Sur le plan cérébral, dès le début d'une agression, notre système d'alarme, l'amygdale (chargée de décoder les émotions et les stimuli de menace), s'active et déclenche une cascade de réactions pour préparer notre fuite.
Elle provoque, entre autres, la production par les glandes surrénales des hormones du stress, l'adrénaline et le cortisol. Résultat : tout l'organisme est sous tension, le flux sanguin, le rythme cardiaque et la respiration s'accélèrent, les muscles sont contractés, prêts à amorcer la fuite.
Mais quand la victime est immobilisée par son agresseur et ne peut pas s'enfuir, très vite l'amygdale cérébrale s'affole ; les centres nerveux au niveau du cortex, sensés analyser et modérer les réactions, sont comme noyés par les signaux d'alerte. C'est la panique totale. L'amygdale surchauffe, la victime est dans un état de sidération. Du coup, elle ne peut plus se défendre ni crier ni même réagir... Elle est comme paralysée, elle est dans un état de stress extrême dépassé et sent qu'elle va mourir.
Alors, pour éviter que le survoltage de l'amygdale ne provoque un arrêt cardiaque, le cerveau déclenche une sorte de court-circuit, en libérant des substances chimiques, de la morphine et de la kétamine, qui vont isoler le système d'alarme. La production d'hormones de stress est alors stoppée.
La victime est comme coupée du monde, déconnectée de ses émotions. Pourtant, la violence continue, mais elle ne ressent presque plus rien, ce qui lui donne un sentiment d'irréalité totale (les victimes le disent : à un moment donné, elles ont l'impression d'être spectatrices de l'événement).
C'est cette dissociation qui va leur permettre de rester en vie, mais qui, paradoxalement, va provoquer le sentiment de culpabilité et bien d'autres conséquences. Car isolée, anesthésiée par les décharges de morphine et de kétamine, l'amygdale n'évacue pas le traumatisme du viol vers l'hippocampe, notre système de mémorisation et d'analyse des souvenirs.
Le moment du viol reste comme piégé en l'état dans l'amygdale. Ainsi, à chaque flash-back, c'est le souvenir du viol non traité par le cerveau que va revivre la victime, un moment extrêmement violent. C'est ce que l'on appelle le stress post-traumatique.
Avec les travaux du Dr Muriel Salmona, psychiatre.
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