lundi 9 novembre 2015

Campagne gouvernementale "face au harcèlement, n’attendons pas pour réagir - Stop, ça suffit" : une belle victoire pour notre combat associatif



Avec vous toutes et tous, c’est une belle victoire pour votre mobilisation notre combat associatif (campagnes, pétitions, actions, tribunes) !  





Lancement le 9 novembre de la campagne gouvernementale 
dans le cadre du plan de lutte contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports en commun.  





Vous avez été près de 30 000 à signer la pétition-lettre ouverte au gouvernement STOP au violences dans les transports en commun soutenue par 11 associations partenaires que notre association Mémoire Traumatique et Victimologie avait lancée en 2014 dans le cadre de notre première campagne STOP AU DENI après l’agression sexuelle d’une jeune femme dans le métro à Lille pour laquelle aucun témoin n’avait réagi. Merci à vous toutes et tous.
Nous préconisions la mise en place en urgence de 7 mesures pour lutter contre contre les violences sexuelles et l’impunité des agresseurs, pour protéger et mieux accompagner les victimes que vous pouvez consulter également  ICI.
Nous avons été auditionnées par le Haut Comité à l’Egalité entre les femmes et les hommes avec les associations Osez le féminisme (campagne #TakeBackTheMetro) et  Stop harcèlement de rue. Plusieurs de nos préconisations ont été reprises dans le rapport du HCEfh rendu le 16 avril 2015 et dans le plan de lutte du ministère des Affaires sociales et des Droits des femmes présenté le 9 juillet 2015.

La campagne lancée le 9 novembre «face au harcèlement, n’attendons pas pour réagir» avec son hashtag #harcèlementagissons son clip et ses nombreuses infographies et informations disponibles sur le site gouvernementale reprend à notre grande satisfaction de nombreux points que nous avions proposés, et nous saluons le travail d’information et l’implication du gouvernement.

«Les injures, les menaces, les violences sont sévèrement punies par la loi. Le harcèlement sexiste et les violences sexuelles ne sauraient être banalisées, tolérés, excusés ou minimisés. Chacun et chacune peut, et a la responsabilité de réagir. La mobilisation citoyenne et l’action publique peuvent permettre de faire reculer ces violences !» C’est ce que nous demandions !

Mais si nous voulons que les victimes soient immédiatement protégées, rappelons-le ce n’est pas sur elles que la charge de se défendre doit peser, d’autant plus que les principales victimes sont des mineurs. La stratégie de l’agresseur, le déni ambiant, l’effet de choc et de surprise des agressions font que les victimes sont le plus souvent dans l’incapacité de réagir par peur, doute, incompréhension, culpabilité, honte, manque de confiance dans le fait qu’elles seront crues et soutenues, sidération et dissociation traumatiques. 

Le ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes prend soin de donner sur son site, en plus de nombreux conseils aux victimes et aux témoins pour réagir en cas d’agression, des informations sur la loi et - il faut particulièrement le signaler - sur l’impact psychotraumatique (informations que je leur avais fournies lors de mon audition). Les informations sur les définitions des différentes violences sexuelles et sur les mécanismes psychotraumatiques sont essentielles pour que les victimes identifient précisément ce qui leur est arrivé, soient informées sur leurs droits, et comprennent que leurs réactions sont normales, dues au traumatisme induit par l’agression et la stratégie de l’agresseur, et pour qu’elles n’en soient pas culpabilisées. De même, ces informations sont essentielles pour que les témoins ne minimisent pas les violences et comprennent que, si une victime ne réagit pas ou semble indifférente, cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas agir et la protéger. Il prend soin également de rappeler la loi et de donner les définitions pénales des violences sexuelles et les peines que les agresseurs encourent.

Reste la nécessité d’un fléchage très précis dans les lieux de transports pour que les victimes et les témoins puissent signaler les violences, et d’une formation de tous le personnel de la SNCF, de la RATP, de tous les autres transporteurs, mais également des policiers, des gendarmes et des pompiers et des soignants qui sont susceptibles d’intervenir lors d’agressions.

La protection des victimes, de toutes les victimes et encore plus de celles qui sont des enfants et des personnes vulnérables, est l’affaire de toutes et de tous. La vigilance et la réaction face à une personne qui subit une agression sont impératives.

Pour cela, il est nécessaire d’interpeller tous les employés et les usagers pour qu’ils interviennent (sans se mettre en danger) en montrant qu’ils ne tolèrent en aucun cas qu’une personne soit agressée, qu’ils vont tout faire pour que cela cesse et ne reste pas impuni (réactions verbales, stratégies de diversion, cris, alertes, appels des secours, signalements, prises de photos ou vidéos) et qu’ils sont solidaires de la victime et préoccupés de sa sécurité et de sa prise en charge. Pour cela, les utilisateurs doivent avoir continuellement accès à des informations pour qu’ils puissent agir au mieux : fléchage et mode d’utilisation des sonnettes d’alarme, interphones, numéros d’appel tels que le 17, le 112, le 3717 pour la SNCF et le 3224 la RATP ; mais également fléchage pour signaler des faits qui se sont produits pour qu’ils soient pris en compte et répertoriés pour instruire des plaintes (pour une agression sexuelle le délai de prescription est actuellement de 3 ans, pour un viol de 10 ans et de 20 ans après la majorité pour les mineurs, il sera probablement augmenté prochainement) et pour mettre en place des systèmes de protection plus efficaces en fonction des lieux et des horaires où se produisent les agressions.

Pour lutter efficacement contre des violences, il faut connaître précisément la réalité de ces violences : quelles sont-elles ? Comment, où, sur qui et par qui elles se produisent ? Il est donc nécessaire de mettre en place comme nous l’avons demandé une plateforme pour répertorier toutes les violences commises, et les traiter à la fois de façon statistique et pour améliorer la sécurité et l’accès à la justice des victimes.

Il ne suffit donc pas de collecter des témoignages et des réactions sur les réseaux sociaux avec le hashtag #harcèlementagissons, comme la campagne encourage à le faire (de nombreuses initiatives de cet ordre ayant déjà été faites sans attendre l’encouragement du gouvernement) mais de faire également un recensement méthodique des violences commises dans le cadre d’un observatoire dédié, pour mieux les analyser et y réagir, et de mettre en place des protocoles bien définis pour secourir les victimes, les protéger, les accompagner en respectant leurs droits (mise en sécurité, information sur leurs droits, facilitation pour déposer de plainte, contacts avec des association, information sur les conséquences sur leur santé et les possibilités de soins). 

Le 9 novembre 2015,

Dre Muriel Salmona, 
présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie



























Aucun commentaire: