lundi 18 juin 2012

Encore un autre témoignage sur viol et soins dans le cadre de la campagne Violences et soins de l'Association Mémoire Traumatique et Victimologie





Encore un autre témoignage sur viol et soins 
dans le cadre de la campagne
de l'Association 
 Pétition à signer ici






Un scandale sanitaire, social et humain : où comment toute une société abandonne les victimes de violence, sans protection ni soin, et fabrique sans fin des souffrances, des maladies, de l'exclusion, de l'inégalité, de l'injustice et de nouvelles violences 



N'hésitez pas à témoigner dans le cadre de cette campagne pour sensibiliser et mobiliser les politiques à cette situation scandaleuse !






Témoignage :



Quand j'avais 15 ans j'ai confié à mon médecin de famille avoir été violée par un autre médecin, une semaine après les faits. Il m'a regardée droit dans les yeux, m'a dit que c'était impossible et que je devrais orienter mes soupçons vers mon père (j'ai une excellente relation avec mon père et il ne m'a jamais touchée)?. Il n'en a pas dit un seul mot à ma mère.
Plus tard, j'ai été hospitalisée pour des crises clastiques. Le psychiatre qui m'a suivie ne m'a jamais demandé si j'avais été victime de violences sexuelles, bien qu'il ait fait part de cette éventualité à ma mère.
Deux ans plus tard, j'avais alors 17 ans, j'ai consulté une sexologue à cause du mon blocage vaginal. Je lui ai confié avoir été violée: elle ne m'a pas crue. A la place, elle me faisait faire de la relaxation mais ça ne fonctionnait pas du tout.
Parallèlement à cela, j'étais suivie par une gynécologue. Malgré toutes mes cystites et mycoses, ma crainte des examens vaginaux, elle ne m'a jamais posé de questions. Une fois, je lui ai demandé si j'avais toujours mon hymen : elle m'a à moitié grondée en me disant que c'était une question stupide, que je devais bien savoir si je l'avais encore ou non... Elle était assez brusque, et elle ne tenait pas compte de mes demandes quand je lui disais de ne pas me brusquer. Du coup, les examens étaient très douloureux pour moi.
  Par contre, c'est ma nouvelle gynécologue qui, au bout de 6 mois de suivi, m'a fait parler et m'a encouragée à porter plainte. Je lui serai toujours reconnaissante pour ça. Elle était sensibilisée au problème puisqu'elle est membre d'un CIDFF (Centre d'Information Des Femmes et des Familles).
  De plus, j'ai eu et ai toujours des problèmes au niveau de la prise en charge psychologique. Après mon dépôt de plainte, on m'a conseillé une psychothérapeute qui était plus intéressée par son reflet dans le miroir que par ce que je racontais. Les séances duraient 20-25 minutes tout au plus, et je n'avançais pas. Elle me disait souvent qu'il y avait pire que mon cas dans la vie, ce qui me faisait culpabiliser.
J'ai ensuite été suivie par un psychiatre, très bien pour toutes les problématiques familiales, mais pour le viol, il adoptait une méthode qui ne me convenait pas. Il essayait de rechercher dans mon enfance des traumatismes qui auraient été réactivés par le viol...
J'ai ensuite été suivie par une psychothérapeute "victimologue" qui, ne croyant visiblement pas un mot de mon histoire, me traitait comme si je souffrais de névrose obsessionnelle. Alors pour mon blocage sexuel, elle me conseillait d'aller à la piscine et de faire des bains à bulles… La semaine suivant le procès, j'étais très mal, et elle m'a proposé un rendez-vous seulement deux mois après ! J'aurais pu me suicider si entre temps je n'avais pas trouvé ma psy actuelle.
Et encore aujourd'hui, c'est dur avec ma nouvelle psy qui s'y connait un peu plus, qui me croit, mais qui a parfois tendance à rester trop dans la théorie. Elle me dit des choses comme "mettez-vous à distance de tout cela, faites confiance à la justice, il ne peut plus rien vous faire maintenant", alors que je sais pertinemment que je ne peux pas faire confiance à la justice et que j'ai en face de moi un pervers de la pire espèce, qui a réussi à manipuler pendant 6 ans la moitié des juges qu'il a rencontrés ! C'est dur, très très dur de devoir taper du poing sur la table pour se faire entendre, même par les psychologues! Et je passe sur les médecins du travail qui, quand ils me voient, croient que je vais bien alors que c'est juste une façade pour garder ma dignité !"

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