vendredi 1 mars 2024

Que se passe-t-il dans le cerveau lors d'un trauma ? Explications avec des schémas. Muriel Salmona




Que se passe-t-il dans le cerveau lors d'un trauma ?

Explications avec des schémas

illustration de Muriel Salmona, février 2014


Dre Muriel Salmona, psychiatre

Présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie

 février 2024


article téléchargeable en PDF ICI sur le site memoiretraumatique.org 

https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Articles-Dr-MSalmona/20240523-Que%20se%20passe-t-il%20dans%20le%20cerveau%20lors%20d'un%20trauma-Explications%20avec%20schémas.pdf





Le psychotraumatisme est l’ensemble des troubles neuro-psychologiques survenant lors de situations traumatiques comme des violences, des accidents ou des catastrophes naturelles que les victimes directes, les responsables et les auteurs, les témoins mais également les proches, les secouristes peuvent développer. Parmi ces situations traumatiques, les violences sont les plus à risque de provoquer des psychotraumatismes, les violences sexuelles étant avec les tortures, les plus traumatisantes.


Le cerveau est particulièrement vulnérable aux violences, d’autant plus si les victimes sont des enfants, des personnes âgées ou des personnes présentant des troubles neuro-développementaux . 


Les violences provoquent des atteintes du cortex cérébral, certaines structures corticales pouvant perdre jusqu’à 30% de leur volume, une diminution importante des connexions dendritiques neuronales et des dysfonctionnements importants des circuits émotionnels et de la mémoire. Ces dysfonctionnements sont directement responsables des troubles psychotraumatiques. Des études ont montré que les violences sexuelles sont également à l’origine de modifications épigénétiques des gènes de régulation du stress qui deviennent dysfonctionnels. 


Les atteintes corticales sont visibles sur les IRM du cerveau 




 

Image IRM d’une personne victime de violences sexuelles dans l’enfance (Nemeroff, 2016)


Les atteintes corticales liées au psychotraumatisme sont visibles avec diminution très significative de l’épaisseur de zones au niveau du cortex, les effets les plus importants sont observés dans le cortex somato-sensoriel des zones génitales et buccales (BA3 zones correspondants aux atteintes sexuelles, aires 3 et 2), au niveau du cortex cingulairee antérieur  (CCA impliqué dans le contrôle cognitif et la perception affective de la douleur),  au niveau de l’hippocampe et du gyrus para-hippocampique (PHG qui gère l’intégration de la mémoire, des apprentissages et du repérage temporo-spatial) et dans une moindre mesure au niveau du Précunus ( impliqué dans les fonctions cognitives supérieures de conscience de soi  L’échelle de couleur correspond à un pourcentage de diminution d’épaisseur et ou de taille allant d’un score de 8 (violet) à 20 (rouge) en sachant qu’à partir de 4,7 la diminution est considérée significative.


 

Les soins spécialisés du psychotraumatisme permettent une réparation de ces atteintes neurologiques, grâce à une neurogénèse et une neuroplasticité du cerveau.


Les psychotraumatismes sont des conséquences normales et universelles des violences qui s’installent à long terme


Toutes les victimes et les témoins de violences, quel que soit leur âge, dès la naissance, peuvent les développer. Elles ne sont pas liées à la victime mais avant tout à la gravité de l’agression, à l’impossibilité d’y échapper, ainsi qu’à la mise en scène terrorisante et à l’intentionnalité destructrice de l’agresseur. La vulnérabilité de la victime qui peut être liée à l’âge, au handicap, à la maladie et au fait d’avoir déjà subi des violences, est un facteur aggravant de ces psychotraumatismes. 


L’incapacité intellectuelle ou cognitive de comprendre un évènement violent ou de le mémoriser n’empêche pas de développer des troubles psychotraumatiques, bien au contraire, les conséquences seront encore bien plus graves : un bébé, des personnes polyhandicapées ou ayant des troubles neurodéveloppementaux avec de graves déficits intellectuels et cognitifs, des personnes atteintes de démence seront gravement traumatisés par les violences sexuelles.


Ces troubles psychotraumatiques sont spécifiques des violences et le symptôme principal, la mémoire traumatique qui fait revivre à l’identique les violences comme si elles se reproduisaient, lors de réminiscences, de flashbacks et de cauchemars, est pathognomonique. C'est à dire que ce symptôme est non seulement caractéristique de violences traumatisantes mais aussi qu’il peut établir la preuve diagnostique d'un traumatisme. C’est ce symptôme qui va être à l’origine de la plupart des lourdes conséquences sur la santé mentale et physique des victimes. Les autres symptômes spécifiques sont les conduites d’évitement, une hyperactivité neuro-végétative (sursaut, hypervigilance) et des troubles dissociatifs (dissociation traumatique et conduites dissociantes) qui sont à l’origine d’une anesthésie émotionnelle.


Lors d’événements traumatique graves et terrorisants, représentant une menace pour la vie des victimes, le stress extrême met à mal les mécanismes de défense de l’organisme et la réponse émotionnelle habituelle au danger, avec des mécanismes neuro-biologiques et neuro-physiologiques de sauvegarde exceptionnels qui s'apparentent à une déconnexion. 


Ce sont ces mécanismes de sauvegarde qui sont à l'origine d’un psychotraumatisme avec une dissociation traumatique et une mémoire traumatique. Les structures cérébrales au cœur de ces mécanismes psychotraumatiques, sont celles qui sont impliquées dans les réponses émotionnelles habituelles au danger et dans les circuits de l’apprentissage et de la mémoire.


Pour mieux comprendre ce qui se passe dans le cerveau lors des violences sexuelles, nous allons d’abord décrire les différentes étapes ce qui se passe lors d’une situation de danger qui ne va pas provoquer de psychotraumatisme, puis lors de violences qui vont provoquer un psychotraumatisme.


I La réponse émotionnelle habituelle face au danger




1- Lors d'un événement stressant, les stimuli sensoriels qui représentent un danger atteignent d'abord le thalamus sensoriel (porte d'entrée du cerveau et centre de relais) pour aller activer directement et automatiquement l'amygdale cérébrale qui sert de filtre et d’alarme qui en cas de danger va générer des réponses émotionnelles avant même que l'intégration consciente ait lieu et que les fonctions supérieures du cerveau : cortex frontal (fonction d’analyse et de prise de décisions) et hippocampe (système d’exploitation de la mémoire, des apprentissages et du repérage temporo-spatial) puisse se représenter complètement le danger et traite les informations.



Prenons l’exemple d’un sanglier qui traverse une route devant votre voiture, alors que vous conduisez de nuit sur une petite route départementale. L’amygdale cérébrale alerte du danger et déclenche une réponse émotionnelle de stress, le cortex frontal l’analyse en faisant appel à l’hippocampe pour utiliser les connaissances, expériences et apprentissages de la conduite déjà intégrés ainsi qu’à son évaluation de la distance et du temps de freinage (repérage temporo-spatial).





illustration de Muriel Salmona, février 2014


2- L'amygdale cérébrale est la structure cérébrale non consciente essentielle qui contrôle le déclenchement des réponses émotionnelles, son rôle va être de préparer l'organisme à une conduite de survie, en alertant les fonctions supérieures et en les boostant pour qu’elles traitent la situation et répondent au danger et en faisant secréter par les surrénales des hormones de stress adrénaline et cortisol afin d’augmenter les réserves en « carburant » (oxygène et en glucose) avoir la capacité énergétique de faire d’importants efforts physiques.







illustration de Muriel Salmona, février 2014


3- Une fois le cortex frontal et l’hippocampe activés, la compréhension et l’analyse du danger suivies d’une prise de décision pour l’éviter, le combattre ou le fuir vont avoir un rôle important de modulation de la sécrétion des hormones de stress (adrénaline et cortisol) par l’amygdale cérébrale pour l’adapter aux besoins en réserve de « carburant ».


Dans notre exemple, vous pouvez éviter le danger en donnant un coup de volant ou en freinant tout en contrôlant la direction de la voiture et en vous assurant qu’il n’y a pas de risques avec d’autres voitures, cela ne nécessite pas d’effort physique très important, les fonctions supérieure vont diminuer la sécrétion d’hormones de stress par l’amygdale cérébrale. Sans cette modulation l’importance du stress pourrait rendre très compliquée la gestion de la conduite, en revanche si le danger nécessite de fuir en courant ou de porter secours à une personne en la portant, les besoins énergétiques très importants nécessitent une sécrétion plus élevée d’hormones de stress.



illustration de Muriel Salmona, février 2014


3- L’amygdale cérébrale transmet à l'hippocampe le contenu de sa mémoire non consciente émotionnelle (implicite) pour qu’elle soit intégrée et transformée en une mémoire explicite, consciente autobiographique. 






Tout au long de la situation de danger, l’amygdale cérébrale transmet à l’hippocampe le contenu de sa mémoire non consciente émotionnelle (implicite) pour qu’elle soit intégrée et transformée en une mémoire explicite, consciente et autobiographique.


La situation de danger qui a été gérée et qui n’a pas été traumatique, sera intégrée et stockée en mémoire autobiographique. Cette mémoire permet de faire le récit de l’événement, d’en tirer une expérience, d’en rappeler le contexte émotionnel sans le revivre à l’identique. Le souvenir sera conceptualisé dans le temps et l’espace. Les réactions émotionnelles et sensorielles s’émousseront avec le temps.


Dans notre exemple, il sera possible de raconter à des proches l’évènement avec une certaine émotion mais sans le revivre à l’identique. Le fait d’être ré-exposer à un contexte rappelant l’évènement, comme conduire sur une route départementale la nuit, activera l’amygdale cérébrale (on sera tendu et hyper vigilant), mais on ne revivra pas l’évènement à l’identique on s’en rappellera comme un évènement passé. Au bout de quelques années cette activation disparaîtra petit à petit. Le temps émoussera les émotions.




II  La réponse émotionnelle lors d’un trauma (Violences ou autres situations traumatisantes)



1- L’amygdale cérébrale, comme lors de la réponse habituelle à un danger, va aussitôt s’activer, alerter les fonctions supérieures cortex frontal et hippocampe) et faire secréter par les surrénales des hormones de stress (adrénaline et cortisol)

Mais les fonctions supérieures ne pourront répondre car elles vont être paralysées : c’est la sidération traumatique 

Un événement traumatique, terrorisant, exposant à une peur de mourrir, à des atteintes très graves à la dignité, et à des actes cruels et inhumains telles que des violences sexuelles, provoque l’effondrement des certitudes acquises et un sentiment d’impuissance et de détresse totale et de non-sens, cela entraîne une effraction psychique avec une paralysie des fonctions du cortex qu’on appelle un état de sidération traumatique.


La victime sidérée est alors comme tétanisée, pétrifiée, elle ne peut pas crier, ni parler et dire non, ni bouger, ni organiser de façon rationnelle sa protection, sa défense ou sa fuite.


illustration de Muriel Salmona, février 2014


2- Cette sidération traumatique empêche la modulation, l'atténuation ou l'extinction de la réponse émotionnelle qui ne peuvent se faire ni par la fuite, l'arrêt ou la compréhension et la maîtrise du danger par l'action du cortex frontal associatif et de l'hippocampe (événement incom- préhensible, sans comparaison, sans solution, ne se référant à aucun apprentissage déjà acquis) 

L'amygdale cérébrale face à cette absence de réponse ou de modulation des fonctions supérieures augmente sa réponse émotionnelle qui devient maximale avec une surproduction des hormones de stress, adrénaline et cortisol ;

Les taux élevés d'adrénaline et de cortisol entraînent un sur-régime avec stress dépassé et représentent un risque vital du fait de leur toxicité pour l'organisme : toxicité cardiaque et vasculaire pour l'adrénaline (risque d'infarctus du myocarde de stress, d'hypertension artérielle maligne) ;  neurotoxicité pour le cortisol : avec atteinte des connexions dendritiques et atteintes des cellules nerveuses et mort neuronale par apoptose, particulièrement au niveau du cortex préfrontal et de l'hippocampe avec diminution de volume de ces structures (jusqu'à 30 % dans certaines études).


illustration de Muriel Salmona, février 2014

Il apparaît donc un risque vital pour l'organisme lié au « survoltage » de l'amygdale, ce risque vital va entraîner la mise en place d'une voie de secours exceptionnelle : tout se passe comme dans un circuit électrique où un survoltage risque d'endommager gravement les appareils du circuit, pour les protéger le circuit disjoncte, les appareils sont déconnectés et donc protégés, mais ils ne fonctionnent plus. C'est ce qui se passe dans le circuit de la réponse émotionnelle  avec la production d’un cocktail de drogues morphine et Kétamine-like).


3- Le circuit disjoncte et déconnecte les fibres efférentes de l’amygdale, celle-ci reste allumée mais ne peut plus faire secréter des hormones de stress (adrénaline et cortisol), ni informer le cortex du danger.

Cette déconnexion est à l’origine d’un état dissociatif péri-traumatique : le cortex frontal associatif ne reçoit plus d'information émotionnelle, les stimuli traumatiques continuent d'arriver au cortex sensoriel via le thalamus mais ils sont traités sans connotation émotionnelle, sans souffrance psychologique ni physique, ce qui donne aux victimes une impression d'étrangeté, d'irréalité, de dépersonnalisation, d'être spectateur de ce qui nous arrive (comme si l'on regardait un film) elles sont alors dans un état dissociatif traumatique.


Cette déconnexion est également à l’origine d’une mémoire traumatique : l'amygdale est    déconnectée de l'hippocampe qui ne va plus recevoir le contenu de la mémoire implicite émotionnelle du traumatisme, celle-ci ne pourra pas totalement ou partiellement être intégrée et transformée en mémoire déclarative autobiographique et affective.




illustration de Muriel Salmona, février 2014

 La mémoire implicite émotionnelle piégée dans l'amygdale est à l'origine d'un circuit de peur conditionnée permanent dont l'extinction ne peut pas se faire, le cortex associatif pré- frontal et l'hippocampe ne pouvant pas jouer leurs rôles de modulateurs. Une mémoire traumatique s'installe alors.



III Lors d'un trauma quelles sont les conséquences psychotraumatiques ?



La déconnexion de l'amygdale entraîne un arrêt du risque vital ainsi qu'une analgésie émotionnelle et physique, au prix de symptômes dissociatifs importants et d'une mémoire traumatique piégée dans l'amygdale. Cette dernière reste vive, chargée de l'émotion initiale, mais sans représentation. Hypersensible, la mémoire traumatique est susceptible de se déclencher lors de tout stimulus rappelant le traumatisme, accompagnée d'une forte réponse émotionnelle incompréhensible pour le cortex et l'hippocampe qui reçoivent des messages paradoxaux : un message émanant du thalamus via le cortex sensoriel et sensitif informant de situations banales et un message émanant de l'amygdale envoyant au cortex des informations émotionnelles de situations de danger mortel liées à la mémoire traumatique (flash- back, réminiscences).


Tant que le danger perdure, ou tant que la victime est confrontée au risque qu’il se reproduise (si elle reste en contact avec l’agresseur ou si elle reste dans le même contexte) le déconnexion de sauvegarde reste enclenchée et l’état dissociatif perdure. Dans ce cas, la mémoire traumatique est activée par des stimuli et envahit le psychisme de la victime mais il n’y a pas de connotation émotionnelle, ce qui entraîne chez la victime une tolérance à ces activations et une pseudo indifférence concernant les évènements traumatisants. Cet état dissociatif représente un danger pour la victime qui, privée de ses émotions, se retrouve dans l’incapacité d’évaluer les situations de dangers et d’y réagir de façon adaptée. Elle est alors beaucoup plus à risque de subir de nouvelles violences. Son absence d’émotion fait que ses interlocuteurs ne ressentent pas d’empathie naturelle face à elle, leurs neurones miroirs ne sont pas activés, il est alors fréquent qu’elle ne soit pas crue, lorsqu’elle témoigne des violences qu’elle a subies, très mal protégée, voire même maltraitée. De plus, la dissociation traumatique est à l’origine d’amnésies traumatiques fréquentes pour environ 40% des traumatismes les plus graves, les souvenirs déconnectés de leurs émotions sont comme dans un brouillard qui les rend inaccessibles. Tant que la victime reste dissociée, elle aura de grandes difficultés à parler de ses traumatismes et à dénoncer les violences qu’elle a subi ( Williams, 1998 ; Salmona, 2018).


Quand la victime est enfin protégée, elle sort de son état dissociatif, les activations de sa mémoire traumatique ne sont plus anesthésiées et deviennent extrêmement douloureuses. Pour éviter cette mémoire traumatique intolérable, les victimes mettent en place des comportements d’hypervigilance, de contrôle (de l’environnement et de ses pensées, émotions et sensations) et d’évitements des stimuli. Malgré tout, « des mines peuvent sauter », activées par des stimuli imprévus rappelant le traumatisme, et les victimes n’arrivent pas à calmer l'angoisse extrême (avec sensation de mort imminente) qui se déclenche car aucun lien n'est fait avec l'événement traumatique qui a été souvent oublié ou banalisé en raison de la dissociation et de l'anesthésie affective, aucune modulation et atténuation corticale et hippocampique ne peuvent se faire. Si les « mines » sont trop nombreuses et que la souffrance psychologique devient intolérable, le recours à des solutions extrêmes devient nécessaire pour échapper à cet enfer : la déconnexion spontanée comme lors du premier traumatisme ; la mort (tentatives de suicide) ; le repli total avec un arrêt de toute activité ; ou la mise en place de solution de secours reproduisant la déconnexion et générant une dissociation* avec anesthésie affective : il s'agit de recréer lors de l'activation de la mémoire traumatique ou juste avant son déclenchement l'état de dissociation, solution transitoire et efficace sur la souffrance mais qui à long terme va s'avérer catastrophique, chaque déconnexion aggravant la production de mémoire traumatique, la vulnérabilité au stress, et créant par suractivation du circuit récompense/renforcement un risque de dépendance. Ces solutions de secours sont des conduites dissociantes


Il y a deux manières de recréer la déconnexion :


  • par le survoltage, si le niveau de stress n'est pas assez élevé pour que le circuit disjoncte spontanément, il suffit de faire monter le niveau de stress par des mises en danger et des conduites à risque qui sont d’autant plus efficaces qu’elles reproduisent la violence du trau- matisme initial, sur soi (automutilations, mises en danger, jeux dangereux, sports extrêmes) ou sur autrui (violences), pour disjoncter et s’anesthésier et ne plus ressentir la mémoire traumatique et son cortège de souffrances et de terreurs (il n’y a pas de comparaison entre subir en étant totalement impuissant un allumage de mémoire traumatique, et créer une si- tuation de stress extrême aussi dangereuse soit-elle) ;
  • par un effet « deconnexion-like » grâce à des drogues produisant un effet dissociant : alcool, cannabis et hallucinogènes (effets antagonistes des récepteurs de la NMDA), héroïne (effet sur les récepteurs des opiacés endogènes) ou psychostimulants (effet stress extrême par augmentation des catécholamines, l'anorexie produit le même effet) (voir le chapitre Addictions*).


Ces solutions de secours à l'origine de conduites à risque et de conduites addictives sont dangereuses pour la sécurité des victimes ou celle d’autrui, et pour leur santé, elles aggravent la mémoire traumatique qui est sans cesse « rechargée ».


Les victimes traumatisées sont, le plus souvent, condamnées à survivre seules avec des symptômes psychotraumatiques incompréhensibles et très douloureux, sans se comprendre, à se sentir honteuses et coupables, à se croire folles, incapables de vivre, différentes des autres, monstrueuses (colonisation par la mémoire traumatique de l’agresseur), à avoir peur d’elles-mêmes et de tout ce qui les entoure avec un sentiment de danger permanent, contraintes de mettre en place des stratégies qu’elles se reprochent et qui les isolent et suscitent l’incompréhension, quand ce n’est pas le rejet, de l’entourage. Elles sont à grand risque de subir de nouvelles violences et de se retrouver en situation de précarité et de marginalisation, de faire des tentatives de suicides, et des épisodes dépressifs récurrents, d’avoir des troubles anxio-phobiques et obsesssionnels, des troubles du sommeil et alimentaires, des douleurs et une fatigue chroniques, mais également de nombreuses maladies liées au stress et aux conduites à risque. Or toutes ces conséquences sur la vie et sur la santé mentale et physique sont évitables en protégeant la victime et en traitant sa mémoire traumatique.


IV Traitement des pschotraumatismes


La prise en charge du psychotraumatisme doit être pluridisciplinaire (médical, psychologique, socio-économique et judiciaire). Le traitement de la mémoire traumatique et de ses conséquences est essentiellement psychothérapique et intégratif (Van der Hart, 1997). Le préalable à toute psychothérapie est de protéger la victime et de diminuer au maximum son stress, et de lui donner, ainsi qu’à ses proches protecteurs et ses soutiens, des informations très précises sur les psychotraumatismes et les mécanismes à l’œuvre dans la mémoire traumatique et la dissociation pour permettre une meilleure compréhension des symptômes, et leur donner un sens pour symboliser et élaborer l'expérience traumatique, cette étape de psycho-éducation est essentielle (elle représente près de 50% de la prise en charge). 


Dans un climat de grande sécurité, il s'agit d’identifier précisément tous les traumatismes, de « déminer » le terrain psychique, c'est-à-dire de reconnecter, d’identifier ce qui a été à l’origine de l’état de sidération psychique, l’analyse des stratégies de l’agresseur en fait partie, il s’agit de remettre tout ce qui a été vécu et ressenti en lien et en sens, et de reconnecter cortex et hippocampe, en travaillant sur les souvenirs et les symptômes, en analysant et en séparant ce qui appartient à la victime et ce qui provient de l’agresseur, en les conceptualisant le vécu traumatique pour l’intégrer en mémoire auto- biographique narrative. Avec ce travail l'amygdale cérébrale est rebranchée et le reste grâce à l'action modulatrice et atténuatrice du cortex associatif et de l'hippocampe. Par ailleurs une chimiothérapie anxiolytique peut être nécessaire et des études ont montré que l'action régulatrice au niveau des neurotransmetteurs des antidépresseurs sérotoninergiques entraîne une amélioration des symptômes liés à la mémoire traumatique, mais avec un risque d’accentuer la dissociation (Van der Kolk, 1994 ; Vargas et Davidson, 1993).


Dans les études récentes, parallèlement à l'efficacité clinique du traitement, la neuro-imagerie montre une augmentation du volume de l'hippocampe avec une neurogenèse : les at- teintes neuronales ne sont donc pas définitives (Vermetten, 2003 ; Ehling, Nijenhuis et Krikke, 2003 ; Brown, 2012). Ne pas offrir de soins spécifiques aux victimes traumatisées, représente une perte de chance pour elles.


Pour comprendre ces 2 IRM fonctionnelles (qui permettent de voir l’activité des zones du cerveau, plus l’activité est intense plus les zones apparaissent dans une graduation qui va du blanc au jaune), ces IRM sont celles de deux jeunes femmes victimes de violences sexuelles dans l’enfance, celle de gauche n’a pas bénéficié de soins spécialisés de son psychotraumatisme (PTSD en anglais) avec une mémoire traumatique importante, celle de droite a bénéficié de soins spécialisé et ne présente plus de troubles psychotraumatiques. Les deux jeunes femmes sont dans des IRM, à un instant T donné on leur fait entendre un récit de violences sexuelles, les deux vont avoir un allumage de l’activité de leur amygdale cérébrale (c’est l’amygdale gauche qui est concernée par les réponses émotionnelles).


Mais on voit que pour celle de gauche l’amygdale cérébrale a une activité très intense et elle est d’un volume important, son amygdale cérébrale est chargée de souvenirs trauma- tiques non intégrés avec une connotation émotionnelle intense, cette mémoire traumatique qui s’allume va envahir le psychisme de la jeune femme avec des réminiscences lui faisant revivre le traumatisme comme si il se reproduisait à l’instant avec la même détresse les mêmes émotions et sensations, on notera que l’hippocampe n’est pas visible car il est déconnecté comme lors du trauma et il ne peut pas jouer son rôle de modulation, de contrôle et d’extinction du souvenir intrusif et des émotions, ni celui de contextualisation temporo-spatial pour restituer l’évènement traumatique dans le passé : la jeune femme est envahie par des flash-backs et des émotions qu’elle ne peut pas contrôler qui peuvent lui faire vivre une attaque de panique si on intervient pas pour jouer le rôle de son cortex frontal (qu’on une voit pas sur cette coupe mais qui serait lui aussi éteint) pour la rassurer (elle ne risque rien, elle est en sécurité) et de son hippocampe défaillant pour conceptualiser ce qu’elle ressent et le situer dans le passé. Cette réactivation de sa mémoire traumatique génère de nouveaux souvenirs traumatiques liés à cette expostition, elle charge encore plus son amygdale cérébrale qui devient de plus en plus hypersensible, le trauma ne fait que s’aggraver dans un processus sans fin à chaque allumage et crée encore plus de situations susceptibles d’activer la mémoire traumatique : les examens IRM deviennent des déclencheurs potentiels à éviter et par extension et principe de précaution tout examen radio voire tout examen médical peut devenir phobogène, à fuir car à risque de déclencher des flash-backs, des troubles anxieux ou des crises de panique intolérables et incontrôlables. Se met en place des cercles vicieux, qui, si la patente n’est pas dans l’hypervigilance et le contrôle pour éviter ces situations, vont alimenter et aggraver le trauma. La solution étant de désamorcer et d’intégrer la mémoire traumatique en mémoire autobiographique, on se retrouvera alors dans la situation de la deuxième jeune femme, celle de l’IRM de droite.


Pour celle de droite, l’amygdale cérébrale est de taille normale et son allumage est bien moins intense, la lecture concernant des violences sexuelles, entendue dans l’IRM, l’allume émotionnellement mais de façon modérée car l’amygdale n’est pas chargée de souvenirs traumatiques, ceux-ci ont été intégrés par l’hippocampe qui est très actif sur l’IRM, cet hip- pocampe actif permet de rappeler les souvenirs de l’évènement traumatique en les contex- tualisant dans le temps et dans l’espace (c’est dans le passé) et en contrôlant aisément les émotions de l ‘évènement que le temps a émoussé et qui sont contrôlées et modulées à la fois par l’hippocampe et le cortex, la jeune femme qui a bénéficié d’un traitement de sa mémoire traumatique s’allume émotionnellement quand elle entend une histoire qui lui rappelle les violences sexuelles qu’elle a subi dans son enfance mais les souvenirs de ces violences ne sont plus bloqués dans l’amygdale cérébrale, ils ont été intégrés par l’hippocampe en mémoire explicite autobiographique et conceptualisés dans le temps et l’espace, de ce fait l’allumage de l’amygdale est beaucoup moins intense, et les souvenirs intégrés et contextualisés dans la passé sont beaucoup moins chargés en émotions, surtout ils sont contrôlables et modulables, la jeune femme n’est pas envahie par des flash-backs et des réminiscences émotionnelles ingérables, elle peut situer ces souvenirs dans le passé, se rassurer sur sa sécurité actuelle et contrôler les émotions qui s’y rapportent. Le circuit émotionnel fonctionne normalement, les évènements traumatiques ne sont pas oubliés, ils restent des évènements très graves qui ont fait basculer la vie de l’enfant qu’elle était mais ils ne sont plus envahissants et incontrôlables, la jeune femme ne risque plus de revivre les pires moments comme si ils se reproduisaient à l’identique, comme une torture sans fin.









Dre Muriel SALMONA, 

psychiatre, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, auteure de Le livre noir des violences sexuelles (Dunod 3ème éd. 2022) de Violences sexuelles. Les 40 questions-réponses incontournables (Dunod, 2ème éd. 2021) et de Harcèlement sexuel  dans la collection Que sais-je ? (PUF, 2ème éd 2023) ; membre du comité scientifique de la chaire internationale sur La violence faite aux femmes et aux filles dans les conflits dite Chaire Mukwege, membre associé de l’équipe de recherche du projet validé par l’anr VSEG Violences et enfance en guerre, et ex-membre de la CIIVISE  Commission indépendante inceste et violences sexuelles faites aux enfants, jusqu’en décembre 2023. 


drmsalmona@gmail.com 

Site : https://www.memoiretraumatique.org

 





Pour en savoir plus :


le site de l’association Mémoire traumatique et Victimologie avec de nombreux articles référencés, documents, ressources, enquêtes et rapport (IVSEA) plaquettes et brochures d’information, fiches pratiques, vidéos et modules de formation à consulter et télécharger : http://www.memoiretraumatique.org 



L’article de Salmona Muriel 2024 : La sidération traumatique lors de viols Mécanismes et conséquences à télécharger sur le site memoiretraumatique.org : https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Articles-Dr-MSalmona/2024-sideration-traumatique-lors-du-viol-et-consequences.pdf


Salmona M. La mémoire traumatique. In Kédia M, Sabouraud-Seguin A (eds.). L’aide-mémoire en psychotraumatologie. Paris : Dunod, 2020. https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Articles-Dr-MSalmona/2020-article-Dunod-Memoire-Traumatique.pdf


Salmona M. Mémoire traumatique et conduites dissociantes. In Coutanceau R, Smith J (eds.). Traumas et résilience. Paris : Dunod, 2012, téléchargeable sur le site memoiretraumatique.org Salmona M. Dissociation traumatique et troubles de la personnalité post-traumatiques. In Coutanceau R, Smith J (eds.). Les troubles de la personnalité en criminologie et en victimologie. Paris : Dunod, 2013, téléchargeable sur le site memoiretraumatique.org


La dissociation traumatique et les troubles de la personnalité, paru dans Les troubles de la personnalité en criminologie et en victimologie édité chez Dunod en juin 2013 sous la direction de R. Coutanceau et J. Smith. téléchargeable sur le site : https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Documents-pdf/La-dissociation-traumatique-et-les-troubles-de-la-personnalit-Dunod-2013.pdf


Impact des violences sexuelles - la mémoire traumatique à l’œuvre in Pratique de la psychothérapie EMDR, sous la direction de Cyril Tarquinio et Al., Dunod, 2017, & 19, pp 207-218. https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Articles-Dr-MSalmona/2017-Aide-memoire-Dunod-Impact-des-violences-sexuelles-la-memoire-traumatique-a-l-œuvre.pdf


L’article de la Dre Muriel Salmona de 2021 : Les violences sexuelles : psychotraumatisme majeur qu’il est essentiel de prendre en compte pour rendre justice aux victimes, les secourir, les protéger et les soigner, article publié dans Violences sexuelles : en finir avec l'impunité E. Ronai et E. Durand, Dunod, mars 2021 https:// www.memoiretraumatique.org/assets/ files/v1/Articles-Dr-MSalmona/ 2021_violences_sexuelles_un_psychotraumatisme_majeur.pdf 



Nécessité de connaître l'impact psychotraumatique chez les victimes de viol https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/2016-Necessaire-connaissance-de-limpact-psychotraumatique-chez-les-victimes-de-viols.pdf


le site de l’association Mémoire traumatique et Victimologie avec de nombreux articles référencés, documents, ressources, enquêtes et rapport (IVSEA) plaquettes et brochures d’information, fiches pratiques, vidéos et modules de formation à consulter et télécharger : http://www.memoiretraumatique.org 



Des vidéos explicatives sur les mécanismes pxychotraumatiques  :


La vidéo de la MIPROF clip de 14mn Paroles d'expertes expliquant : Les conséquences psycho-traumatiques des violences : sidération, dissociation, mémoire traumatique Postée sur le site gouvernemental Arrêtons les violences : : https://www.youtube.com/watch?v=v-sdhm_dM7Q





La vidéo du Monde sur la sidération Viol accompagnée de témoignages : pourquoi le cerveau empêche certaines victimes de réagir 2022 : 







La vidéo du Magazine de la santé sur le psychotraumatismes du viol 2010




Et les 2 vidéos de Marinette Violences sexuelles 2016 : sidération psychique  et pour aller plus loin














dimanche 25 février 2024

Nouvel article de la Dre Muriel SALMONA : La sidération traumatique lors de viols Mécanismes et conséquences

 La sidération traumatique lors de viols 

Mécanismes et conséquences  



Dre Muriel SALMONA, psychiatre et présidente de l’association Mémoire traumatique et victimologie, le 30 janvier 2024 


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Lors de viols, la sidération traumatique est une réaction neuro-psychique très fréquente qui paralyse les fonctions motrices et mentales d’une victime l’empêchant de réagir.


La victime sidérée est alors comme tétanisée, pétrifiée, elle ne peut pas crier, ni parler et dire non, ni bouger, ni organiser de façon rationnelle sa protection, sa défense ou sa fuite. Ce qui lui sera ensuite fréquemment reproché, voire interprété à tort comme un consentement.

 

Or, il s’agit d’une réaction physiologique involontaire qui est subie par la victime. Ce n’est pas elle qui choisit de s’immobiliser, c’est l’impact des violences sur son cerveau qui provoque cette paralysie. La soudaineté, le caractère menaçant, imprévisible et inattendu, l’intensité et la gravité des violences commises par l’agresseur créent chez la victime un état de choc émotionnel et une effraction psychique provoquant un blocage soudain des fonctions du cortex cérébral (visible sur les IRM, Bremner, 2003).  


Le caractère horrible, inhumain et impensable de ces crimes font brutalement basculer la victime dans un état d’incompréhension, de détresse, d’horreur, de stupeur et de choc émotionnel. Face à cela le cortex se retrouve en panne, les fonctions supérieures ne peuvent plus, par l’intermédiaire de représentations mentales concernant l’événement (analyse, compréhension, et prise de décisions), jouer un rôle de défense et de modulation du stress intense déclenché par les violences. La victime est alors sidérée, dans l'incapacité de penser et d'analyser la situation, et d'y réagir de façon adaptée. 


Cet état de sidération traumatique qui a été décrit au départ dans le cadre de situations de guerre chez des soldats, se retrouve très fréquemment chez les victimes d’actes violents cruels, dégradants et inhumains ou d’événements traumatiques terrorisants qui menacent leur vie et leur intégrité physique et psychique, ou menacent la vie et l’intégrité d’autrui (comme lors de violences sexuelles, violences conjugales et intra-familiales, meurtres, tentatives de meurtres, tortures, attentats, massacres, bombardements ou catastrophes). On retrouve également cette sidération traumatique dans le monde animal lors de la confrontation à un danger de mort imminente. Une sidération de moindre intensité peut survenir dans des situations plus quotidiennes : lorsqu’on discute en groupe et que quelqu’un commence à tenir des propos dégradants, sexistes ou racistes, la plupart des gens vont rester bouche bée, seront dans l’incapacité de réagir et se diront plus tard « j’aurais dû réagir et lui dire ceci ou cela ! ». 


La sidération est particulièrement fréquente lors de viols et prédictive de graves conséquences psychotraumatiques


Les études internationales montrent que les viols et les autres violences sexuelles font partie avec les tortures, des violences les plus traumatisantes. 


Lors de viols, la plupart des victimes vont être sidérées : au moins 70 % des femmes adultes violées décrivent un état de sidération (Möller, 2017), et près de 100% des enfants violés. Si la sidération est moins étudiée chez les hommes victimes de viols, dans notre pratique clinique ils nous la décrivent tout autant.


Cette sidération est fortement prédictive de la survenue de lourdes conséquences psychotraumatiques et d’un risque important de présenter troubles dépressifs (cf étude suédoise de Möller en 2017). Le blocage des fonctions supérieures va entraîner un état de stress extrême et le déclenchement de mécanismes neurologiques de sauvegarde qui seront presque toujours à l’origine d’un psychotraumatisme.


Ce qui est particulièrement sidérant pour les victimes de viols c’est la confrontation soudaine à l’intentionnalité implacable d’un ou de plusieurs agresseurs de les détruire, de les faire souffrir, de porter atteinte à leur intégrité et à leur dignité en les chosifiant et en les dégradant, et d’en jouir. Cette intentionnalité et le non-sens de violences inexplicables et inconcevables font basculer les victimes dans un monde cruel et inhumain, ce qui leur fait perdre tout repère et les met en état de choc. 


La survenue d’un état de sidération traumatique n’est pas liée à la personnalité de la victime ni à son sexe, c’est la gravité et l’intensité de la menace d’atteintes graves à l’intégrité physique et psychique et à la dignité qui la génère. Mais elle est d’autant plus importante et sévère que la victime est vulnérable. Les enfants, les personnes âgées, les personnes en situation de handicap particulièrement mental, cognitif et neuro-développemental, les personnes ayant déjà été victimes de violences sont encore bien plus à risque d’être sidérées, leur cerveau étant bien plus vulnérable à la violence.


Lors d’un viol, c'est donc avant tout l'attitude de l’agresseur, sa volonté de détruire et l’incohérence de la situation qui sont à l'origine de l'état de sidération. Les agresseurs provoquent cette sidération pour paralyser leurs victimes. La sidération profite à l’agresseur, ce processus lui permet d’agir comme il l’entend puisqu’il sait que la victime ne pourra pas se défendre. Il va donc travailler cette stratégie. Les victimes, sidérées ne sont pas en capacité de se défendre. Tout comme un état totalitaire utilise des stratégies sidérantes pour arrêter des opposants ou des personnes ciblées pour être persécutées, en entrant dans les appartements en milieu de nuit  en défonçant les portes, en hurlant, pour terroriser et sidérer les personnes afin qu’elles ne puissent pas fuir. Et les agresseurs vont adapter leur stratégie en fonction de la victime, de son état, de ses réactions et du contexte. 


Pour citer un exemple de stratégies sidérantes : une patiente, violée par un inconnu entré par effraction avec une hache dans sa chambre d’hôtel, me rapportait qu’au bout de quelques minutes, alors qu’elle commençait à sortir de son état de sidération et cherchait autour d’elle un objet pour tenter d’assommer l’agresseur, celui-ci s’en était rendu compte, et il lui avait suffi de lui murmurer « je t’aime » et « tu aimes ça, hein ? » pour qu’elle retombe dans son état de sidération.


C’est pour cela aussi que les victimes vulnérables sont beaucoup plus à risque de subir des violences, les agresseurs les choisissent entre autres parce qu’elles vont être plus facilement sidérables sans avoir besoin d’avoir recours à des violences qui pourraient laisser des traces. 


Mais pour une victime l’absence de vulnérabilité et le fait d’être rompue aux sports de combats ou à des techniques d’auto-défense n’est pas une garantie de ne pas être sidérée, l’agresseur pourra suivant son expérience adapter sa stratégie, comme on l’a vu, pour obtenir cette sidération. Ce qui peut être protecteur pour les victimes c’est de connaître ce phénomène pour ne pas être totalement déstabilisées et pour arriver à penser et anticiper les stratégies sidérantes de l’agresseur.


Pour sidérer une victime il faut : 


  • soit la terroriser par la soudaineté et la brutalité de l’agression, la réduire à l’impuissance par des menaces de mort, par des violences physiques et par une volonté de destruction inexorable ;
  • soit la paralyser par le non-sens, le caractère incongru, incompréhensible, impensable de l’agression et de sa mise en scène, qui est alors impossible à intégrer, comme par exemple dans les situations de viols incestueux, et de viols commis sur des personnes vulnérables (enfants ,personnes en situation de handicap, personnes âgées), lors de viols commis dans un cadre professionnel par des personnes ayant autorité et censées avoir une fonction de protection, ou lors de soins… 


Les violences les plus sidérantes sont celles qui sont les plus insensées, les plus cruelles, injustes et inhumaines, celles qui n'ont aucun sens par rapport au contexte, aucun sens par rapport à la victime, par rapport à son histoire, à ce qu'elle a fait ou pas, à ce qu'elle a dit ou pas, le viol en fait partie. Cette violence impensable ne concerne pas la victime, c'est une violence qui vient d'une autre scène, celle de l'agresseur ! Ce dernier impose à la victime de jouer de force un rôle qui n'est pas le sien, dans un scénario inconnu d'elle, imprévisible, qui n'appartient qu'à l'agresseur et qu'il met en scène pour son propre compte pour détruire, soumettre, instrumentaliser et exploiter une personne. 


La sidération traumatique et ses conséquences psychotraumatiques ne sont pas encore suffisamment connues et prises en compte, et sont souvent cruellement reprochée aux victimes de violences sexuelles (pourquoi ne pas avoir réagi, ne pas s’être défendue, ne pas avoir crié, fui, demandé de l’aide ?…). Alors qu’il s’agit de mécanismes neuro-psychiques involontaires et universels face à une situation traumatique entraînant des réactions normales chez les victimes, la sidération et ses conséquences psychotraumatiques (dissociation, mémoire traumatique, conduites d'évitement et conduites dissociantes)  peuvent être utilisée pour mettre en cause leur témoignage. Voire même, elles peuvent être considérée comme la preuve d’un consentement et de l’absence de violence, contrainte, menace ou surpris permettant de qualifier un viol dans des procédures judiciaires, alors que ce sont des preuves médico-légales d’un choc traumatique face à aux lourdes conséquences psychotraumatiques. Les victimes elles-même ne comprenant pas cette réaction vont souvent se culpabiliser et avoir honte. Elles risquent de considérer - puisqu’elles n’ont pas dit non, ne se sont pas défendues, n’ont pas fui - qu’elles sont responsables de ce qu’il leur est arrivé et ne vont pas se sentir légitimes pour le qualifier de viol et le dénoncer. D’où l’importance que ce mécanisme neuro-psychique traumatique soit mieux connu et reconnu.


La sidération initiale qui va entraîner une cascade de conséquences psychotraumatiques. Quels en sont les mécanismes ?


Lors d’une situation de danger, une structure sous corticale et donc non consciente du cerveau - l’amygdale cérébrale - se déclenche immédiatement, avant même que nous percevions et identifions consciemment  le danger. 


L’amygdale cérébrale filtre toutes les informations sensorielles qui arrive au cerveau avant qu’elles ne parviennent aux fonctions supérieures corticales, elle a un rôle d’alarme en déclenchant une réponse émotionnelle avec une hypervigilance et la production d'hormones de stress : adrénaline et cortisol. Ces hormones de stress fournissent notre organisme en « carburant » (oxygène et glucose) nous permettant d’augmenter nos capacités physique. 


L’amygdale cérébrale est active chez le foetus dès le troisième trimestre de la grossesse, et chez le nouveau-né dès la naissance ; elle s'active même si la victime n'a pas les capacités de comprendre intellectuellement ce qui lui arrive (enfants très jeunes, personnes avec de lourds handicaps mentaux et cognitifs, personnes n'étant pas conscientes : endormies, droguées). L’amygdale cérébrale est une structure archaïque de survie. Cela signifie que le danger d'une situation, l'intentionnalité de nuire d'un agresseur vont être perçues par l'amygdale cérébrale indépendamment d’une mise en scène qui, elle, pourrait tromper les fonctions supérieures de la victime (ses capacités d'analyse, de compréhension et de mémorisation). 


Comme toute alarme, par sécurité, elle ne s'éteint pas spontanément tant que le danger est présent, seul le cortex cérébral et l'hippocampe (le système d'exploitation de la mémoire, des apprentissage et du repérage temporo-spatial) c’est à dire les fonctions cognitives supérieures peuvent la moduler ou l'éteindre grâce à des représentations mentales et l'expérience de situations analogues (intégration, analyse et compréhension de la situation) ou des prises de décisions pour échapper au danger.


Lors d’une situation traumatique sidérante, l’amygdale cérébrale de la victime déclenche immédiatement une alarme avec une sécrétion d’hormone de stress, mais en raison de l’effet de sidération, le cortex en panne ne peut pas réagir ni moduler la réponse émotionnelle déclenchée par l’amygdale cérébrale. Sans réponse des fonctions supérieures les hormones de stress continuent d’être sécrétées jusqu’à atteindre des taux très élevés. Il s’ensuit pour la victime sidérée un état de stress si extrême, qu’elle pense qu’elle va en mourir. Et c’est effectivement un risque réel car des taux très élevés d’hormones de stress sont toxiques pour le cœur (adrénaline ) et pour le cerveau (cortisol) et représentent un risque vital cardio-vasculaire (risque d’ infarctus du myocarde, d’hypertension artérielle maligne, de mort subite) et neurologique (risque d’état de mal épileptique, de pertes de connaissance, d’ictus amnésiques et de coma, avec des atteintes dendritiques et de certaines structures du cerveau telles que l’hippocampe qui peuvent perdre jus’à 30% de leur volume). Face à cet état de stress dépassé, comme dans un circuit électrique en survoltage qui disjoncte pour protéger les appareils électriques, le cerveau fait, grâce à des mécanismes neurologiques exceptionnels de sauvegarde, « disjoncter" le circuit émotionnel à l'aide de neurotransmetteurs qui sont des « drogues dures » anesthésiantes et dissociantes (morphinelike et kétamine-like, des endorphines et des antagonistes des récepteurs de la NDMA), ce qui a pour effet d’interrompre le circuit émotionnel et la sécrétion d’hormones de stress et d’échapper ainsi au risque vital. Cette disjonction coupe non seulement le circuit émotionnel mais également le circuit d’intégration hippocampique de la mémoire, si elle protège le cœur et le cerveau des victimes elle va les anesthésier émotionnellement et physiquement (ce qu’on appelle la dissociation traumatique) et créer une mémoire non intégrée du viol (la mémoire traumatique) et des troubles importants du repérage temporo-spatial (distorsions et de pertes de repères). C’est ainsi que des troubles psychotraumatiques s’installent. Dissociation traumatique et mémoire traumatique sont les symptômes centraux des psychotraumatismes qui auront de graves conséquences à long terme sur la vie des victimes et sur leur santé mentale et physique ainsi que sur leur vie.


La victime sidérée se retrouve en état de dissociation traumatique, anesthésiée émotionnellement et physiquement, ce qui entraîne un sentiment d’irréalité, d’étrangeté, de dépersonnalisation et de décorporalisation, et d’être spectatrice de l’évènement. Le circuit de la mémoire est lui aussi interrompu lors de la disjonction, l’hippocampe qui est le système d’exploitation de la mémoire, des apprentissages et du repérage temporo-spatial est déconnecté, et la mémoire des événements traumatiques ne peut pas être intégrée, ni contextualisée, ce qui produit une mémoire traumatique. Cette mémoire traumatique, symptôme central du psychotraumatisme, est une véritable machine à remonter le temps infernale, qui dès qu’un lien rappelle le viol et son contexte, le fait revivre à l’identique à la victime, avec la même sidération, la même terreur, les mêmes douleurs, sensations, émotions comme si l’agresseur était à nouveau là avec sa haine, son excitation, ses paroles assassines et que le viol se reproduisait. C’est une torture, obligeant la victime à mettre en place de coûteuses stratégies de survie : hypervigilance et conduites d’évitement et de contrôles pour éviter toute réactivation de la mémoire traumatique, et conduites dissociantes pour l’anesthésier et ne plus la ressentir telles que des prises d’alcool, de drogues et des conduites à risque et des mises en danger (qui font à nouveau disjoncter le circuit émotionnel pour créer un état dissociatif). 


Lors de la disjonction l’amygdale ne s’éteint pas, elle est isolée mais elle va rester active tant que la victime continuera d’être exposée à des violences, à la présence de l’agresseur ou de ses complices ainsi qu'au contexte des violences. Face à cet  allumage de l’amygdale cérébrale, les mécanismes neurologiques de sauvegarde resteront enclenchés pour éviter le risque vital, et la victime restera dissociée, déconnectée de ses émotions. La dissociation traumatique, système de survie mis en place par le cerveau en milieu très hostile, peut alors s’installer de manière permanente, donnant l'impression à la victime de devenir un automate, d'être dévitalisée, confuse, comme un « mort-vivant ». L’anesthésie émotionnelle et physique que produit la dissociation empêche la victime d’organiser sa défense et de prendre la mesure de ce qu’elle subit puisqu’elle paraît tout supporter. 


Cette dissociation, tout comme la sidération qui la précède et dont elle est issue est recherchée par les agresseurs qui en bénéficient grandement, à la fois au moment des violences puisque leurs victimes ne sont pas en capacité de se défendre et peuvent être facilement soumises et contrôlées, et après les violences puisque les victimes ne vont pas être en mesure d’identifier ce qu’elles ont subi, les faits les plus graves étant vécus sans affect ni douleur exprimée, semblant si irréels qu’ils en perdent toute consistance et paraissent n’avoir jamais existé


Cela explique les phénomènes d’emprise et entraîne un risque important de subir de nouvelles violences, et cela entraine de fréquentes amnésies dissociatives post-traumatiques chez les victimes, qui peuvent durer des années, voire des dizaines d’année tant que la victime reste dissociée. 


La sidération et la dissociation qui s’en suit, suscitent souvent l’incompréhension et le jugement négatif de l’entourage des victimes et des professionnel.e.s qui ne sont pas formé.e.s aux psychotraumatismes. Et chez les victimes qui ne sont pas informées de ces mécanismes, elles génèrent des sentiments d’incompréhension, de culpabilité et de honte, et un surcroît de souffances. 


L’état de sidération et de dissociation péri-traumatique sont des urgences médico-psychologiques, il s’agit d’un état de choc lié à un état de stress extrême. Il est primordial après avoir secouru, protégé et réconforté la victime de la déchoquer avec des soins d’urgences spécifiques en traitant son état de stress aigu, en la sortant de son état de sidération et de dissociation pour qu’elle puisse récupérer ses capacités fonctionnelles et cognitives et en l’informant sur les mécanismes pschotraumatiques et sur la prise en charge. 


Ces premiers soins pratiqués en urgences (dans les 6h) sont efficaces pour éviter ou tout au moins réduire les conséquences psychotraumatiques. Il est essentiel de ne pas exposer une victime traumatisée à l’agresseur et au contexte de l’agression ce qui réactive le processus psychotraumatique et la replonge dans un état de sidération puis de dissociation, avec un risque très important d’aggraver son psychotraumatisme et les conséquences sur sa santé mentale et physique. Les soins spécialisés des psychotraumatismes (psychothérapies spécifiques et traitement du stress) associés à une protection et une psycho-éducation (information sur les psychotraumas et leurs mécanismes et sur les stratégies des agresseurs) sont très efficaces tout au long du parcours de la victime et permettent de la sortir de son état de dissociation et d’amnésie traumatique quand il y en a une, d’intégrer la mémoire traumatique en mémoire autobiographique (la victime ne revit plus à l’identique les évènements traumatisants), les stratégies de survies disparaissent, la majeure partie des conséquences sur la santé sont évitées, des récupérations neurologiques se mettent en place (neurogénèse et neuroplasticité) avec une grande amélioration des fonctions cognitives.


Reconnaître les psychotraumatismes comme des conséquences normales et universelles des violences, informer les victimes, leurs proches, le grand public et former tous les professionnels sur leurs mécanismes (la sidération, la dissociation et la mémoire traumatique), sur leurs lourdes conséquences sur la santé et la vie des victimes, ainsi que sur les soins efficaces à leur donner, permettront aux victimes d'être mieux comprises, mieux accompagnées et de leur éviter des pertes de chance considérables, des injustices en cascade et de subir de nouvelles violences : que ce soit au niveau de leur reconnaissance, du dépistage, de leur protection, de leur santé physique et mentale et de leur prise en charge qu’elle soit médicale, psychologique, judiciaire et sociale


Cela permet également de démonter les mythes et les stéréotypes sexistes construits sur des symptômes psychotraumatiques détournés de leur cause, les violences subies, et utilisés pour culpabiliser les victimes et décrédibiliser leur parole, leurs témoignages, leurs souffrances et ainsi de restaurer leurs droits, leur dignité, et de leur rendre justice. 


En effet, dans nos sociétés patriarcales et inégalitaires, avec une incroyable cruauté, les rares femmes et filles qui dénoncent les viols qu’elles ont subis, en sont le plus souvent tenues pour responsables, voir même coupables. Leurs traumas leurs sont reprochés, au lieu d’être reconnus comme des conséquences normales et universelles des viols et comme des preuves de ce qu’elles ont vécu. 


Dans un retournement particulièrement injuste, leurs symptômes psychotraumatiques (sidération, dissociation et mémoire traumatique) et leurs conduites de survie (conduites de contrôle et d’évitement, et conduites dissociantes à risque telles que des addictions, des auto-mutilations des mises en danger) sont utilisés pour les discréditer, disqualifier leur témoignage, les psychiatriser, et pour les accuser d’être à l’origine de leur propre malheur. Et ce d’autant plus, que les stéréotypes sexistes les plus répandus intègrent ces mêmes symptômes psychotraumatiques et leurs conséquences sur la santé et la vie des femmes pour essentialiser ce qu’est une femme, sa personnalité, ses capacités et sa sexualité, dans un processus mystificateur haineux qui alimente sans fin les stéréotypes sexistes, les fausses représentations et la culture du viol qui les rendent coupables des violences qu’elles subissent, voire pire les considèrent comme sans dignité, aimant être violentée et dégradée. À l’inverse, les hommes qui les ont agressées sont dans leur très grande majorité protégés, disculpés, innocentés, leur sexualité violente normalisée et tolérée comme un besoin, ils peuvent même être considérés comme les « vraies victimes » de ces filles et de ces femmes qui les auraient provoqués, manipulés ou accusés à tort. 


Lors de viol, la présence d’une sidération traumatique fait partie des preuves médico-légales que l’on peut recueillir, elle est pathognomonique d’une situation traumatique et c’est un facteur prédictif de troubles psychotraumatiques sévères, en aucun cas elle doit être interprétée comme une preuve de consentement. Il est important de rechercher et d’analyser les actes, les comportements et les paroles du mis en cause qui ont pu être à l’origine de cette sidération.



Dre Muriel SALMONA, 

psychiatre, présidente de l’association Mémoire Traumatique et Victimologie, auteure de Le livre noir des violences sexuelles (Dunod 3ème éd. 2022) de Violences sexuelles. Les 40 questions-réponses incontournables (Dunod, 2ème éd. 2021) et de Harcèlement sexuel  dans la collection Que sais-je ? (PUF, 2ème éd 2023) ; membre du comité scientifique de la chaire internationale sur La violence faite aux femmes et aux filles dans les conflits dite Chaire Mukwege, membre associé de l’équipe de recherche du projet validé par l’anr VSEG Violences et enfance en guerre, et ex-membre de la CIIVISE  Commission indépendante inceste et violences sexuelles faites aux enfants, jusqu’en décembre 2023. 


drmsalmona@gmail.com 

Site : https://www.memoiretraumatique.org

 





Pour en savoir plus :


L’article d’Anna MÖLLER et co de 2017 : Tonic immobility during sexual assault – a common reaction predicting post-traumatic stress disorder and severe depression Nordic Federation of Societies of Obstetrics and Gynecology, Acta Obstetricia et Gynecologica Scandinavica 96 (2017) 932–938

https://obgyn.onlinelibrary.wiley.com/doi/pdf/10.1111/aogs.13174


le site de l’association Mémoire traumatique et Victimologie avec de nombreux articles référencés, documents, ressources, enquêtes et rapport (IVSEA) plaquettes et brochures d’information, fiches pratiques, vidéos et modules de formation à consulter  et télécharger : http://www.memoiretraumatique.org 


Des vidéos explicatives :


La vidéo de la MIPROF clip de 14mn Paroles d'expertes expliquant : Les conséquences psycho-traumatiques des violences : sidération, dissociation, mémoire traumatique Postée sur le site gouvernemental Arrêtons les violences :

: https://www.youtube.com/watch?v=v-sdhm_dM7Q






La vidéo du Monde sur la sidération Viol accompagnée de témoignages : pourquoi le cerveau empêche certaines victimes de réagir 2022 :  


https://youtu.be/sxS4p_PnM_A?si=rvXuMHEft3XvrkjR







La vidéo du Magazine de la santé sur le psychotraumatismes du viol 2011


https://youtu.be/U4wJnrgB2lM?si=uaKzkxxrQhBACUbt





Et les 2 vidéos de Marinette Violences sexuelles 2016 : sidération psychique et la sidération pour aller plus loin


https://youtu.be/gQc5tmSP_rg?si=i3Y0_kUmK1QyaZZ8







 

 

Des articles et dossier 


L’article de la Dre Muriel Salmona de 2021 : Les violences sexuelles : psychotraumatisme majeur qu’il est essentiel de prendre en compte pour rendre justice aux victimes, les secourir, les protéger et les soigner, article publié dans Violences sexuelles : en finir avec l'impunité E. Ronai et E. Durand, Dunod, mars 2021 https:// www.memoiretraumatique.org/assets/ files/v1/Articles-Dr-MSalmona/ 2021_violences_sexuelles_un_psychotraumatisme_majeur.pdf 


Le dossier de 2020 sur : L’analyse de la mémoire traumatique et des autres symptômes psychotraumatiques : une technique thérapeutique et médico-légale au secours des droits des victimes de viol pour obtenir soins, justice et réparations, téléchargeable sur le site : https:// www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/ A r t i c l e s - D r - M S a l m o n a / 2020_analyse_memoire_traumatique_au_secours_des_droits_viol_soins_justi ce_reparations.pdf 


Article sur la mémoire traumatique réactualisé - janvier 2020 https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Articles-Dr-MSalmona/2020-article-Dunod-Memoire-Traumatique.pdf


La dissociation traumatique et les troubles de la personnalité, paru dans Les troubles de la personnalité en criminologie et en victimologie édité chez Dunod en juin 2013 sous la direction de R. Coutanceau et J. Smith. téléchargeable sur le site : https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/Documents-pdf/La-dissociation-traumatique-et-les-troubles-de-la-personnalit-Dunod-2013.pdf


Nécessité de connaître l'impact psychotraumatique chez les victimes de viol https://www.memoiretraumatique.org/assets/files/v1/2016-Necessaire-connaissance-de-limpact-psychotraumatique-chez-les-victimes-de-viols.pdf