Assiste-t-on à un tournant historique pour les
victimes de violences sexuelles avec le mouvement #BalanceTonPorc et #MeToo ?
Bourg la Reine le 29 octobre 2017
Dre Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, drmsalmona@gmail.com, tel : 0632399934, memoiretraumatique.org
Ce dimanche 29 octobre 2017, de grands rassemblements ont eu lieu dans onze villes de France pour dénoncer les violences sexuelles que subissent les femmes et les filles à la suite des milliers de témoignages de harcèlements, agressions sexuelles et viols sur les réseaux sociaux via les haschtags #BalanceTonPorc et #MeToo.
Une concrétisation du mouvement #MeToo dans l’espace publique
C’est dans ce contexte de libération inédite de la parole des femmes victimes de violences sexuelles, et au sein même de ce mouvement spontané sur les réseaux sociaux, qu’il est apparu nécessaire de concrétiser #MeToo dans l’espace public, dans « la vraie vie ». Le but de ces rassemblements dans toute la France a été de se rencontrer, d’échanger, de ne plus être seules et de s’entraider en mutualisant des expériences et des ressources. Il s’est agi également d’amplifier le mouvement pour qu’il gagne en puissance, avec l’espoir d’obtenir un changement de regard de toute la société sur ces violences et de créer une dynamique solidaire autour des victimes afin de briser le silence, de sortir du déni, de déconstruire la culture du viol et de lutter contre l’impunité.
Nous espérons que ce mouvement soit un véritable tournant historique et qu’il suscite une indignation et une prise de conscience à hauteur du scandale humain et du problème majeur de santé publique que représentent ces violences sexuelles. Il est temps de ne plus tolérer qu’autant d’enfants, de femmes, de personnes vulnérables et discriminées soient exposé.e.s dans la plus grande indifférence à ces violences sexuelles que ce soit dans leur famille, leur couple, leur travail, leur institution et tous leurs lieux et espaces de vie.
Et nous espérons que ce mouvement se traduise concrètement par une meilleure protection de toutes les victimes de violences sexuelles, une meilleure prise en charge et reconnaissance par la justice, un meilleur respect de leurs droits.
L’ampleur, la gravité, l’impunité, ainsi que le caractère sexiste et discriminatoire de ces violences sexuelles sont indignes de sociétés démocratiques qui se prétendent égalitaires. Ils sont une question de droits fondamentaux humains et de justice universelle.
N’oublions pas les victimes les plus vulnérables, soyons leur porte-parole
Il est essentiel que ce mouvement spontané se fasse le porte parole de toutes les personnes victimes de violences sexuelles, et particulièrement de toutes celles qui ne peuvent pas être entendues sur les réseaux sociaux, dans les médias et dans la rue et qui en sont les principales victimes, à savoir les enfants, les personnes les plus vulnérables (personnes handicapées, présentant des troubles du spectre de l’autisme, migrantes, sans domicile fixe, marginalisées, victimes de la traite, personnes placées dans les institutions, etc.), ce sont les plus nombreuses, elles représentent une masse invisible en grande détresse, le plus souvent abandonnées. Il faut aller vers elles, pour savoir ce qu’elles subissent et se battre pour elles, pour qu’elles soient enfin protégées et que leurs droits soient respectés.
La lutte contre ces violences est un combat politique de toute la société et des pouvoirs publics, ces derniers étant dans l’obligation de protéger impérativement toutes les personnes qui y sont exposées, et plus particulièrement celles qui les subissent majoritairement : les filles, les femmes et les personnes les plus discriminées et vulnérables.
Une société gangrénée par les inégalités, le déni et la culture du viol
Une société encore trop inégalitaire et un long passé de culture du viol consistant à culpabiliser, humilier, discriminer et mépriser les victimes, de tolérance et de complicité avec les agresseurs, ont entravé et ralenti une prise de conscience de la gravité de ces violences et de l’injustice faite aux victimes, et ont empêché la mise en place de réformes nécessaires.
Nos structures éducatives, sociales, sanitaires et judiciaires ont toutes échoué presque totalement à protéger et à prendre en charge les victimes, ainsi qu’à empêcher ces crimes sexuels de se produire à grande échelle, principalement sur les personnes les plus vulnérables et discriminées. La gravité des conséquences des violences sexuelles sur leur vie et leur santé à long terme n’est pas encore reconnue comme un problème majeur de santé publique et de société. Les professionnels du soin ne sont toujours pas formés et l’offre de soin est très insuffisante. La protection, la solidarité et les aides sociales ne sont pas à la hauteur. La justice est quasi absente. Les victimes de ces crimes sont confrontées à des injustices en cascades, et leur perte de chance en terme de santé et d’intégration sociale est énorme, d’autant plus qu’une prise en charge précoce et des soins appropriés éviteraient la majeure partie des conséquences des violences ainsi que la production de nouvelles violences.
Aux termes du droit international, l’Etat peut être tenu responsables d’actes de violence sexuelle perpétrés par des particuliers s’ils ont manqué à leur obligation d’empêcher ces actes ou de protéger les victimes.
C’est pourquoi notre association a lancé et présenté le 20 octobre 2017 un Manifeste contre l’impunité des crimes sexuels avec 8 ensembles de mesures à la ministre Marlène Schiappa au secrétariat d’État à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Une volonté politique forte avec des moyens financiers importants sont nécessaires pour mettre en place un plan ambitieux avec des mesures urgentes accompagnées de réformes du code pénal et du fonctionnement de la justice, de la protection de l’enfance, de la protection sociale et de la santé, pour prévenir ces violences, pour lutter contre l’impunité, pour protéger toutes les victimes et pour les prendre en charge avec une offre de soin adaptée afin qu’elles ne subissent pas de perte de chance, et qu’elles accèdent à la justice et à des réparations.
Retour sur un mois de libération de la parole des victimes de violences sexuelles
Ces haschtags ont été lancés respectivement en France et aux États-Unis après le séisme et les révélations en cascades provoquées par l’article du New York Times du 5 octobre 2017 révélant que plusieurs actrices accusaient le producteur le plus puissant d’Hollywood, Harvey Weinstein, de violences sexuelles. Tout le monde savait, beaucoup étaient complices ou soumis à la toute puissance d’Harvey Weinstein, les actrices victimes avaient presque toutes essayé de parler, mais les pressions, les menaces, la loi du silence, la peur de ne pas être crues ou pire d’être culpabilisées, méprisées, rejetées et humiliées, bâillonnaient efficacement les victimes.
Au cours des quatre semaines qui ont suivi, nous avons assisté à une libération de la parole de très nombreuses actrices la plupart très connues, nord-américaines mais également européennes dont plusieurs françaises, et pas moins de 82 ont témoigné avoir été agressées, et pour certaines violées par Harvey Weinstein. Cette vague de dénonciation s’est rapidement étendue à d’autres hommes puissants comme le réalisateur James Toback avec 310 femmes ont contacté le journaliste du Los Angeles Times pour se plaindre de harcèlements sexuels et d’agressions sexuelles. Et de plus en plus de célébrités racontent avoir été victimes d’agression sexuelle et de viols à Hollywood quand elles étaient mineures
Soudain la parole de ces femmes victimes de violences sexuelles était enfin entendue, elles étaient crues, reconnues et les agresseurs si longtemps protégés étaient mis en cause.
Un vent d’espoir s’est alors levé. Grâce à ces témoignages d’actrices vedettes, qui étaient enfin entendus, reconnus et qui suscitaient pour la première fois, à cette échelle, une réelle indignation, la parole de nombreuses autres femmes victimes de violences sexuelles dans le milieu du cinéma s’est alors libérée par vagues successives et a été relayés par les médias, permettant de dévoiler auprès du grand public l’ampleur et la gravité du phénomène, et la tolérance complice, le déni et l’impunité qui avaient régné jusque là. Rappelons-le 83% des victimes de violences rapportent n’avoir jamais été ni protégées, ni reconnues, seuls 10% des victimes de viols portent plainte et 1% des viols sont condamnés en cours d’assise dans une impunité quasi totale…
Après le milieu du cinéma, d’autres milieux, avec les haschtags #BalanceTonPorc et #MeToo sur les réseaux sociaux, ont été à leur tour touchés par des dénonciations : les femmes de plus en plus encouragées par l’impact inespéré de la parole de très nombreuses victimes se sont mises à parler malgré leur peur et leurs traumatismes. Ainsi, des pans entiers de plus en plus nombreux de notre société sont apparus au grand jour comme totalement gangrénés par le sexisme et les violences sexuelles. Les femmes quelles que soient leur âge, leur milieu d’origine, leurs parcours professionnel, témoignaient presque toutes avoir subi plusieurs violences sexuelles dans le cadre de leurs études et de leur travail : harcèlement sexuel, agression sexuelle ou viol, et dénonçaient plusieurs agresseurs le plus souvent sans les nommer.
Un mouvement sur les réseaux sociaux et dans les médias spontané, libérateur et solidaire totalement inédit par son ampleur
De plus en plus de femmes sont alors venues en renfort par solidarité et parce qu’elles se sont senties soudain légitimes et beaucoup plus sécurisées pour parler de ce qu’elles subissaient au mieux dans une indifférence et un abandon de tous, ou au pire dans une opprobre et une culpabilisation qui pesaient sur elles et non sur les agresseurs quand elles cherchaient du secours et un soutien (phénomène qu’on appelle la culture du viol qui met en cause les victimes, banalise les viols et dédouane les violeurs).
Et, rapidement, toutes ces femmes, après avoir dénoncé les violences sexuelles subies au travail, ont commencé à dénoncer toutes les autres violences sexuelles, celles subies le plus souvent dès l’enfance, dans la famille, dans le couple, à l’école, à l’université, dans toutes les activités de loisir et de pratiques religieuses, dans le sport, dans le cadre des soins et des institutions… la liste est tellement longue. Rares sont les femmes qui n’ont pas subi plusieurs violences sexuelles tout au long de leur vie par plusieurs agresseurs. Ces violences sexistes et sexuelles sont systémiques, elles s’exercent dans un contexte de domination masculine sur des personnes discriminées et/ou vulnérables avant tout. Nous vivons dans un monde où être née femme scelle votre destin et fait de vous une proie potentielle où que vous soyez, quelle que soit votre histoire, vos croyances, vos engagements, votre milieu d’origine, votre statut social, vos études, votre travail, votre personnalité, votre âge, votre aspect physique, etc… Destin effarant d’être un jour ou l'autre une proie, sous couvert de sexe, pour un homme ou un groupe d’hommes, et d’être injuriée, agressée, violée, torturée et tuée… d’être condamnée à vivre dans un monde de non-droits.
Quelle femme n’a pas été traitée de putain ou de salope à un moment de sa vie ? Quelle femme n’a pas été agressée par un exhibitionniste ? Quelle femme n’a pas subi un baiser forcé, une main aux fesses ou sur un sein ? Quelle femme n’a pas eu à «céder» à des avances dans un contexte de contrainte, à «accepter» des actes sexuels qu’elle ne désirait pas et qu’elle n’était pas en mesure de refuser ? Quelle femme n’a pas entendu sous couvert de « désir » des mots de guerre comme je vais te tirer, t’empaler, te tringler, t’exploser, te défoncer… ? Quelle femme n’a pas été menacée ou eu très peur dans la rue, lors d’une soirée, à son travail, chez elle, d’être violée, d’être tuée… ? Ce risque pèse sur toutes les femmes depuis leur petite enfance, un regard, une parole, un geste va très tôt leur faire comprendre qu’à tout moment elles peuvent être réduites à un objet sexuel convoité, pour être humiliées et consommées. Et un véritable bourrage de crâne s’opère sur elles avec des stéréotypes, une publicité sexiste et une pornographie mystificatrices et désastreuses qui véhiculent des images dégradées de la femme et hyper-violentes de la sexualité.
Une prise de conscience de l’ampleur et de la gravité de ces violences par l’opinion publique
Le grand public découvre avec ce mouvement l’ampleur des dégâts et la réalité choquante de ces violences sexuelles, les médias en donnant la parole à des expertes ont commencé à diffuser les chiffres et la réalité des violences sexuelles et de l’abandon où sont laissées les victimes sans protection, ni aide, ni soins, ni accès à la justice et à des réparations, dans un déni total de leurs droits fondamentaux :
- en France, les violences sexuelles bénéficient d’une impunité quasi-totale. Le viol reste le crime le moins rapporté aux autorités publiques et le moins condamné en tant que tel. Seules 10% des victimes de viols et de tentatives de viols arrivent à porter plainte, et seuls 1% de l’ensemble des viols et tentatives de viols sont condamnés en cour d’assises. Sur les 10% de plaintes, 60% sont classées sans suite pour les victimes mineures, 70% pour les majeurs, 20% sont déqualifiées et seules 10% aboutissent à une condamnation aux assises. 81% des victimes de violences sexuelles ayant porté plainte déclarent avoir le sentiment de n’avoir pas été reconnues par la justice (ONDRP 2010-2015, V. Le Goaziou, 2016, IVSEA, 2015). Et les procédures judiciaires sont très souvent traumatisantes en exposant les victimes à leurs agresseurs et ressenties comme maltraitantes : 82% des victimes de violences sexuelles ayant porté plainte estiment ne pas avoir été protégées, 77% ont mal vécu les procédures judiciaires, 89% ont mal vécu le procès, et les procédures ont augmenté significativement les risques suicidaires (IVSEA, 2015).
- cette impunité est très spécifique aux violences sexuelles et elle est gravement inégalitaire et discriminatoire car ce sont avant tout en grande majorité des crimes sexistes : les principales victimes étant des principalement des filles et des femmes (83% des viols) les criminels étant des hommes très majoritairement (95%) connus des victimes dans plus de 90%, et un membre de leur famille ou un partenaire dans la moitié des cas, et des crimes touchant particulièrement des personnes vulnérables : des enfants, des personnes handicapées (elles subissent 4 fois plus de violences) et plus particulièrement les filles présentant des troubles du spectre de l’autistismes (jusqu’à 90% d’entre elles ont subi des violences sexuelles, 78% tout sexe confondu, Brown-Lavoie, 2014), des personnes malades, racisées, migrantes, précarisées, marginalisées, sans domicile fixe, des personnes en situation prostitutionnelle, etc.
- ces crimes sont d’une ampleur considérable, ils sont répartis dans tous les secteurs socio-culturels et : les grandes enquêtes de victimation montrent qu’une femme sur 6 et un homme sur 20 ont subi au moins un viol ou une tentative de viol dans leur vie, dans plus de 60% des cas en tant que mineur.e.s, 83 000 femmes et 124 000 filles subissent des viols et tentatives de viols chaque année, 14 000 hommes et 30 000 garçons (CSF, 208, ONDRP 2010-2015), 27% des français connaissent au moins une victime d’inceste dans leur entourage et au total 6% des Français déclarent avoir été victimes d’inceste, une proportion qui monte à 9% chez les femmes, soit 4 millions de français (sondage AIVI/Harris Interactive, 2015). les enfants et plus particulièrement les filles sont les principales victimes, notre enquête a montré que pour les 1214 victimes qui y ont participé 81% des violences sexuelles ont commencé avant 18 ans, 51% avant 11 ans et 21% avant 6 ans (enquête IVSEA, 2015), et les viols sont commis par des personnes connues de la victimes dans plus de 90% des cas, par un membre de la famille dans la moitié des cas pour les victimes mineures, par un conjoint ou partenaire dans la moitié des cas pour les victimes majeures,
- les victimes de crimes sexuels sont abandonnées et maltraitées, leurs droits fondamentaux ne sont pas respectés. La grande majorité sont condamnées à survivre exposées aux violences et à leurs très lourdes conséquences psychotraumatiques sans reconnaissance, ni aide, ni protection, ni soins, ni accès à la justice et à des réparations. Les crimes sexuels qui se produisent dans un cadre de domination et de discrimination sont de véritables usines à fabriquer de la souffrance, des maladies, des inégalités, de la précarité, de l’exclusion et de nouvelles violences dans un processus sans fin, en touchant toujours les mêmes catégories de personnes considérées comme inférieures : les femmes, les enfants, les personnes handicapées, racisées et vulnérabilisées. 83% des victimes rapportent n’avoir jamais été reconnues ni protégées. Face à la famille, aux institutions, aux entreprises, c’est la victime et celles et ceux qui la protège qui se retrouvent presque toujours exclues : 50% des victimes traversent des période de grande précarité, et 50% ont dû interrompre leurs études ou leur carrière professionnelles (IVSEA, 2015), et 95% des victimes de violences sexuelles dans le cadre du travail qui les ont dénoncées ont perdu leur emploi (AVFT, 2012).
- toutes les enquêtes ont démontré qu’avoir déjà subi des violences sexuelles, particulièrement dans l’enfance est le premier facteur de risque d’en subir à nouveau tout au long de sa vie, c’est le cas pour plus de 70% des victimes de violences sexuelles.
- les violences sexuelles, et particulièrement les viols ont un impact considérable sur la santé, ils sont extrêmement traumatisants (étude ACE, V.J. Felitti, R.F. Anda). Avec des risques urgents traumatique (blessures grossesse, Infection sexuellement transmissible). Les conséquences psychotraumatiques sur la vie et la santé mentale et physique des victimes sont considérables à court, moyen et long terme, et bien plus encore lorsque les violences sexuelles ont été subies dans l’enfance (avec près de 100% de troubles psychotraumatiques chroniques) ; elles sont un problème de santé publique majeur. Avoir subi ces crimes dans l’enfance est la première cause de mort précoce, de suicide, de dépression, de conduites addictives, de grande précarité et de marginalité, de nombreuses pathologies somatiques 97% des victimes de viols (98% pour les viols incestueux) ont des conséquences sur leur santé mentale et 43% ont des conséquences importantes ou très importantes sur leur santé physique or les victimes mettent en moyenne 13 ans avant de trouver un professionnel formé. 82% des étudiants en médecine n’ont pas eu de formation sur les violences sexuelles, alors que 95% pensent que le médecin a un rôle majeur pour les victimes et plus de 95% veulent recevoir une formation pour dépister les violences sexuelles, les prendre en charge et en traiter les conséquences. Soigner les psychotraumatismes permet d’éviter la presque totalité des conséquences des violences sexuelles sur la vie et la santé des victimes et permet d’éviter des morts précoces et de prévenir de nouvelles violences.
Un nécessaire soutien de toute la société, y compris des hommes
Toute la société y compris les hommes doit s’engager à agir massivement pour dire NON à toutes ces violences sexistes et sexuelles que subissent les femmes et à être solidaires de toutes les victimes de ces violences ? À dire qu’il n’est plus question de les tolérer, ni de les minimiser ? À ce que les hommes disent qu’ils ne veulent plus de ce sexe là, colonisé par des violences et par de la haine qui est une atteinte très grave aux droits, à la sécurité, à l'intégrité et à la dignité des femmes ?
Car, même si tous les hommes ne sont pas des criminels violeurs, ni des agresseurs sexuels, ni des clients de personnes prostituées, combien sont-ils à ne jamais avoir eu cette mentalité de chasseur ? Combien sont-ils à ne jamais avoir considéré sexuellement des femmes comme des proies interchangeables ? Combien sont-ils à ne pas avoir traité une fois une femme de salope ou de putain ? Combien sont-ils à ne jamais avoir fait pression pour obtenir un rapport sexuel, à ne jamais avoir considéré qu’une femme qu’ils "aimaient" leur appartenait ? Combien sont-ils à ne pas être intervenu, ni à avoir pris la défense d’une femme qui subissait sous leurs yeux des violences sexistes et /ou sexuelles en considérant que ce n’était pas si grave, que c’était des plaisanteries, de la drague un peu lourde ou qu’elle l’avait bien cherché ? Combien sont-ils à ne pas s’être senti frustré et en colère face à une partenaire qui se refuse à eux, sans prendre en considération ses droits et ce qui la motive, sans réfléchir que si elle a si peu envie c’est qu’elle a des raisons et que toutes les violences qu’elle a déjà subi pèsent d’un grand poids sur sa sexualité, et qu’il faudrait plutôt que de lui en vouloir, se révolter contre toutes ces violences que subissent les femmes ? Combien sont-ils à ne jamais avoir regardé d’images ou de films porno, sans se préoccuper du message véhiculé et surtout sans se préoccuper de la réalité de ces actes violents filmés, et du fait qu’il s’agit de vraies personnes qui subissent cela ?…
Tout le monde doit demander des comptes à tous les hommes violents qui considèrent le sexe comme une prédation, qui s’excitent à la haine contre les femmes, jouissent de leur terreur et de leur humiliation, et qui vont décharger sur les femmes toute leur réserve de violence et de désir de détruire, de torturer, voir de tuer. Et tout le monde doit s ‘engager pour leur dire d’arrêter, que cela suffit, que c’est fini ces privilèges iniques et monstrueux de harceler, d’agresser et de violer en toute impunité !
Une solidarité et un engagement nécessaire de toutes et tous
Tout le monde doit s’engager pour reconnaître la réalité de ces violences, leur gravité, les conséquences psychotraumatiques dramatiques sur la vie des femmes, personne ou presque pour les protéger, pour les prendre en charge, pour les soigner et pour leur rendre justice.
Tout le monde doit s’engager pour se préoccuper de ce que subissent les personnes que l’on côtoie professionnellement ou non, particulièrement les enfants, les personnes vulnérables, les femmes, en posant régulièrement des questions et en soutenant et en étant solidaire de celles et ceux qui révèlent des violences sexuelles.
Il est à rappeler que chaque citoyen a un devoir d’assistance vis à vis de toute personne en danger, un devoir de signalement vis à vis des enfants et des personnes vulnérables qui subissent des violences, et un devoir de dénonciation auprès des autorités judiciaires ou administratives de crimes dont on a connaissance et qu’il est encore possible de prévenir ou d’en limiter les effets, ou dont les auteurs sont susceptibles de commettre de nouveaux crimes qui pourraient être empêchés.
Soyons solidaires de toutes les victimes de violences sexuelles
STOP AU DÉNI, À LA LOI DU SILENCE ET À L’IMPUNITÉ DES VIOLENCES SEXUELLES
Bourg la Reine le 29 octobre 2017
Dre Muriel Salmona, psychiatre, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, drmsalmona@gmail.com, tel : 0632399934, memoiretraumatique.org
Pétitions à signer :
Pétition de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie qui a reçu plus de 32 000 signatures : STOP à l’impunité des crimes sexuels : https://www.mesopinions.com/petition/justice/stop-impunite-crimes-sexuels/35266
et qui est co-signée par 21 associations
et qui est co-signée par 21 associations
Pour lire le Manifeste contre l’impunité des crimes sexuels
Pétition de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie qui a reçu plus de 22 000 signatures : Droit d'être soignées et protégées pour toutes les victimes de violences sexuelles ! http://www.mesopinions.com/petition/sante/droit-etre-soignees-protegees-toutes-victimes/14001
Pétition de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie qui a reçu plus de 35 000 signatures : Pour une imprescriptibilité des crimes sexuels
Pour lire le Manifeste pour une imprescriptibilité des crimes sexuels
Pétition de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie qui a reçu plus de 38 000 signatures : Stop aux violences faites aux enfants
Pour lire le Manifeste stop aux violences faites aux enfants :
Pour en savoir plus sur la culture du viol et les mythes sur le viol :
À lire et consulter sur la culture du viol et les violences sexuelles l’excellent blog féministe : Sexisme et Sciences humaines http://antisexisme.net et ses articles très documentés sur les : Mythes sur les viols.
À lire POUR EN FINIR AVEC LE DÉNI ET LA CULTURE DU VIOL en 12 points article de Muriel Salmona de 2016 réactualisé en 2017 sur le blog stopauxviolences.blogstop.fr : https://stopauxviolences.blogspot.fr/2017/03/pour-en-finir-avec-le-deni-et-la.html
À lire également Le livre noir des violences sexuelles de Muriel SALMONA Paris, Dunod, 2013.et Violences sexuelles. Les 40 questions-réponses incontournables, de Muriel SALMONA Paris, Dunod, 2015.
En quoi connaître l’impact psychotraumatique des viols et des violences sexuelles est-il nécessaire pour mieux lutter contre le déni, la loi du silence et la culture du viol, pour mieux protéger les victimes et pour que leurs droits soient mieux respectés ? de Muriel Salmona 2016 téléchargeable sur le site : http://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/2016-Necessaire-connaissance-de-limpact-psychotraumatique-chez-les-victimes-de-viols.pdf
Ces viols que les Français ne sauraient voir : ce déni alimente la honte des victimes de Laure Salmona mars 2016 : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1490893-ces-viols-que-les-francais-ne-sauraient-voir-ce-deni-alimente-la-honte-des-victimes.html
JUSTICE, VOUS AVEZ DIT JUSTICE ? de Muriel Salmona, 2017 téléchargeable sur le site : http://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Articles-Dr-MSalmona/20170321-lettre_ouverte_viol_en_re%CC%81union.pdf
La victime c’est la coupable de Muriel Salmona, 2011 téléchargeable sur le site : http://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Documents-pdf/La_victime_c_est_la_coupable_4_septembre_2011_Muriel_Salmona.pdf
Pour en savoir plus sur les violences
• Les sites de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie avec de nombreuses informations disponibles et des fiches pratiques sur les violences, leurs conséquences sur la santé, leur prise en charge, et des information sur les campagnes et les actions de l’association :
• Les blogs de la Dre Muriel Salmona :
• http://lelivrenoirdesviolencessexuelles.wordpress.com avec une bibliographie générale
• Le Livre noir des violences sexuelles, de Muriel SALMONA Paris, Dunod, 2013.
• Violences sexuelles. Les 40 questions-réponses incontournables, de Muriel SALMONA Paris, Dunod, 2015.
• Le rapport d’enquête IVSEA Impact des violences sexuelles de l’enfance à l’âge adulte, 2015 SALMONA Laure auteure, SALMONA Muriel coordinatrice Enquête de l’association Mémoire Traumatique et victimologie avec le soutien de l’UNICEF France dans le cadre de sa campagne #ENDViolence (téléchargeable sur les sites http://stopaudeni.com/ et http://www.memoiretraumatique.org
• L’enquête Les français-e-s et les représentations du viol et des violences sexuelles, 2016 conduite par IPSOS pour l’Association Mémoire Traumatique et Victimologie, SALMONA Muriel, directrice et SALMONA Laure coordinatrice et auteure du rapport d’enquête et du dossier de presse téléchargeable sur les sites http://stopaudeni.com/ et http://www.memoiretraumatique.org (3)
• De nombreux articles de la Dre Muriel Salmona, ainsi que des vidéos de formation sont consultables et téléchargeables sur le site http://www.memoiretraumatique.org : http://www.memoiretraumatique.org/publications-et-outils/articles-de-la-dre-muriel-salmona.html
• Des brochures d’information éditées par l’association, sur les conséquences des violences sur la santé à destination des adultes et des jeunes à télécharger sur le site http://www.memoiretraumatique.org et stopaudeni.com
• Des films témoignages Stop au déni-les sans voix de Catherine Zavlav, 2015 sur http://stopaudeni.com
Les publications et rapport de Véronique Le Goaziou : rapport final de la recherche "Les viols dans la chaîne pénale" 2016 consultable sur le site de l’ORDCS
Les viols en justice : une (in)justice de classe ? in Nouvelles Questions Féministes 2013/1 (vol.32)
et écrit avec Laurent Mucchielli : Les viols jugés aux assises : in Questions pénales CESDIP septembre 2010
Enquête CSF Contexte de la sexualité en France de 2006, Bajos N., Bozon M. et l’équipe CSF., Les violences sexuelles en France : quand la parole se libère, Population & Sociétés (Bulletin mensuel d’information de l’Institut national d’études démographiques), 445, mai 2008. http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1359/publi_pdf1_pop_soc445.pdf
consultez la lettre de l’observatoire des violences faites aux femmes publiées sur le site gouvernemental stop-violences-femmes.gouv.fr pour les chiffres sur les violences sexuelles : http://www.stop-violences-femmes.gouv.fr/IMG/pdf/lettre_ONVF_-_no_6_-_mai_2015_-_violences_et_sante.pdf
Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales ONDRP– Rapport annuel sur la criminalité en France – 2015 :
Etude sur les viols et les agressions sexuelles jugés en 2013 et 2014 en Cour d’assises et au Tribunal correctionnel de Bobigny réalisée par l’Observatoire des violences envers les femmes du 93 et le TGI de Bobigny
et sur la déqualification des viols un site à consulter : La correctionnalisation du viol : la négation d'un crime https://lacorrectionnalisationduviol.wordpress.com