mardi 17 octobre 2017

UN AN APRÈS : POUR UNE SOLIDARITÉ ET UN SOUTIEN TOTAL À L’INTERPRÈTE D’ORIGINE AFGHANE, TRAVAILLANT POUR FRANCE 5, VIOLÉE DANS LA JUNGLE DE CALAIS


UN AN APRÈS : POUR UNE SOLIDARITÉ ET UN SOUTIEN TOTAL À L’INTERPRÈTE D’ORIGINE AFGHANE, TRAVAILLANT POUR FRANCE 5, VIOLÉE DANS LA JUNGLE DE CALAIS 

STOP AU DENI, STOP À L’IMPUNITÉ 




Il y a 1 an, le 18 octobre 2016, à 2h30 du matin, alors qu’elle travaillait dans la jungle de Calais avec un journaliste à la réalisation d’un documentaire sur les migrants mineurs isolés pour le compte de France 5 (« Calais, les enfants de la jungle »), une femme de 38 ans interprète en langue patchoune d’origine afghane a subi un viol en réunion sous la menace d’une arme blanche. Ils étaient trois agresseurs, des migrants afghans, des passeurs, pendant que le journaliste était maintenu à terre sous la menace de couteaux par deux des agresseurs, le « chef » a violé à deux reprises sous la menace d'un couteau à longue lame l’interprète en lui disant qu’il la tuerait et la découperait en morceaux après qu’ils l’aient tous les trois violés, au moment le chef allait passer la relève à un des deux autres pour continuer les viols, le bruit d’enfants migrants s’approchant les ont interrompus et fait fuir, l’interprète et le journaliste ont été pris en charge par la police et les Unités Médico-Judiciaires. L’interprète en état de choc a été hospitalisée.

Les médias en ont parlé pendant quelques jours puis, comme les agresseurs n’ont pas été retrouvé et que la jungle a été démantelée, plus rien,« silence radio »…

L’enquête policière n’a rien donné et elle est toujours au point mort un an après, depuis la jungle de Calais a été démantelée. L’interprète qui a été auditionnée par la police judiciaire a plusieurs reprises n’a jamais été convoquée par un juge d’instruction…

Pourtant grâce à ses nombreux contacts (c’était le deuxième documentaire sur les viols subis par mineurs isolés auquel participait cette femme engagée) l’interprète a fait sa propre enquête et retrouvé sur les réseaux sociaux les noms des trois agresseurs et leurs photos… Un témoin a confirmé qu’il s’agissait bien d’eux, et a confirmé qu’il s’agissait d’un guet-apens et qu’ils voulaient tuer l’interprète après l’avoir violée…

Nous sommes un an plus tard cette femme - que nous soutenons - extrêmement traumatisée vit avec sa fille dans la terreur, sous les menaces d’agresseurs très dangereux qui sont libres (ils lui ont fait passer des menaces de viols et de mort par l’intermédiaire d’un de ses contacts), ce sont ceux là-même que les mineurs isolés désignent comme ceux qui les terrorisent et les violent, celui qui l’a violée à deux reprises est considéré comme un chef passeur, il est probable qu’il fasse passer des terroristes.

Elle se retrouve seule traquée, sans soutien, en situation précaire, elle a continuellement peur mais elle est obligée de travailler en tant qu’interprète patchoune et de côtoyer dans la peur chaque jours des migrants afghans. Sa vie est un enfer permanent.

Elle se sent totalement abandonnée, livrée à elle-même, ce qui aggrave son traumatisme. Que l’enquête ne progresse pas, qu’elle n’ait plus aucune nouvelle ni soutien de France 5, lui donne à penser qu’elle n’a aucune importance, aucune valeur, qu’elle n’est rien et c’est extrêmement douloureux. Elle se décrit comme brisée.

Pourquoi cet abandon, ce silence médiatique ? Pourquoi l’enquête ne progresse pas ? Pourquoi les photos de ces hommes qu’elle a reconnu formellement ne sont pas diffusés au moins dans les services de l’OFPRA ? 

En ce jour d’anniversaire j’aimerai que nous soyons toutes et tous solidaires de cette femme qui a subi un crime et qui a risqué sa vie alors qu’elle travaillait sur un reportage très engagé pour dénoncer les viols subis par les mineurs étrangers isolés, et que nous réclamions justice et protection pour elle et sa fille.

À propos du documentaire pour lequel elle travaillait : Le film documentaire « Calais, les enfants de la jungle », a été diffusé le Mardi 11 avril 2017 sur France 5 à 22h10 dans "Le Monde en face » : « Ce film documentaire met en lumière une situation inimaginable et alerte sur la situation des enfants perdus du camp " jungle de Calais ", Les réalisateurs du documentaire ont suivi pendant plus de 6 mois le quotidien de mineurs isolés du camp. Leur film, dénonce leur tragique situation et les manquements de l’Etat. Ils voyaient l’Europe comme une chance. Dans le nord de la France, ils ont trouvé l’enfer. »


Rendons-lui hommage, et assurerons-la de notre  soutien ! Soyons solidaires et réclamons protection et justice pour elle !


Pas de Justice, Pas de Paix


Dre Muriel Salmona,
présidente de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie




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