Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie le 4 juillet 2013,
LE PLUS. Le projet de loi présenté par la ministre des Droits des femmes mercredi 3 juillet comprend de nouvelles mesures pour lutter contre les violences faites aux femmes. Mais, pour le docteur Muriel Salmona, psychiatre spécialisée dans la prise en charge des victimes, il manque un pan essentiel de la lutte contre ces violences : l'offre de soins spécialisés. Explications.
Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes et porte-parole du gouvernement, a présenté le 3 juillet 2013 en Conseil des ministres le projet de loi-cadre pour l’égalité entre les femmes et les hommes. Il s’agit à l’évidence d’un projet ambitieux qui intègre toutes les dimensions de l’égalité dans toutes les politiques publiques, on ne peut que s’en réjouir.
Ce projet de loi présente un volet sur la protection des femmes victimes de violence (pp.18-24), dans lequel on retrouve des mesures-phares déjà évoquées par le Premier ministre, et dont j’avais parlé dans un précédent article, comme renforcer le dispositif d’ordonnance de protection (p.20) etgénéraliser le téléphone grand danger au 1er janvier 2014 (p.22). L’ensemble de ces mesures représente une réelle avancée, même si elles restent en deçà de ce qui est nécessaire pour lutter efficacement contre ces violences.
Absence de soins spécialisés
Mais il est à déplorer que l’amélioration des soins aux victimes de violences soit à nouveau la grande oubliée de ce volet : aucune mesure n’est proposée, si ce n’est la référence au groupe de travail de laMiprof (mission interministérielle de protection des femmes et de lutte contre la traite des êtres humains), dont je fais partie sur la formation initiale et continue des médecins.
Il nous faudra encore attendre le quatrième plan triennal de lutte contre les violences envers les femmes en septembre 2013 pour espérer des mesures sur les soins. Juste avant, les 2 et 3 septembre 2013, un colloque sera organisé par le ministère des Droits des femmes [1] sur le soin aux victimes et la prise en charge des auteurs dans le cadre des violences faites aux femmes. J’interviendrai lors de ce colloque : il s’agira alors de témoigner et de faire un état des lieux des soins actuellement proposés aux victimes de violence, c’est-à-dire de faire le constat, à quelques rares exceptions près, d’une absence d’offre de soins spécialisés sur tout le territoire (cf. le manifeste).
Cette absence d’offre de soins aux victimes par des professionnels formés et compétents est une perte de chance pour elles et un scandale de santé publique, comme je le dénonce dans "Le livre noir des violences sexuelles" (Dunod, 2013). Actuellement, les femmes victimes de violences ont une consommation de soins bien plus importante que le reste de la population en raison des conséquences des violences sur leur santé.
Camisole chimique
Les études internationales et l'Organisation mondiale de la santé en 2010 ont démontré et reconnu qu’avoir subi des violences est un des déterminants principaux de la santé : soins en psychiatrie (troubles anxieux, dépressions, tentatives de suicide, insomnies, phobies, troubles de la mémoire, troubles alimentaires, addictions, etc.), en médecine générale (stress, douleurs et fatigue chroniques, etc.), en cardiologie, en gynéco-obstétrique, en gastroentérologie, en endocrinologie, etc., hospitalisations répétées, multiplication des arrêts de travail, mise en invalidité…
Mais la cause de tous ces symptômes – les violences et leurs conséquences psychotraumatiques – n’est jamais prise en compte, ni recherchée, et encore moins prise en charge. Les victimes ne reçoivent que des traitements symptomatiques ou anesthésiants (camisole chimique) et font l’objet souvent de diagnostics psychiatriques ou organiques erronés et préjudiciables.
Elles ressentent qu’on les considère comme folles et pénibles. Elles peuvent parfois subir de graves maltraitances de la part de soignants. On leur renvoie que leurs plaintes somatiques et psychiques sont exagérées ou imaginaires, qu’elles sont hypocondriaques, hystériques… Ou bien, à l’inverse, on peut dramatiser leurs symptômes, faire des examens inutiles, les opérer à tort, les traiter pour des pathologies psychotiques, ou pour des démences si elles sont âgées. (…) Pour lire la suite cliquez ICI
1 commentaire:
Un exemple de "maltraitance" hospitalière et qui , accessoirement, a été infligée à une femme sur
http://lesharceleurs.wordpress.com
article : le rétro diagnostic
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