Encore un nouveau témoignage
sur viol et soins
dans le cadre de la campagne
de l'Association
Pétition à signer ici
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Un scandale sanitaire, social et humain : où comment toute une société abandonne les victimes de violence, sans protection ni soin, et fabrique sans fin des souffrances, des maladies, de l'exclusion, de l'inégalité, de l'injustice et de nouvelles violences
N'hésitez pas à témoigner de tous les dysfonctionnements dans la prise en charge dans le cadre de cette campagne pour sensibiliser et mobiliser les politiques à cette situation scandaleuse !
Témoignage :
Je me présente très rapidement, j'ai 38 ans et je vis en concubinage. J'ai été attouché par mon frère (j'avais environ 8 ans et lui 3 ans de plus). A l'âge de 16 ans, alors que je ne connaissais rien de l'amour, j'ai servi de "cobbaye" à mon cousin âgé à l'époque de 15 ans. Il m'a violé pendant une semaine, toutes les nuits. J'ai, je pense, tout subi au niveau psychologique : chantage, menace, commentaire grivois, manipulation mentale...
A la fin de cette semaine, je suis repartie de chez ses grands parents abasourdie, ne comprenant pas ce qui m'était arrivée. Puis au fil des mois et des années, ma mémoire a enfoui tous les détails de ces abus sexuels. Je me souvenais, du moins, je savais que j'avais été violé mais je ne savais plus comment ni de quelle façon. C'était le trou noir. J'ai donc vécu dans ce que je pourrais appeler une cage dorée. Ca a duré 10 ans. Quelques années après les abus, j'ai commencé à avoir des flashs, faire des cauchemars, j'étais prise de panique sans cause apparente. J'étais mal, de plus en plus mal. J'ai alors multiplié les conduites à risque, j'ai joué avec la mort, la défiant sans cesse. Puis j'ai commencé à en parler, me disant que forcément, on me croirait. La première personne à qui je l'ai dit, c'est ma mère. Elle m'a fusillé du regard et m'a traité de menteuse et de sale p... blessée par ces propos, je ne lui en ai plus js reparlé. Puis ce fut une autre personne de confiance qui après m'avoir écouté m'a juste dit que c'était des jeux de gosses qui avait mal tourné.
Je fus à nouveau blessé et choqué d'entendre ça. Persistante, j'en ai parlé à nouveau à quelqu'un d'autre (une de mes amies de l'époque) elle m'a dit que c'était "entre ados" et que, comme c'était "juste des doigtés", ce n'était pas vraiment un viol. Je continuais donc à vivre avec ce poids sur le coeur et sur l'âme tout en me disant que c'était peut être pas si grave que ça ce qui m'était arrivé, que les personnes à qui j'en avais parlé avaient peut être raison, que je n'avais pas été violé, et pourtant, ma souffrance, la douleur étaient lancinantes… Je voulais mourir souvent, trop souvent. J'ai donc décidé d'aller voir un psy, puis deux, puis trois, puis quatre, puis cinq, puis six. Ils eurent tous un comportement différent mais qui ne me convenait nullement. Le premier se contentait d'hôcher la tête sans rien dire. La deuxième me fit un chantage odieux (qui me rappelait étrangement celui de mon cousin) : soit je portais plainte contre lui, soit j'arrêtais la psychotérapie avec elle... Le troisième me lança que franchement, c'était pas si grave que ça, que j'étais toujours en vie ! la quatrième me crut à peine et me balança "vous parlez d'amnésie post traumatique, comment peut-on oublier des actes aussi graves ?" . La cinquième et la sixème ne furent pas mieux que les autres. Du genre obstinée, je finis par intégrer un groupe de parole qui m'aida, en parallèle je fus suivi par une psychiatre qui au bout de deux ans estima que je pouvais arrêter les entretiens, que de toute façon, elle ne pouvait plus rien faire pour moi !
Très honnêtement, après tous ces échecs plutôt cuisants, j'allais quand même nettement mieux. J'avais même l'impression d'avoir accouché d'une autre vie, mais un an plus tard (soit un peu plus de dix ans), je décidais de re rencontrer un mec. J'eus la grave erreur de "choisir" un type sur un réseau téléphonique. Je choisis même de le rencontrer chez moi. Dès le premier soir, j'y passais, aucune précaution, aucune tendresse, aucun prélimaire, rien ! ce type me viola pendant quelques mois et ça tous les we. C''était ce qu'on appelle un pervers narcissique. J'ai claqué la porte lorsque j'ai appris par sa bouche qu'il voulait que l'on fasse un truc à trois (il voulait me présenter à un de ces potes et qu'on fasse l'amour tous les trois) .
Comme je ne voulais pas encore connaître le parcours du combattant d'avant (niveau psy je parle), je décidais d'essayer d'avoir de l'aide ailleurs. J'écumais donc le net, à la recherche de forums et de groupe qui pourraient m'aider. Là encore, je me suis complètement leurrée. N'étant pas des pros, je n'arrivais pas à trouver ma place, et comme j'ai un caractère disons assez passionné, je me suis fait virée de tous les groupes et forums qui existent sur le net. J'ai conscience qu'une psychotérapie après ces derniers abus m'auraient été nécessaire, j'ai donc essayé de consulter à nouveau, re re échec ! j'ai vu deux autres pys (deux psychologues) la première, alors qu'elle savait que j'avais un réel besoin de parler de mon ex, a focalisé ces entretiens sur mes parents, la deuxième m'a clairement fait comprendre qu'elle doutait que dans un couple, les viols existent !
Ce qui en résulte de tout ça aujourd'hui : je fuis les psys comme la peste. Je n'ai aucune confiance en l'être humain. Je ne demande plus d'aide de qui que ce soit (et poutant j'en aurais besoin) de peur d'être à nouveau déçue, rejetée, trahie, blessée, pas crue, pas bien prise en charge, etc... Les psychotérapeutes me dégoutent. Je souffre encore beaucoup de ce passé, mais je n'arrive plus à me confier. Mon parcours, le fait d'avoir été malmenée comme je l'ai été, a fait que je me réfugie maintenant dans ma bulle... Voilà quelles sont les conséquences désastreuses de tout ce suivi, ou plutôt ce non suivi. Alors je me débrouille seule, butée comme je suis ça ne risque pas de changer. Je me documente et je lis beaucoup, j'essaie de comprendre pourquoi je me conduis encore parfois comme je le fais, pourquoi j'ai encore des trucs bizarres qui me trottent dans la tête.
Oh bien sûr, si je m'écoutais, j'aurai encore beaucoup de questions à vous poser, beaucoup à apprendre de vous. Vous avez été la première et la seule personne pro à ne pas me rire au nez lorsque j'ai parlé de "fantasmes de viols". Les autres psys n'ont jamais pris ces fantasmes au sérieux... Ils les balayaient d'un revers de la main ou dédramatisaient en me disant que c'était juste des fantasmes et c'est tout. Voilà, je vais pas vous embêter plus longtemps. Merci de m'avoir lue, c'était long, désolée.
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