lundi 22 avril 2013

Emission Priorité Santé de Claire Hédon de RFI du 22 avril 2013 sur le livre noir des violences sexuelles avec la Dre Muriel Salmona




89 FM


de 19:31 mn

"Le livre noir des violences sexuelles"
de la Dre Muriel Salmona

À écouter ICI

Témoignages à lire en fin de page









Viol, inceste, mariages forcés, pédophilie, harcèlement sexuel. Encore taboues, les violences sexuelles sont trop souvent passées sous silence. Pourtant, la violence sexuelle représente un important problème de santé publique touchant des millions de personnes chaque année dans le monde, avec des conséquences psychotraumatiques.

Mais quelle est leur ampleur ? Où les victimes peuvent-elles trouver de l'aide ? Que peut-on faire pour éviter la violence sexuelle ? Comment sensibiliser la population ? Quelle est la prise en charge la plus adaptée pour ces victimes ?


  •  Dr Aida Sylla, psychiatre, enseignante à l'Université Cheikh Anta Diop de Dakar et exerçant au Centre hospitalier psychiatrique de Thiaroye en banlieue dakaroise.


Avec plusieurs témoignages ( les quatre premiers sont passés à l'antenne): 

- de la mère de Julie, France : sa fille a été victime à 16 ans de plusieurs viols, la mère de Julie témoigne du déni des viols et des graves maltraitances que sa fille a subi de la part de ceux qui auraient dû la protéger (témoignage à écouter dans l'émission).

- de Caroline, Abidjan, Côte d'Ivoire : Je vais prendre le cas du viol dont j'ai été victime à l'âge de 15 ans par un camarade de classe. Naïve que j'étais, il m'a enfermée dans sa chambre pendant que personne n'était là, il avait mis la musique très fort si bien que personne ne pouvait entendre ma voix pour me secourir et il m'a sauté dessus pour me violer. Je ressens de la haine pour lui parce que trois mois après l'acte, j'ai eu mes premières règles. Je suis sûre que c'est à cause de lui que j'ai eu mes premières règles. Le drame est qu'aujourd'hui quand j'ai envie de faire l'amour, j'ai l'image du viol en tête si bien que je ne jouis pas. Je suis encore perturbée psychologiquement plus de 15 ans après.

- de Christelle, Douala, Cameroun : j'ai 20 ans, j'ai été abusée durant mon enfance, par un oncle qui vivait chez nous ; j'avais 4 ans quand cela s'est passé. Au début j'ai eu du mal à réaliser ce qui m'était arrivé. Ce n'est que plus tard que j'en ai pris conscience. J'ai refusé d'en parler autour de moi, car ce n'était pas évident. Chez nous, au Cameroun, des associations incitent à la dénonciation mais il y a beaucoup d'obstacles : culturels, sociologiques, juridiques, etc. Nous sommes victimes de l'honneur de la famille, on n'aime pas exposer la famille. Du coup, moi qui veut faire de la dénonciation des violences faites aux enfants, mon combat reste difficile, je rencontre très souvent des victimes, on essaye d'en parler mais ces dernières sont réticentes à l'idée d'en parler, pour ne pas être étiquetées et pointées du doigt dans la société. Aussi et surtout, les autorités demandent des preuves. Justement, comment prouver que quelqu'un a été victime de viol ? Surtout si les faits ne sont pas récents.

- d'Arnaud, Brazaville, Congo-Brazaville : À Brazaville, le harcèlement sexuel est quotidien et constant. Dans les bus, dans les coins des rues, les jeunes interpellent, sifflent les femmes, dans les boîtes de nuit, on a des danses comme la rumba où vous dansez comme si vous faisiez l'amour, c'est oppressant pour les femmes, même au travail c'est compliqué pur elles. Il faut lutter contre ça avec l'aide du Ministère de l'Education Nationale avec des programmes de sensibilisation. Le harcèlement s'est vraiment balisé, ce n'est pas normal !

- de Fatoumata, Conakry, Guinée : En Guinée, c'est l'impunité pour les violeurs parce que souvent les femmes ont honte de porter plainte à la police. Il faut plus d'informations et il faut pousse les gens à en parler, à exposer leurs problèmes pour qu'on puisse les aider. Par exemple, suite aux évènements du 28 septembre, où des militaires ont violé des femmes, se sont même permis de les exciser, des ONG ont proposé à ces femmes qui avaient été victimes de violences sexuelles de prendre en charge les traitements. Mais beaucoup d'entre elles ne bénéficient pas des médicaments et des soins qui sont chers, c'est vraiment dommage !

- de Norrah, Lumbashi, RDC : À Lumbashi, concernant le viol, un tribunal pour femmes et enfants est mis en place pour juger le violeur (autrement appelé MUVIOLO). L'éducation sexuelle, comme expliquer les changements qui se produisent à la puberté, ici, on n'en parle pas, certaines confessions religieuses se regroupent pour éduquer les leurs, dans beaucoup de familles, c'est trop rare cette éducation sexuelle.
Je fais partie d'un groupe de jeunes qui se nomme le Tendre Cœur, c'est un groupe de discussion et on a abord la question des violences sexuelles. Il faut sensibiliser les gens, grâce à la télévision, en mettant en place des débats, des conférences, en allant dans les campagnes.

- de Clavert, Brazaville, Congo-Brazaville : Les violences sexuelles en Afrique restent un sujet tabou parce qu'il y a un manque de sensibilisation de la part des autorités qui sont censés mettre des infos à la disposition des femmes. Les citoyens ne sont pas suffisamment informés, ils ignorent même ce que sont les violences sexuelles. Les femmes ne savent pas qu'entre deux époux, il peut y avoir viol ! Il n'y a pas de système d'assistance vis à vis des victimes de violences sexuelles. Les femmes quand elles sont victimes, elles ne savent pas à qui s'adresser. Et en matière de viol, les familles ont souvent l'habitude de régler cela à l'amiable, c'est la loi coutumière qui prime sur la loi pénale. Cela se règle souvent comme ça, parce que c'est la honte pour la famille d'avoir une fille violée, et souvent les familles s'arrangent pour garder le silence moyennant quelques francs CFA.

- de Marie, Dakar, Sénégal : Après avoir voyagé régulièrement avec mon patron chez qui j'avais été engagée comme femme de ménage, il a fini par me violer !!! Il refusait et surtout m'empêchait de me laisser rentrer dans mon pays. Il m'obligeait à faire des choses que je ne supportais pas de faire ! Il a même acheté la police pour que rien ne lui arrive !



le livre noir des violences sexuelles

de la Dre Muriel Salmona



Avec son site ( informations, articles, nombreux témoignages, ressources et bibliographie actualisées, vidéos, etc. ) : 

Avec, à feuilleter, les premières pages du livre noir des violences sexuelles en cliquant ICI

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