s’y est reconnu. Dont acte.
Condamnée en première instance, Henriette Zoughebi, désormais Vice-présidente du Conseil régional d’Ile-de-France, a fait appel. Celui-ci sera examiné par la Cour d'appel de Paris le 9 novembre prochain.
Nous, élu-e-s politiques, responsables d’associations, journalistes, militant-e-s, individus engagés pour une société juste et égalitaire, nous devons d'alerter sur la menace pesant sur la liberté d'expression. Les plus extrémistes s'empareront de ces jurisprudences pour nous réduire au silence sous peine d'être condamné-e-s.
Nos fonctions, nos mandats, nos engagements impliquent que nous ayons des prises de position et des convictions et que nous les défendions avec force.
En signant ce texte, nous nous solidarisons avec Henriette Zoughebi pour la défense de la liberté d’expression et la liberté d'exprimer nos positions abolitionnistes, conformes à la Convention pour la répression de la traite des êtres humains et de l'exploitation de la prostitution d'autrui (1949) signée par la France.
Pour signer le texte : henriette.zoughebi@gmail.com
Premiers signataires
Association contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT)
Collectif féministe contre le viol (CFCV)
L’égalité, c’est pas sorcier !
Dominique Adenot, maire de Champigny-sur-Marne
Sylvie Altman, conseillère régionale d'Ile-de-France, maire de Villeneuve-Saint-Georges
Guillaume Balas, conseiller régional d'Ile-de-France, président du groupe socialiste
Martine Billard, députée
Danielle Bousquet, députée
Patrick Braouezec, député
Marie-George Buffet, députée
Laurence Cohen, sénatrice, conseillère régionale d’Ile-de-France
Cécile Cukierman, sénatrice
Carine Delahaie, rédactrice en chef de Clara Magazine
Clara Domingues, secrétaire générale de L’égalité, c’est pas sorcier !
Geneviève Duché, présidente de l’Amicale du Nid
Gilles Garnier, conseiller général de Seine-Saint-Denis
Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, conseillère régionale d'Ile-de-France
Philippe Kaltenbach, sénateur, maire de Clamart
Fatima Lalem, maire-adjointe de Paris
Claudine Legardinier, journaliste
Catherine Le Magueresse, juriste
Gérard Lopez, président fondateur de l’Institut de victimologie de Paris
Françoise Maillard, ancienne conseillère municipale d’Arcueil
Céline Malaisé, conseillère régionale d'Ile-de-France
Malka Marcovich, représentante pour l’Europe de la CATW
Danielle Maréchal, membre de l’association Paroles de femmes, ancienne vice-présidente du Conseil général du Val de Marne
Hélène Marquié, enseignante-chercheuse
Gabriel Massou, conseiller régional d’Ile-de-France, président du groupe Front de gauche
Dalila Maazaoui, maire-adjointe de Bondy
Catherine Peyge, maire de Bobigny
Emmanuelle Piet, médecin
Maudy Piot, présidente de l’association Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir
Delphine Reynaud, cadre associatif
Suzy Rojtman, porte-parole du Collectif national des droits des femmes (CNDF)
Ernestine Ronai, psychologue
Sabine Salmon, présidente de Femmes Solidaires
Mireille Segretain, administratrice de la Fondation Scelles
Maya Surduts, porte-parole de la Coordination des associations pour le droit à l’avortement et à la contraception (CADAC) et du CNDF
Odette Terrade, ancienne sénatrice
Sylvine Thomassin, maire de Bondy, conseillère générale de Seine-Saint-Denis
Grégoire Théry, secrétaire général du Mouvement du Nid
Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie
2 commentaires:
Le 14 décembre 2011, la Cour d’Appel de Paris, a confirmé le jugement condamnant Mme Henriette Zoughebi, Vice- présidente (PC) du Conseil Régional d’Ile-de-France.
En février dernier, Mme Zoughebi avait été reconnue coupable de diffamation et condamnée à 500€ d’amende avec sursis, 1500 € de frais de justice et 1€ de dommages et intérêts au STRASS, le Syndicat du Travail Sexuel. La Cour d’Appel a en outre alourdi cette peine de 500 € pour frais de justice.
Sur son blog, Mme Zoughebi s’en était violemment pris aux organisateurs des “Assises de la Prostitution”. Le Tribunal a également ordonné le retrait du texte incriminé, ce à quoi la condamnée s’est toujours soustraite.
Le STRASS salue cette décision, qui rappelle clairement que si la Liberté d’expression doit être respectée et défendue dans le débat sur la prostitution, elle n’autorise personne à diffamer celles et ceux qui défendent les Droits des travailleusES du sexe.
Une décision liberticide d'une «justice» aux ordres! Et qui privilégie la liberté d'expression des proxénètes sur celle de leurs victimes....
Anatomie d’un lobby pro-prostitution - Étude de cas: le STRASS, en France
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