COMMUNIQUE
Sondage AIVI / Ipsos
(Association Internationale des Victimes d’Inceste)
ENQUETE A PARAITRE CE JOUR DANS LA CROIX ET SUR RTL ET FRANCE 3
DIFFUSION IMMEDIATE
MANDATORY CREDIT : AIVI/IPSOS
Etat des lieux de la situation des personnes victimes d’inceste : quel est leur vécu, leur état de santé et l’impact sur leur vie quotidienne ?
A l’heure où notre ministère de la santé planche sur le rapport qu’il doit rendre le 30 juin 2010 sur la création de centre de soins pour les deux millions de victimes d’inceste françaises, AIVI a voulu interpeller le gouvernement sur le fléau de santé publique que représente l’inceste. Fléau social, humain et financier, il mérite qu’on l’étudie.
Mais la France n’a pas de chiffres, ne fait aucune étude, aucune recherche. Les victimes s’entassent dans les services psychiatriques, en unités de suicidologie, anorexie, toxicologie… sans que personne ne s’interroge sur l’origine de leurs maux. Elles ne bénéficient donc d’aucune prise en charge spécialisée.
Nous voulons une volonté politique qui comprenne que soigner les maux sans s’occuper de l’origine du mal c’est comme soigner le SIDA sans s’occuper du virus !
Les américains ont étudié cette question. L’ACE Study, en enquêtant auprès de 17000 personnes a montré l’impact majeur de l’inceste sur la santé des adultes : cancers, diabètes, problèmes cardiovasculaires…
Nous nous sommes inspirés de cette étude pour créer la notre. Deux scientifiques français, le Dr Jehel de l’hôpital Tenon et le Dr Bonnet y ont travaillé.
L’enquête réalisée par l’IPSOS auprès de 341victimes membres d’AIVI et 946 français représentatifs de la population française sur :
- un volet consacré à la santé des victimes et à la prévalence d’un certain nombre de pathologies au sein de cette population
- un volet destiné à comprendre l’impact de l’agression sur leur vie quotidienne et sur les relations avec leur entourage.
Les résultats seront évoqués par Isabelle Aubry, Présidente d’AIVI sur le plateau animé par B. Schoenberg suite au documentaire HORS SERIE de France 3 consacré à l’inceste à 20h35.
Ces résultats sont édifiants :
Les victimes d’inceste souffrent d’un grand nombre de pathologies dans des proportions bien plus importantes qu’au sein de la population française :
o La dépression : 98% des victimes indiquent ressentir actuellement (72%) ou avoir ressenti dans le passé (26%) le sentiment régulier d’être très déprimé, alors que la proportion de Français vivant la même situation est nettement moindre (56%, dont 19% qui le vivent actuellement).
o Les victimes sont davantage sujettes à des comportements à risque ou des addictions comme le fait de fumer plus de 10 cigarettes par jour en moyenne (55% contre 44% en moyenne chez les Français), boire plus de 3 verres d’alcool par jour (30% contre 17%) ou consommer de la drogue chaque semaine (27% contre 9%). La très grande majorité d’entre elles souffre de troubles compulsifs alimentaires comme l’anorexie ou la boulimie (76% contre 9% des Français dans leur ensemble).
o Les tentatives de suicide : 86% des victimes indiquent avoir ou avoir eu de façon régulière des idées ou pulsions suicidaires, une situation que ne rencontrent que 14% des Français. Plus grave, la majorité des victimes est déjà passée à l’acte puisque 53% ont déjà tenté de se suicider, dont un tiers à plusieurs reprises.
Le fait d’avoir subi un inceste a de multiples conséquences sur la vie quotidienne des victimes :
o Le traumatisme est quasiment permanent… Le souvenir de l’agression les dérange régulièrement (94% connaissent cette situation, dont 74% qui la vivent toujours actuellement) et elles font souvent des cauchemars très violents ou dérangeants (86% dont 49% actuellement).
o … et il a un impact sur leur vie sexuelle (77% sont ou ont déjà été dans l’impossibilité d’avoir un rapport sexuel même si elles le souhaitaient) et professionnelle (68% sont ou ont été dans l’impossibilité de se concentrer ou d’exercer une activité professionnelle).
La révélation des faits : un processus long et douloureux :
o Une révélation qui intervient en moyenne 16 ans après les faits… Pour près d’un quart des victimes (22%), c’est même plus de 25 années qui se sont écoulées avant la première évocation des faits à un tiers.
o … et se fait en dehors du cercle familial : la première fois qu’elles en ont parlé, seules 28% des victimes ont abordé le sujet avec un membre de leur famille, les amis, conjoints ou spécialistes étant privilégiés. En revanche, 77% des personnes qui en ont reparlé par la suite ont témoigné de ce qui leur était arrivé à leur famille.
o Une parole qui ne reçoit pas toujours une oreille bienveillante : lorsqu’elles ont révélé pour la première fois ce qui leur était arrivé, la majorité des victimes (55%) indique que leur interlocuteur n’en a plus jamais reparlé avec elles. Plus grave, une victime sur cinq indique que ce dernier leur a demandé ou conseillé de garder le silence, ou qu’il a mis en doute leur témoignage en les accusant de mentir.
o La confrontation avec l’agresseur est rare et difficile : la majorité des victimes (56%) n’a jamais parlé de ce qui s’était passé avec son agresseur et quand elles l’ont fait, ce dernier a, dans la majorité des cas (54%), nié les faits.
o Les faits ne se traduisent que très rarement par une issue judiciaire. Ainsi, seules 30% des victimes sont allées porter plainte, et quand elles l’ont fait, il n’y a majoritairement pas eu de procès. Les personnes qui n’ont pas porté plainte indiquent majoritairement avoir agi de la sorte car les faits étaient prescrits, tandis que 35% expliquent qu’elles ont eu peur d’être rejetées par leur famille.
Tous les tableaux de résultats et dossiers de presse sont disponibles dans la pièce jointe de ce mail et sur les sites http://aivi.org, www.ipsos.fr.
La référence au sondage doit obligatoirement mentionner le nom de l’AIVI.
Contacts :
Ipsos – Christelle Craplet – Tél. : 01 41 98 94 32 – christelle.craplet@ipsos.com
AIVI – Ludivine Phoebus – Tél. : 01 48 93 25 96 – rp@aivi.org
1 commentaire:
J'ai refusé de participer à cette enquête. Un jour peut-être se rendra-t-on compte qu'il existe les incestées cachées qui ne se cachent pas, mais qui ne sont pas adhérentes à AIVI et qui ne sont pas les personnes qui ont obtenues gains de cause en justice et qui ont droit à la parole. Nous sommes toutes celles restées sous emprise qui mènent tant bien que mal une carrière honorable, voir même brillante et qui s'arrangent pour que ça ne se voit pas. Elles sont un peu comme double. Nous sommes beaucoup plus nombreuses qu'il est imaginable. Le cancer c'est pas mal comme conséquence, mais ça ne se dit pas…
Enregistrer un commentaire