Agressée sexuellement, elle se fait insulter sur son blog : typique de la culture du viol
LE PLUS. Il y a quelques jours, la blogueuse Jack Parker a relaté l'agression sexuelle qu'elle venait de subir dans le métro parisien. Glaçant. Mais ce qui l'était tout autant, voire plus, ce sont certaines réactions d'internautes, sur le mode "tu l'as bien cherché". Muriel Salmona, psychiatre, les décrypte et les dénonce.
Auteur parrainé par Elsa Vigoureux le 17 mars 2014
Un bon exemple du déni qui règne sur la réalité des violences sexuelles et de la non-reconnaissance de leurs répercussions sur les victimes vient de se dérouler sur les réseaux sociaux avec les réactions sexistes odieuses au post de la blogueuse Jack Parker, qui a relaté une agression sexuelle qu’elle venait de subir dans le métro.
C’est la double peine que subissent les victimes de violences sexuelles que nous avons dénoncé lors de la campagne Stop au déni [1] lancée le 8 mars lors de la journée internationales des droits des femmes.
Non seulement elles ne sont que très rarement protégées, écoutées, soutenues et n’ont dans leur immense majorité ni accès à la justice, ni à des soins, mais elles doivent subir suspicions, a priori, mises en cause, minimisations et justifications des agressions et des viols alors qu’il s’agit de délits et de crimes.
La victime reste dans notre société l’éternelle coupable, celle qui doit se taire, se cacher et prendre sur elle sous peine d’être attaquée.
Une agression sexuelle, comme il y en a tant
Alors que Jack Parker rentrait de son travail en métro, un homme a fait mine de se baisser pour ramasser quelque chose par terre et l’a agressée : "J'ai senti ses doigts se faufiler sous ma jupe et s’enfoncer dans mon entrejambe, à travers mes collants" [2]. Elle a vivement réagi en lui tapant dessus.
Rentrée chez elle, elle décrit la scène sur son blog, et nous dit comme elle se sent salie, souillée, déshumanisée, dégoûtée, en colère, et envahie par la sensation des doigts de l’agresseur entre ses cuisses comme "une version tordue du membre fantôme" [3]. Elle termine en exprimant à quel point elle en a assez d’avoir peur, de culpabiliser, d’être en alerte, d’être quotidiennement harcelée, disséquée et déshabillée du regard sous prétexte de drague.
Ce que Jack Parker partage avec ce post est malheureusement l’"ordinaire" du vécu de beaucoup de femmes dans l’espace public, harcèlement sexuel, injures sexistes, agressions sexuelles que le reportage de Sofie Peeter "Femmes de la rue" en en caméra cachée avait bien révélé. L’enquête CVS (2007) sur des jeunes femmes 18 à 21 ans a montré qu’au cours des douze derniers mois, alors qu’elles circulaient dans un lieu public, 64% déclaraient avoir subi des atteintes sexuelles (pelotage, suivie dans la rue, avec insistance, avances ou propositions sexuelles déplaisantes, confrontation à un exhibitionniste) par des hommes adultes majoritairement.
Ces violences sexuelles sont intentionnellement dégradantes et traumatisantes, les hommes qui les commettent ont pour but de réduire chaque femme à un objet sexuel considéré comme étant à leur disposition, et ainsi de transformer l’espace public en un environnement hostile, un espace de prédation où elles deviennent des proies potentielles. Ils mettent en scène mépris, haine et déni de la dignité des femmes qu’ils agressent.
De ce fait, la majorité des femmes ne se sentent pas en sécurité et ont peur dans certains espaces publics, particulièrement quand il fait nuit, et elles n’ont souvent pas d’autre choix que de les éviter.
Des commentaires emblématiques de la culture du viol
Les commentaires sexistes et injurieux sous ce témoignage sont un véritable concentré de ce qu’on appelle la culture du viol qui a été définie par Lonsway et Fitzgerald en 1994 comme des "attitudes et croyances généralement fausses, mais répandues et persistantes, permettant de nier et de justifier l’agression sexuelle masculine contre les femmes".
Le florilège des réactions au post de Jack Parker peut être regroupé en 4 catégories :…
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